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"Terroriste" hier, héros aujourd’hui
Publie le mercredi 21 avril 2010 par Open-Publishing1 commentaire

Rennes honore Louis Coquillet, fusillé en 1942 au Mont Valérien
Une plaque a été dévoilée ce samedi 17 avril 2010 à la caserne des pompiers de Rennes, à la mémoire du sapeur-pompier volontaire Louis Coquillet, né d’une famille de cheminots, secrétaire régional des Jeunesses Communistes, et fusillé au Mont Valérien le 17 Avril 1942 ; une rue de Rennes porte son nom depuis 1949.
Résistant dès la première heure, Louis Coquillet participe avec les FTP (Francs Tireurs et Partisans) à de nombreux coups de main sous les ordres du Colonel Fabien (attaque d’une centrale électrique, attaque d’une "Feldgendarmerie", attaque de convois militaires de la Wehrmacht, attentats à la bombe contre un local d’un parti collaborationniste, contre des librairies "collabos", exécution d’un officier ennemi...).
Arrêté par la police française de Vichy, livré à l’ennemi, torturé, Louis est incarcéré à la prison de la Santé et condamné à mort par un tribunal militaire nazi siégeant à la Maison de la Chimie de Paris : il avait 21 ans.
Et quelle était la position de la presse de cette époque ? Elle "informait" : "Grenoble angoissé par les crimes terroristes" (Le Petit Parisien), "Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentas et 14 déraillements (de train) – un arménien, Missak Manouchian, dirigeait cette tourbe internationale qui assassinait..." (Le Matin). L’Œuvre décrivait les résistants comme une "horrible galerie de terroristes aux visages visqueux et aux regards fuyants" et publiait les "Avis à la Population", comme autant de mises en garde : "tous les Français en état d’arrestation sont considérés comme otages et le nombre d’otages fusillés sera proportionnel à la gravité de l’acte commis". La délation était encouragée : "20 000 francs pour tous renseignements permettant l’arrestation de terroristes". Le professeur Robert Brasillach, cet intellectuel raffiné, écrivain prolixe et critique de cinéma, poète et romancier "subtil et délicat," directeur du journal Je suis Partout voulait qu’on pende Georges Mandel et tous les terroristes : "la mort des hommes à qui nous devons tant de deuils […] tous les Français la demandent."
La Victoire a balayé tous ces propos indignes, Brasillach fut passé par les armes et l’Histoire a réhabilité tous les héros de la Résistance ; Rennes rend hommage à Louis Coquillet et l’amitié franco-allemande est devenue le gage d’une paix durable en Europe.
Quel retournement de l’Histoire ! Quel regard portera-t-elle, dans 60 ans, sur l’attitude de l’Europe – et de la France complice - qui, en inscrivant en dehors de toutes bases légales une organisation de résistance kurde, le PKK, sur une liste d’organisations prétendues "terroristes", encourage la Turquie dans sa politique répressive et négationniste qui fait obstacle à un règlement politique de la question kurde ?
Le jugement risque d’être sévère.
André Métayer
Messages
1. "Terroriste" hier, héros aujourd’hui, 28 avril 2010, 17:57, par El Gringo
Sans aucune intention de salir la mémoire de cet authentique patriote, il est bon de rappeler une certaine page de l’histoire du PC :
En septembre 1939, le Parti communiste français approuve la signature du pacte germano-soviétique : l’alliance entre l’Allemagne nazie et l’URSS.
....
Bien préparé à la résistance par la pratique de la clandestinité, le PC français n’engagera la lutte contre l’occupant qu’à partir de juin 1941 lorsque les troupes d’Hitler envahissent l’URSS. Cependant, bien des militants ou des groupes locaux communistes, qui n’avaient pas tous cessé subitement en 1939 ou 1940 d’être antifascistes, s’étaient spontanément engagés dans la résistance, sans demander la permission du parti. On citera par exemple Auguste Havez et Marcel Paul dans l’ouest de la France, la grève des mines du Nord, en mai 1941, cf. Auguste Lecœur), et plusieurs exemples locaux.
À partir de juin 1941, les différentes organisations rattachées de près ou de loin au PC sont alors à même d’attirer un nombre important d’hommes et de femmes désireux de participer à la lutte contre l’occupant (en particulier le Front national et sa branche armée des Francs-tireurs et partisans (FTP)). La mouvance du PC devient importante au sein du Conseil national de la Résistance (CNR).
À noter qu’en 1943, Staline dissout le Komintern, et le parti français est désormais appelé PCF.