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Tollé contre la méthode de régularisations de Nicolas Sarkozy
Publie le mercredi 20 septembre 2006 par Open-PublishingPartis de gauche, UDF et associations de défense des étrangers dénoncent les "méthodes arbitraires" de Nicolas Sarkozy après sa décision de régulariser 6.924 parents sans papiers d’enfants scolarisés.
Le ministre de l’Intérieur, qui avait dit le mois dernier son intention de régulariser environ 6.000 parents et élèves sur les 30.000 ayant demandé à pouvoir rester en France, a affirmé que le chiffre de 6.924 ne bougerait plus.
"C’est le chiffre final puisque, maintenant, la circulaire est terminée", a-t-il dit dans une émission d’enquête diffusée lundi soir sur France 2.
"En France, il n’y a pas d’arbitraire : le seul critère d’appréciation, d’interprétation, c’est celui de la volonté de devenir français", a-t-il ajouté.
Les associations de soutien aux sans-papiers voient dans la similitude entre les objectifs du ministre et le chiffre final la preuve d’une "tromperie" et son désir de "jouer la carte de la radicalité" en vue de la présidentielle de 2007.
"A la loterie de monsieur Sarkozy, il y a beaucoup de perdants. Le ministre de l’Intérieur avait annoncé, avant même la fin de la période de régularisation, le quota de réponses positives qu’il entendait accorder aux demandes de régularisation", s’indigne France Terre d’Asile.
"C’est le grand bluff de l’été. Sarkozy voulait 6.000 régularisations, il a pris 6.000 familles, les premières qui se sont présentées", estime Brigitte Wieser, du Réseau éducations sans frontière (RESF).
"SITUATION TROUBLANTE ET PROBLEMATIQUE"
La Cimade a également fustigé une "tromperie" et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a demandé une commission parlementaire pour connaître les critères de choix.
Dans Le Monde, daté du 20 septembre, le président de l’UDF, François Bayrou, s’interroge sur cet examen "prétendument au cas par cas" et sur le sort des 23.000 personnes déboutées.
"Puisqu’on annonce déjà qu’elles ne seront pas expulsées, on crée une situation de sans-papiers durable, troublante et problématique", s’alarme-t-il.
Au sein du Parti socialiste, le Premier secrétaire, François Hollande, a dénoncé "une méthode détestable".
"On a eu, non pas des régularisations fondées sur des critères personnels, familiaux, professionnels mais sur un quota, un contingent", a-t-il déploré sur France Info.
"La méthode que nous aurions fait prévaloir, ça aurait été de dire ’nous regardons au cas par cas’. Nous n’aurions pas fixé de chiffre de régularisés avant de connaître le nombre de demandes, c’est invraisemblable".
Même indignation de la part de Ségolène Royal, qui s’est élevée contre la "mauvaise action" du ministre de l’Intérieur et candidat implicite à l’élection présidentielle.
"Ca pose surtout un problème de crédibilité de la parole de l’Etat puisque, bizarrement, le chiffre de régularisés correspond au chiffre annoncé à l’avance par le ministère de l’Intérieur", a déclaré la présidentiable PS en tête des sondages sur l’antenne de LCI.
A l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen a accusé, au contraire, Nicolas Sarkozy d’avoir fait lentement monter la barre des personnes régularisées et "feint d’imiter le programme" contre l’immigration clandestine que lui-même défend.
Les personnes dont les dossiers ont été refusés seront expulsées, a dit le ministre de l’Intérieur, qui a refusé toute transaction sur les étrangers qui campent dans un gymnase de Cachan, en banlieue parisienne, depuis l’évacuation d’un squat géant à la mi-août. Ils sont, selon lui, victime d’une "manipulation de gens qui exploitent la misère du monde".
Dans un communiqué, les "1.000 de Cachan" se sont élevés contre la "peu glorieuse gibecière de Sarkozy" qui poursuit, disent-ils, l’expulsion de certains des réfugiés du gymnase. Lundi, l’un d’eux aurait été "capturé à côté de l’école où il attendait son enfant". (Reuters)