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Tollé contre le piège électoral de Berlusconi

Publie le samedi 17 septembre 2005 par Open-Publishing
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A quelques mois des législatives, le Cavaliere veut instaurer une loi favorable à une coalition stable.

de Eric JOZSEF Rome

"Un vol", "une escroquerie", "un coup d’Etat institutionnel" : la gauche italienne ne décolère pas et menace de bloquer les travaux parlementaires après la décision de Silvio Berlusconi de modifier la loi électorale, à quelques mois des législatives. "Dans l’histoire des nations, il y a des moments où la démocratie est en jeu. L’Italie vit l’un de ces moments-là", a lancé, solennel, Romano Prodi, qui conduira l’opposition à la bataille au printemps 2006. Alors que tous les sondages donnent la Maison des libertés (la coalition de centre droit, au pouvoir) battue par l’Union (la coalition de centre gauche), Silvio Berlusconi vient de proposer un nouveau système de vote qui pourrait lui permettre de rester aux affaires tout en étant largement minoritaire dans les urnes. En substance, le nouveau mode de scrutin rétablirait la proportionnelle avec un seuil de 4 % des suffrages ainsi qu’un mécanisme complexe de prime à la coalition la moins éclatée.

Avec la loi actuellement en vigueur (scrutin majoritaire pour l’essentiel), l’Union, créditée d’environ 50 % dans les sondages, devrait obtenir une centaine de députés de plus que la coalition de Silvio Berlusconi. A l’inverse, si la réforme du Cavaliere devait être appliquée, c’est la droite (donnée à 45 % dans les sondages) qui resterait majoritaire, avec cinquante sièges d’avance à la Chambre des députés... Ce chef-d’oeuvre de bricolage électoral s’appuie sur l’atomisation de l’Union, qui rassemble de multiples partis (Verts, communistes italiens, Liste Di Pietro, etc.) ne dépassant pas les 4 % des suffrages. Selon la réforme Berlusconi, ces voix (près de 10 % du corps électoral) seront perdues pour la gauche et profiteront au bout du compte à la coalition de droite, moins éclatée... Pour couronner le tout, la Maison des libertés recevra alors une prime à la majorité.

« Quand nous disions que l’agonie politique de Berlusconi serait terrible et qu’il fallait s’attendre au pire, on n’imaginait tout de même pas ça », commentait jeudi Ezio Mauro, le directeur du quotidien de centre gauche la Repubblica. « Tous les partis de l’opposition ont unanimement décidé de faire de l’obstruction au Parlement », a expliqué Pierluigi Castagnetti, l’un des leaders de la Marguerite. A gauche, rares sont ceux qui estiment comme le politologue et ancien parlementaire Gianfranco Pasquino que la réponse à l’offensive berlusconienne devrait plutôt « pousser les petits partis de l’opposition à mettre fin à leurs divisions et à se rassembler » pour dépasser les 4 %. Quant au chef de l’Etat, Carlo Azeglio Ciampi, il est intervenu jeudi pour critiquer le retour à la proportionnelle.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=324375

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