Accueil > Tollé syndical sur l’assouplissement des 35 heures
Tollé syndical sur l’assouplissement des 35 heures
Publie le jeudi 9 décembre 2004 par Open-Publishingde Jean-Marie Godard
Les confédérations syndicales ont dénoncé jeudi une remise en cause des 35 heures, voire leur « enterrement », après les assouplissements annoncés par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin dans le cadre de la présentation de son « Contrat 2005 ». La CGT va jusqu’à considérer qu’on « revient à la situation de 1936 ».
« C’est clairement la remise en cause des 35 heures, en contradiction totale avec l’idée affichée de conserver la durée légale », a déclaré Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT, à l’Associated Press. Selon lui, « on revient à la situation de 1936, c’est-à-dire la possibilité de faire 40 heures de travail par semaine ».
M. Le Duigou pense en outre -point de vue unanimement partagé par tous les syndicats- que « les heures supplémentaires, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, ne sont jamais choisies. C’est le patron qui les décide. Donc, c’est un moyen offert au patronat pour organiser un peu plus la flexibilité dans les entreprises ».
Par ailleurs, M. Le Duigou note qu’il « y a une contradiction entre ce que dit Raffarin lorsqu’il prône la concertation sur ce sujet, mais ne nous a pas reçus depuis le mois d’août, et annonce sa décision ce matin ».
« Ce qui me choque, c’est que le volontariat dont il fait largement état sera un volontariat totalement faux », juge également le président de la CGC Jean-Luc Cazettes. « Dans les petites et moyennes entreprises, largement concernées et où il n’y a pas de présence syndicale, il n’y a pas photo. Le volontariat, ce sera le patron qui dira : ’tu bosses 220 heures et c’est tout »’, dit-il à l’AP.
M. Cazettes estime en revanche que la monétarisation du compte-épargne temps (CET) est « une bonne chose parce que 70% des cadres souhaitent pouvoir négocier du salaire au lieu de jours de RTT ».
M. Cazettes regrette toutefois que ce CET ne soit pas un compte « externalisé, ce qui veut dire qu’avec le système actuel, si l’entreprise dans laquelle il travaille fait faillite, le salarié voit partir tous ses efforts de CET ».
« C’est déjà Noël au MEDEF ! », lance pour sa part le président de la CFTC Jacques Voisin. « Outre la remise en cause des 35 heures, il faut savoir que normaliser les heures supplémentaires, c’est jouer contre l’emploi », affirme-t-il à l’AP.
« Et ne parlons pas de ’temps choisi’ dans l’entreprise aujourd’hui », poursuit-il. « Car l’organisation du temps de travail c’est pleinement la responsabilité de la direction. Quel salarié va oser dire aujourd’hui, ’les heures sup, je ne veux pas en faire’ ? ».
Par ailleurs, pour M. Voisin « plutôt que de jouer sur les heures supplémentaires pour permettre de gagner plus, il faut avant tout relancer des négociations salariales ».
Michelle Biaggi, porte-parole de FO, estime, elle, que « c’est l’enterrement des 35 heures. Un contingent de 220 heures supplémentaires, plus les sept heures de la journée de solidarité -le jour férié supprimé- on arrive à 40 heures par semaine ». Quant au CET, Mme Biaggi en résume ainsi le principe : « Travailler plus maintenant, mais vous serez payés plus tard ». (AP)
http://permanent.nouvelobs.com/societe/20041209.FAP9577.html?1333