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Toujours pour le communisme...
Publie le vendredi 26 décembre 2008 par Open-Publishing3 commentaires
« Gabriele : Comment changer alors ?
Roberto : En faisant en sorte qu’il y ait les militants qui redonnent la conscience. Nous sommes responsables de l’impossibilité de convaincre les gens de la crise du militantisme, du manque d’envie de se réunir, de manifester. Il est inutile de dire que c’est la faute du pouvoir, qui est toujours là pour nous détruire. C’est nous qui avons changé, qui nous sommes vendus, qui nous sommes accommodés... »
– http://bellaciao.org/fr/spip.php?article23224
Pourquoi mettre cette citation de Roberto Ferrario en exergue de ce texte (qui est la suite de mes précédents et intègre les échanges qu’il y a eu entre-temps) ? D’abord parce qu’elle est en plein dans mon sujet. Ensuite pour, en ces temps de vœux (bof !), en profiter pour rendre hommage aux auteurs de ce site qui accueille mes laborieuses réflexions (lèche-cul !) et nos débats. À l’intention des mauvais esprits, je ne contribue “que” sur ce site : parce qu’il est intelligemment construit, même s’il demande quelques efforts pour rester à jour, qu’il accueille des tas de formes d’expression et de contributions intéressantes, que j’y retrouve les " avoinages ", parfois intelligents, parfois bestiaux, du quotidien, et que je n’éprouve nulle envie de construire un site égo-perso (ce qui ne vise en rien ce qui en font le choix). Je n’ai que la prétention, petit rien que je suis, de participer au combat, en l’occurrence, ici, intellectuel, que j’estime commun à plein d’autres pour le communisme, moi, petit-bourgeois... et je n’estime pas devoir justifier en quoi que ce soit ce que je suis, fais et écris (écrits qui devraient se suffire à eux-mêmes).
Par ailleurs, ces préliminaires ne sont pas purs salamalecs (salâm alaïk, « paix sur toi »), mais participent d’une forme d’écriture qui veut faire l’effort de manifester la présence de l’autre, le lecteur, mon semblable, mon frère (pour la notion de frère, sœur...?!).
De même, le dialogue avec des écrits et des débats historiques, tels qu’on en trouve sur Bellaciao (bien que pas que...), me parait d’une nécessité vitale, notamment dans une période comme celle que nous vivons en ce moment. Face à une attaque massive des tenants du capital, et c’est cela, me semble-t-il, la « crise », la question de la division des forces pour le communisme retrouve toute sa sensibilité (cf. article de J. C. Coualan : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article76727).
Quand August Bebel déplorait que « les fatales querelles (…) dont la démocratie socialiste française souffre tant, persistent encore », cela résonne plus fort à nos oreilles endolories par le matraquage de la droite et le silence (médiatique !) de la gauche pour le communisme. Citer des références ne signifie pas alors prendre parti pour tel courant ou tribun, mais prendre de la distance, de la perspective, pour le temps présent. C’est aussi les partager avec ceux-celles qui en ont d’autres, ou qui n’ont pas le temps de lire ou pensent qu’il y a mieux ou plus urgent à faire. Se remettre en mémoire l’histoire vivante de ceux-celles qui se sont battus avant nous, refaire des mots des outils de combat en n’hésitant pas à les manier (La Louve : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50805). Et unité ne veut pas dire fusion. Mais la transmission...
Ceux qui ont pris la peine de me lire (grâce leur soit rendue) savent que la question de la petite bourgeoisie m’apparait comme un enjeu de réflexion majeur (ce qui ne veut pas dire que d’autres n’en soient pas), bien qu’il heurte la sensibilité de beaucoup, et ce n’est pas pour rien ! La place qu’elle occupe aujourd’hui est pourtant éclairée par les analyses d’une époque où elle était moins importante en nombre et en occupation de l’espace social. « Ainsi les capitalistes, pour accroître la fortune de leur classe, ont introduit et développé la grande industrie mécanique, sans tenir compte qu’en ruinant la petite industrie ils détruisaient la classe moyenne, qui servait de tampon entre eux et le prolétariat. (...) Les financiers, les grands industriels et les grands commerçants, en dévorant la petite bourgeoisie, avaient dévoré leurs meilleurs défenseurs » disait Paul Lafargue en 1896 (Le grand débat – Jaurès – Lafargue – Guesde – Le Temps des Cerises, P. 76).
« Si la classe capitaliste ne formait qu’un seul parti politique, elle aurait été définitivement écrasée à la première défaite subie dans ses conflits avec la classe prolétarienne. Mais on s’est divisé en bourgeoisie monarchiste et en bourgeoisie républicaine, en bourgeoisie cléricale et en bourgeoisie penseuse, de façon à ce qu’une fraction vaincue pût toujours être remplacée au pouvoir par une autre fraction de la même classe également ennemie.
C’est le navire à cloisons étanches qui peut faire eau d’un coté et qui n’en continue pas moins à flotter insubmersible. Et ce navire-là, ce sont les galères du prolétariat sur lesquelles c’est vous qui ramez et qui peinez, et qui peinerez et qui ramerez toujours, tant que n’aura pas été coulé, sans distinction de pilote, le vaisseau qui porte la classe capitaliste et sa fortune, c’est-à-dire les profits réalisés sur votre misère et sur votre servitude » ajoutait Jules Guesde en 1900. (Le grand débat, P. 162). (Ces réflexions ont inspiré mon petit conte de noël ( de nos jours, si on ne fait pas sa pub soi-même...) : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article76383).
La difficulté à faire entendre cette question aujourd’hui tient certainement au fait que la majorité des petits bourgeois en tant qu’individus se sentent (et sont) aussi exploités que l’ouvrier, et parfois plus, et ne comprennent plus ce que petit bourgeois veut dire. Au fait aussi que « c’est nous qui avons changé, qui nous sommes vendus, qui nous sommes accommodés... », et avons raté la transmission. Aussi ne reste-t-il, majoritairement, que le volontarisme, l’incantation au « tous ensemble », sans armes théoriques pour comprendre pourquoi cela « ne prend pas », ou, après la révolte, ou la grande manif unitaire (qu’il ne s’agit pas d’interroger sous peine de se faire traiter de « casseur de lutte », de « démobilisateur », comme si nous n’en serons pas de la « grande manif du 29 » !), pourquoi ça retombe, et après quelques miettes, pourquoi on continue à en prendre plein la gueule. Et donc, comment construire un lendemain de luttes, la grande grève... pour gagner ?
Analyser, encore et encore, la fonction de la petite bourgeoisie n’est pas rejeter les personnes. C’est se confronter au problème des tâches nécessaires à la société future du communisme et à leur fonction actuelle dans le capitalisme. À la complexification de l’organisation sociale moderne qui rend floues les frontières, aussi. Bien sûr qu’il y a des métiers, aujourd’hui attribués à la petite bourgeoisie, voire la grande, qui resteront nécessaires au fonctionnement de la société « sociale ». Un chirurgien, comment s’en passer ? Ce n’est donc pas de cela qu’il est question, pas de faire de l’ouvriérisme. Dans la société capitaliste, la fonction idéologique (en tant qu’effet concret) du chirurgien inscrit dans un ordre est aussi de participer des différents clivages qui maintiennent le prolétaire et le « petit » petit bourgeois « à sa place » : rapports science/profane, intellectuel/manuel, autorité/infantilisation, ordre moral/liberté de l’individu dans ses choix de vie, etc. Le chirurgien d’aujourd’hui, conscient et militant pour le communisme, se bat autant au côté de son patient pauvre que contre lui-même dans l’institution. Ce qu’un ouvrier peut avoir du mal à percevoir, lui qui est confronté au rapport direct de l’exploitation dans le cadre de son travail. Pour un petit bourgeois, choisir son camp (collabo ou résistant dirait un certain), c’est systématiquement risquer le licenciement, certes, mais aussi être rejeté par son milieu professionnel ET social. Ce qui n’est pas le cas de l’ouvrier. (Je sais que cette formulation rapide est forcément caricaturale ; donc, lecteur, prends-là pour ce qu’elle est, ou démontre sa fausseté si c’est le cas).
Les grandes questions du changement de société restent toujours ouvertes, en ces temps propices aux trahisons... ou au dévoilement : « Nous ne sommes pas pour le négoce : la lutte de classe interdit le commerce de classe ; nous ne voulons pas de ce commerce-là, et si vous en vouliez, camarades de l’usine, camarades de l’atelier, prolétaires qui avez une mission à remplir, la plus haute mission qui ne se soit jamais imposée à une classe, le jour où vous accepteriez la méthode nouvelle [Gambetta, 1876 : « Je ne connais que deux manières d’arriver à son but, en négociant ou en combattant ; je ne suis pas pour la bataille ».], ce jour-là, non seulement vous auriez fait un marché de dupes, mais vous auriez soufflé sur la grande espérance de rénovation qui aujourd’hui met debout le monde du travail... » Jules Guesde (Le grand débat, P. 160).
Et encore :
« Écoutez ce cri de révolte du paysan du X° siècle, et vous me direz si vous en avez entendu de plus superbe : « Les seigneurs ne nous font que du mal ; ils ont tout, peuvent tout, mangent tout et nous font vivre en pauvreté et douleurs... Pourquoi nous laisser traiter de la sorte ? Nous sommes hommes comme eux, nous avons les mêmes membres, la même taille, la même force pour souffrir, et nous sommes cent contre un... Défendons-nous contre les chevaliers, tenons-nous tous ensemble, et nul homme n’aura aucune seigneurie sur nous, et nous pourrons couper les arbres, prendre le gibier dans les forêts et le poisson dans les étangs, et nous ferons notre volonté aux boix, dans les prés et sur les eaux. »
Les paysans n’ont pas eu besoin d’attendre les bourgeois de 1789 pour avoir des sentiments d’égalité. Mais que pouvaient les pauvres paysans, couverts de peaux de bêtes et sayons de laine et armés de bâtons et de faux contre les barons féodaux bardés de fer ? Partout, en France, comme en Angleterre, en Allemagne, ils furent battus et horriblement massacrés et torturés avec l’aide et la complicité des prêtres et des bourgeois. Etienne Marcel, le héros bourgeois, dont la statue, érigée par les républicains libéraux et radicaux s’élève en face de l’Hôtel-de-Ville, après s’être servi des Jacques, les trahit et les livra à Charles-le-Mauvais. » Paul Lafargue (Le grand débat, P. 83).
Aujourd’hui moins que hier, la classe ouvrière ne peut renverser le capitalisme seule. L’alliance avec une fraction de la petite bourgeoisie est inévitable. Sur quelle base ? Certainement pas sans remettre cent fois sur le métier l’ouvrage qui doit détruire les illusions qu’ont su multiplier les agents du capital.
Mais alors...
« Mais lorsque les moyens de production arrachés des mains oisives et impuissantes de la classe capitaliste seront devenus la propriété commune de la nation, la paix et le bonheur refleuriront sur la terre, car la société domptera les forces économiques, comme ont déjà été domptées les forces naturelles : alors, et alors seulement, l’homme sera libre, parce qu’il sera devenu le maître de ses destinées sociales. Le règne de l’inconscient sera clos. » Paul Lafargue (Le grand débat, P. 90).
C’est Noël ! J’ai fait court ! Alléluia !
Bonnes luttes.
P’tit Nico
Messages
1. Toujours pour le communisme...commentaires, 27 décembre 2008, 05:29, par frossard alain
bravo
Enfin une référence aux débats ante-bolchévik en ce qui concernent les mouvements communistes aux 19° siècle en France.
Ils avaient lieu, ces débats au sein des structures socialistes puisque le communisme se définissait comme une branche du socialisme.
Jaurès en 1905,revendique cette union des communistes et socialistes dans le parti socialiste unifié,dans l’éditorial du n°1 du nouveau journal"l’humanité".
Le journal "l’humanité" en est un reliquat édifiant et témoigne que le pCF est l’héritier direct et seul légitimedu PS français de 1920.
Auparavant,ils(socialistes et communistes)cohabitaient en plus de sept ou huit courants.Mais Il faudra attendre 1920 pour que les 2/3 des délègués socialistes auto-dissolvent leur parti et décident la transformation de la SFIO en SFIC.Ce fait ne s’est produit qu"in France 130 ans après la révolution française et la conjuration des égaux de Baboeuf.
D’où l’héritage du journal "l’humanité" ,des immeubles comme celui de Lafayette mis en location maintenant.
Tout ce qui était l’héritage de la SFIO de 1920 est revenu au PCF du fait de la métamorphose du PS en PC en 1920.
Ce fait communiste majoritaire au sein de la SFIO,ne s’est produit qu’en France.
Dans tous les autres partis,(allemand,espagnol,Italie,Russie(et oui,il y avait des communistes en France avant l’URSS !) la fraction communiste a scissionné minoritairement.
En france,le PS a muté en PCF après un vote majoritaire aux 2/3 en 1920.Puis,la "bolchévisation" ne s’est effectuée,à la grande impatience de Lénine,Trotsky et Staline que dans la fin des années vingt-trente.
Il est à noter que le patrimoine immobilier du PCF s’est encore enrichi à la libération.Cet élément doit être pris en compte pour expliquer la violence des anathèmes contre le PCF ainsi que la partie non-bolchévique de son histoire qui est niée,et occultée par les nombreux inconsolables de la fin de l’URSS et du modèle politico-policier bolchévik.
2. Toujours pour le communisme..., 27 décembre 2008, 13:17
Il n’y a plus de "petite bourgeoisie", il n’y a que des prolos qui s’ignorent et des bourgeois que, depuis que les révolutionnaires ont perdu la bataille des mots, on n’ose même plus désigner. Qui a osé qualifier Forgeard de bourgeois ? personne, tout au plus un "patron incompétent" ! Et cette "infime minorité", 5%, à tout casser, de la population totale, régit tout, le travail comme le capital, les loisirs comme la guerre, etc...en fonction de ses seuls intérêts !
De l’autre coté, on attend le révolutionnaire qui osera qualifier les 95% restant, "immense majorité", de prolétaires. Sauf que les 5%, qui ont la langue aussi longue que leurs comptes bancaires ont imposé, à tous les panurgistes de la terre, leur vocable : la classe moyenne.
3. Toujours pour le communisme..., 27 décembre 2008, 20:36, par gejqzkvm
Le communisme rouge et vert est l’une des réponses dans l’avenir du Monde qui lui se questionne quand il est informé et se met en colère lorsqu’il ne l’est pas.