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Toulouse-I, et II et III en grève

Publie le jeudi 15 novembre 2007 par Open-Publishing

Universités . Les trois universités toulousaines ont voté la grève. Le Mirail et Paul-Sabatier ont décidé du blocage de leur campus.

de Marie-José Sirach

Quand, à 13 h 40, le président de séance de l’AG du Mirail annonce Paul-Sabatier bloqué, un tonnerre d’applaudissements salue la nouvelle. Même réaction lors de l’évocation de la grève à l’Arsenal. Depuis 10 h 30, les étudiants du Mirail débattent non-stop sur la loi Pécresse, son contenu, leurs revendications, les formes d’action. Le grand amphithéâtre a fait plus que le plein. L’opération « Liberta fac » - qui se revendique « apolitique et contre le blocage » - a fait chou blanc.

À l’intérieur de l’amphi, les débats vont bon train. L’ambiance est bon enfant. Quelques voix se sont élevées contre le blocage qualifié d’« aveugle » et d’« inefficace » tout en se disant opposées à la loi. Certains réclament le vote avec la carte d’étudiant. Pourquoi pas ? Sauf que certains étudiants, au Mirail, n’ont toujours pas leur carte en poche. « Pour la simple raison, m’explique ma voisine en L3 socio, que la fac accepte de différer l’encaissement des chèques à fin octobre pour ceux qui n’ont pas trop de sous sur leur compte et garde tout ce temps nos cartes d’étudiant. » L’AG votera donc majoritairement le vote à main levée.

Juliette, en M2 socio, est « opposée à la loi parce qu’elle remet en cause la valeur nationale des diplômes mais estime que l’autonomie, dès lors qu’il s’agit de celle des enseignants-chercheurs, est une bonne chose ». Chantal alerte sur les dangers de l’autonomie : « Au Canada, il n’y a plus de recherche fondamentale depuis que les entreprises ont investi les campus. » Et Richard d’ajouter : « Derrière le désengagement de l’État, c’est la volonté de laisser les patrons faire main basse sur l’université. » Beaucoup disent combien ce mouvement est politique à défaut d’être corporatiste, combien ils en ont assez d’être une génération précarisée, malmenée. Le souvenir de la victoire contre le CPE est dans toutes les têtes. Le ton est revendicatif. On s’interroge à voix haute sur une convergence avec les cheminots et tous les autres mouvements sociaux. « On assiste à un processus de privatisation de la société française et on n’est pas dupes de ça », fait remarquer David. L’unité du mouvement reste un des enjeux majeurs.

Alors que la gauche peine à se remettre de la victoire de la droite et pinaille sur pas grand-chose ici, on remet sur le métier l’idée de l’intérêt général ; on souhaite une université de la réussite et non de la concurrence ; on place la solidarité au coeur des débats. La détermination d’aller jusqu’à l’abrogation de la loi Pécresse, grandit au fil des interventions. Ce combat s’annonce difficile car, « en face, Sarkozy ne veut pas céder ». Certains évoquent l’acharnement de Margaret Thatcher pour « casser le mouvement syndical et libéraliser la société britannique ». « On n’a pas fait l’ENA, on n’a pas grandi à Neuilly, mais on veut vivre dans un monde sans exploitation, sans racisme, sans sexisme. » On peut comprendre que le MEDEF ou le gouvernement s’étranglent en entendant de tels propos. Mais, contrairement aux rumeurs de noyautage ou d’infiltration avancées par les autorités, c’est une AG souveraine qui s’est prononcée majo- ritairement pour la poursuite de la grève et du blocage. Quelques heures avant, les personnels enseignants et administratifs de la fac s’étaient prononcés pour. À 14 h 45, les étudiants et les personnels du Mirail étaient tous en grève.

http://www.humanite.fr/2007-11-14_P...