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Castres A Gauche Vraiment
avec le Collectif 81 « Sauvons les retraites »
vous invite à une réunion publique
Lundi 14 juin – 20H30
Salle n°2 Parc des Expositions à Castres
En présence de Pierre Concialdi, économiste,
membre de Copernic et du conseil scientifique d’Attac
Signez l’appel
"Faire entendre les exigences citoyennes pour les retraites"
La retraite est un droit, pas une aumône
Une phrase de Jaurès résume au mieux la position de la gauche vis à vis de la loi, votée il y a maintenant exactement cent ans, instituant les retraites ouvrières et paysannes, premier vrai régime de retraite : « Nous la votons pour avoir le principe, nous la votons malgré les sacrifices qu’elle impose à la classe ouvrière. Mais, demain, nous vous demanderons un âge abaissé, (…) demain nous vous demanderons une retraite plus élevée, une participation plus large des assurés à la gestion des caisses … ».
C’est dans cette histoire là que nous nous inscrivons : nous sommes les héritiers de celles et ceux qui ont lutté pour obtenir des droits tout en sachant qu’il faudrait ensuite les rendre effectifs et les approfondir.
Or, depuis un siècle la droite n’a eu de cesse de vouloir remettre en cause ce droit. Car celui-ci est subversif à plus d’un titre. Les retraites par répartition reposent en effet sur un prélèvement sur la richesse produite qui échappe au capital. Elles sont un élément clé du partage des richesses dans notre pays. De plus, elles reconnaissent le droit de chacun à vivre sans travailler pendant une partie de sa vie, ce qui était autrefois le privilège exclusif des rentiers.
Nous sommes face un choix de société : quelle place réserve-t-on aux personnes de plus de 60 ans, sachant que l’espérance de vie en bonne santé générale est de 59 ans pour un ouvrier et de 69 ans pour un cadre (données INED).
La philosophie implicite du projet gouvernemental est que chacun doit travailler jusqu’à ce qu’il ne soit plus en état de le faire. La possibilité qu’une personne en bonne santé puisse vivre sans être soumis au travail salarié et au rapport de subordination qu’il implique serait alors niée. La retraite est un droit parce qu’il est légitime de ne pas passer toute sa vie à la gagner. Il nous faut réhabiliter le droit au temps libre, le droit à la lenteur, à la rêverie et y compris le droit à ne rien faire à l’opposé de cette course à la concurrence, à la compétition qu’on veut nous dicter constamment.
La remise en cause du droit au départ à 60 ans et l’allongement de la durée de cotisation que veut imposer le gouvernement signifierait donc à la fois une nouvelle dégradation du partage inégal des richesses dans notre pays et la remise en cause du droit à des retraites pleinement émancipatrices. Nous la refusons donc pour cette double raison.
Nos propositions :
- garantir le droit au départ à 60 ans et le rendre effectif dans les régimes complémentaires, où l’âge de départ reste fixé à 65 ans. Cette possibilité de départ doit se faire sans pénalisation quelle que soit la durée de cotisation (suppression de la décote).
- assurer un taux de remplacement moyen d’au moins 75 % du dernier salaire. Cela suppose la remise en cause des mesures qui ont provoquées la baisse de ces denières années :
- calcul des retraites sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures années.
- l’indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires.
- permettre à ceux qui ont des carrières longues de partir à taux plein, même avant 60 ans. L’inégalité des carrières, l’inégalité des espérances de vie en retraite rendent le régime actuel antiredistributeur. Tous ceux qui ont commencé à travailler tôt doivent pouvoir partir en retraite à taux plein, dès lors que leur carrière est complète.
- faire qu’aucune retraite ne soit en dessous du SMIC.
- valider les périodes de chômage en référence au salaire antérieur.
- réfléchir à la prise en compte d’une partie des années d’études. Le développement de la scolarité fait désormais partie des nécessités sociales.
Les richesses pour financer de telles mesures existent
Selon le rapport du COR, le PIB atteindrait 3 800 milliards en 2050 et le déficit des retraites 115 milliards d’euros, soit un peu plus de 3 % du PIB. Donc indépendamment de la validité d’une telle estimation du PIB en 2050, si ce scénario se réalisait, 3 points de PIB en plus pour les retraites ne représente pas un fardeau excessif. En effet, une autre répartition des richesses est possible. Il suffit de rétablir un autre rapport entre la part des salaires qui a baissé de plus de 8 points en 30 ans et la part du capital.
- une politique volontariste de création d’emplois et de reconversion écologique. L’arrêt du bradage de l’industrie et de certains services par les délocalisations, le soutien à une production socialement et environnementalement responsable et une reconversion écologique de l’économie privilégiant les circuits courts entre production et consommation ainsi que des produits réparables permettraient un maintien et une création massive d’emplois et donc les recettes nécessaires pour la protection sociale.
- une augmentation des cotisations patronales. Le gouvernement prétend qu’une telle augmentation menacerait l’emploi. En réalité elle menacerait seulement le niveau historiquement élevé des profits. Rappelons que le taux des cotisations patronales n’a pas augmenté depuis 1979 (à part le transfert d’une cotisation d’allocation familiale lors de la création de la CSG en 1991) et qu’il a même diminué de fait avec les exonérations dégressives jusqu’à 1,5 fois le SMIC.
- un élargissement de l’assiette des cotisations à l’intéressement, à la participation, à l’épargne salariale et aux stock options au même taux que la masse salariale. Il faut aussi revoir la taxation des retraites chapeau.
- la suppression du bouclier fiscal, un prélèvement sur les profits des banques, une taxation des revenus financiers et des dividendes versés aux actionnaires permettraient de boucler le financement nécessaire.
Le système actuel peut être renforcé et amélioré
Savoir où aller, c’est d’abord se souvenir de ses origines : l’ordonnance fondatrice d’octobre 1945 sur la Sécurité sociale. Son exposé des motifs mérite d’être rappelé :
« La Sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité… »
« La Sécurité sociale appelle l’aménagement d’une vaste organisation nationale d’entraide obligatoire qui ne peut atteindre sa pleine efficacité que si elle présente un caractère de très grande généralité à la fois quant aux personnes qu’elle englobe et quant aux risques qu’elle couvre. Le but final à atteindre est la réalisation d’un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble des facteurs d’insécurité ; un tel résultat ne s’obtiendra qu’au prix de longues années d’efforts persévérants…. »
Deux voies d’évolution complémentaires peuvent être envisagées :
- Le régime général a vocation à devenir le régime de base de tous. Les règles de liquidation de retraites du Régime général s’appliquent d’ores et déjà aux retraites de base des régimes dits « alignés » ; d’autres régimes pourraient faire leurs, ces règles. Leur spécificité se matérialisant par la création d’un régime complémentaire spécifique permettant aux différentes catégories de salariés de préserver les droits qui sont les leurs.
- Le régime général a vocation à devenir le régime unique des salariés. L’existence d’un « salaire plafond » limite l’espace contributif du RG. Ainsi les retraites qu’il sert sont insuffisantes pour assurer les « moyens suffisants » voulus par l’ordonnance de 1945. Aussi, cette insuffisance a-t-elle entraîné la création des régimes complémentaires du privé : rapide pour les cadres (l’AGIRC a été créé en mars 1947), tardive pour les non cadres (l’ARRCO date de décembre 1961). Le RG pourrait progressivement conquérir cet espace ; le déplafonnement des cotisations en serait un levier essentiel.
C’est un choix de société qui se joue
Nous n’acceptons pas la logique capitaliste libérale qui fait fi du bien-être des populations. Depuis un siècle et demi, les progrès technologiques, les gains de productivité, les luttes sociales, ont permis la diminution du temps de travail et l’augmentation du temps libre, par la réduction journalière (journée de 8 heures) ou hebdomadaire (48, 40, 35 heures), par la réduction annuelle (congés payés), par la réduction sur la vie (retraite à 60 ans). On travaille aujourd’hui deux fois moins qu’en 1900 mais on produit beaucoup plus de richesses. Il nous faut maintenant de plus prendre en compte les limites de la planète. Cela n’invalide pas l’exigence d’une autre répartition des richesses, au contraire, cela exige d’intégrer la solidarité et la responsabilité par rapport à notre planète dans la réflexion sur le type de répartition des richesses à l’échelle de notre pays et plus globalement donc à l’échelle planétaire.
L’alternative est donc entre les exigences de rentabilité du capital et les aspirations au progrès et à l’émancipation humaine.