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Travail, Famille, Patrie !

Publie le vendredi 31 octobre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

de Michel MENGNEAU

Dans les deux précédents articles j’avais libellé le titre différemment : « Honneur, Famille, Patrie ». En m’inspirant de la devise des parachutistes, si je ne me trompe, je mettais l’accent sur le coté dérisoire parfois de tel slogan. Cependant celui affiché n’est pas de mon fait non plus, et pour cause, il est apparu dans des circonstances troubles et pénibles pour lesquelles la mémoire du peuple français ne peut aucunement s’enorgueillir, et il se trouve qu’est remis au gout du jour le lieu où a éclos cet emblème.

Eh oui, Vichy revient à la mode. Non pas que l’on remette particulièrement l’accent sur le bienfait des cures thermales, mais dans cette cité d’où furent, pendant l’occupation allemande, fermentées des idées au service de la xénophobie à la française, bien à l’insu de cette ville d’ailleurs, va avoir lieu le sommet européen sur l’immigration, les 3 et 4 novembre. Curieux symbole que nous offre là le peu engageant Hortefeux ! Ce repaître dans la fange du coté nauséabond de notre passé au point d’y associer les autres européens pour un sujet tout aussi scabreux, c’est avoir une conception un peu particulière de notre histoire.

Justement, parlons de l’Histoire puisqu’elle est à l’ordre du jour ! Darcos, le collègue à l’admirateur de Laval, a eu une idée de génie en proposant que se soient les élus qui façonnent les programmes d’histoire ! Faut quand même manquer totalement de bon sens ou avoir l’esprit particulièrement tortueux pour concevoir une telle idée. Mais je pencherai plutôt pour la seconde solution car dans le contexte actuelle avec une droite réactionnaire, catho, à la limite parfois du fascisme, et qui est majoritaire dans les deux assemblées, on subodore l’orientation intellectuelle que prendraient les manuels d’Histoire. Encore une initiative de ce gouvernement qui conditionnerait peu à peu le peuple vers le bien fondé d’un pouvoir absolu que l’on voit se dessiner au jour le jour autour de la personne du Chef de l’Etat.

Serait donc fait abstraction de pan de notre histoire. D’ailleurs à l’occasion du 11 novembre qui approche, en souvenir de tous les prolétaires qui se sont entretuer à la gloire du capital, dont le dernier nous a quitter récemment, je rappellerai quelques faits de la grande hécatombe que l’on a parfois tendance à oublier car le bien-pensé préfère ne pas les ébruiter. C’est pourquoi qu’il ne faut pas que l’on laisse manipuler notre histoire.

L’on se souvient de la chanson : « C’est à Craonne, sur le plateau… ». La boucherie inutile du chemin des Dames amena la contestation dans les deux camps. Attaque, contre attaque, ordres insensés, tout y fut pour ouvrir le chemin de la révolte.

Officiellement, c’est le 17 avril 1917 que l’on a recensé les premiers mutins de l’Armée française, environ 230 si l’on en croit ce que l’on a bien voulu dire ; ou taire ! Déjà, quelques jours avant, certains avaient cassé la gueule à leur officier et refusé d’aller se faire tuer pour reprendre quelque cent mètres de tranchée ou bien une casemate déjà à moitié rasée, pris et repris l’avant-veille, repris et pris la veille par l’un ou par l’autre des deux antagonistes. Finalement, les historiens avancent le nombre approximatif de quarante mille rouspéteurs, contestataires, rebelles, mutins, à mi-mai 17. On est loin des chiffres officiels !

Le 15 mai, pour régler ce problème, Poincaré et le ministère de la Guerre eurent une idée de génie, ils virèrent Nivelle et mirent à la place Pétain. Dans les livres d’Histoire on nous a dit que se fut le futur Maréchal qui régla la contestation en accordant des permissions plus longues, des montées au front plus courtes avec plus de dopage en vin et en gnole (appelée par les poilus le «  Monte-en-ligne »), pudiquement désigné comme amélioration du ravitaillement. En fait, les choses se sont réglées plus brutalement.

Officiellement, une fois de plus, on annonce le chiffre très précis de quarante-deux mutins fusillés. Pour être plus juste, on peut utiliser le terme de décimation. En annonçant le chiffre minimum d’un millier de punis, l’on se rapproche de la vérité. Malheureusement, nous ne saurons jamais le nombre exact de fusillés puisque les proches, les familles reçurent le simple message : « Mort au front, tel jour… », ou bien « Mort pour la France », sans qu’il soit précisé que ce fût sous les coups de l’ennemi. Seuls les désignés pour servir les pelotons d’exécution eurent longtemps des nuits agitées. Traumatisés, perturbés par le souvenir ineffaçable de l’instant où leur doigt appuya sur la détente du Lebel…

Comme j’ai l’habitude dans cette chronique, je rapporte un extrait de texte pioché dans les « Humbles ». Cette fois c’est un extrait d’ « Histoire d’un Crime » de Victor Hugo et qui ce trouve être de circonstance car l’auteur raconte dans ce livre le coup d’état de 1851 de « Napoléon le petit » ; je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais ça me rappelle quelque chose, n’est-ce pas !

« La France a dans le passé les victoire de la guerre et dans l’avenir les victoires de la paix. L’avenir est à Voltaire et non à Krupp. L’avenir est au livre et non au glaive. Chercher la vie dans les vielles institutions est chose vaine et se nourrir du passé est mordre dans la cendre ».

A méditer…

Messages

  • Je m’associe à l’indignation de Michel Mengneau car connaissant nos dirigeants actuels , le choix du lieu n’est pas innocent. Pour autant , on ne peut pas toujours faire de VICHY le symbole du pire de notre histoire. Mais lorsque l’on connait d’avance le motif de cette réunion européenne , et surtout les résultats d’ordre répressif qui vont en découler face à l’immigration sur notre continent ,il y a tout lieu de s’insurger .D’autant que d’autres exemples dans l’Exagone mettent à jour le mépris à l’égard du peuple français d’une certaine "classe" d’élus (plutot mal élus).
    Pour ne pas la citer , je pense ici en particulier à la ville de Pompadour en Corrèze , haut lieu du cheval , qui n’avait rien trouvé de mieux, à une époque , que de faire du 14 Juillet la fête des ânes. C’était assez symbolique pour certains et en particulier pour moi , même si je n’ai strictement rien contre ce brave animal. Depuis , heureusement , les élus de Pompadour ont rectifié le tir en m’assurant qu’il n’y avait de leur part aucune "torduserie".
    Mais plus qu’en FRANCE , la dérive actuelle de l’ITALIE devrait mobiliser toutes les bonnes et saines volontés d’Europe. De Berlusconi au Doutché , la marge se rétrécie de plus en plus . La répression contre les roumains , celle contre les africains , et maintenant celle contre les chinois , toujours sous couvert de la loi, n’augure rien de bon pour l’avenir des italiens ; et comme par le passé , le Vatican se fait silencieux et opportuniste , quitte à se discréditer un peu plus auprès des croyants et attend son jour de gloire, un coup les orages passés.Mais les mauvaises intentions et les mensonges n’existent pas lorsqu’ils sont conditionnés par le haut-clergé ; cela devient de "PIEUX MENSONGES".
    L’histoire (la mauvaise) tente de se répéter et les Italiens , tout comme les français, ont la facheuse habitude de perdre la mémoire et de se diviser .C’est dans nos faiblesses que les marionnettistes qui nous gouvernent puisent leur force .

  • ... Deviens-je parano ??... Novembre c’est pas loin d’octobre...par exemple le 17...par exemple 1961...et les sbires de Papon etc...ça vient comme ça "naturellement" et partout les martyrs (beaucoup)plus nombreux que les salauds (Manifs..., Vietnam, Chili, Algérie...et tous ces relents et ces remugles...vite "de l’AIR" !!!! et pendant ce temps-là la Zizanie face à la droite "solidaire"...un comble !!...ils sont devenus fous à Gauche !

  • Pour mémoire et si possible à chanter le 11 novembre en souvenir des martyrs.

    Quand au bout d’huit jours le r’pos terminé

    On va reprendre les tranchées,

    Notre place est si utile

    Que sans nous on prend la pile

    Mais c’est bien fini, on en a assez

    Personne ne veut plus marcher

    Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot

    On dit adieu aux civ’lots

    Même sans tambours et sans trompettes

    On s’en va là-bas en baissant la tête

     Refrain :

    Adieu la vie, adieu l’amour,

    Adieu toutes les femmes

    C’est bien fini, c’est pour toujours

    De cette guerre infâme

    C’est à Craonne sur le plateau

    Qu’on doit laisser sa peau

    Car nous sommes tous des condamnés

    Nous sommes les sacrifiés

    Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance

    Pourtant on a l’espérance

    Que ce soir viendra la r’lève

    Que nous attendons sans trêve

    Soudain dans la nuit et dans le silence

    On voit quelqu’un qui s’avance

    C’est un officier de chasseurs à pied

    Qui vient pour nous remplacer

    Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe

    Nos pauvr’ remplaçants vont chercher leurs tombes

     Refrain -

    C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards

    Tous ces gros qui font la foire

    Si pour eux la vie est rose

    Pour nous c’est pas la même chose

    Au lieu d’se cacher tous ces embusqués

    F’raient mieux d’monter aux tranchées

    Pour défendre leurs biens, car nous n’avons rien

    Nous autres les pauv’ purotins

    Et les camarades sont étendus là

    Pour défendr’ les biens de ces messieurs là

     Refrain :

    Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront

    Car c’est pour eux qu’on crève

    Mais c’est fini, nous, les trouffions

    On va se mettre en grève

    Ce sera vot’ tour messieurs les gros

    De monter sur l’plateau

    Si vous voulez faire la guerre

    Payez-la de votre peau