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Trente ans avant Karachi, la première affaire de Gaubert
par Gnafron
Publie le vendredi 7 octobre 2011 par Gnafron - Open-Publishing2 commentaires
Par François Krug | Rue89 | 07/10/2011 | 17H22
Nicolas Sarkozy ignorait-il les activités parallèles de Thierry Gaubert, mouillé dans l’affaire Karachi et dans un scandale immobilier ? Dès les années 80, son ami avait déjà pris des libertés avec la loi. Et avec des fonds destinés à la formation professionnelle.
Thierry Gaubert était sarkozyste bien avant que le mot n’existe. Le futur Président n’était alors que simple conseiller municipal de Neuilly. « Il y avait Nicolas, Brice [Hortefeux, ndlr], on était juste une bande de copains, on partait en vacances ensemble », se souvient un témoin de l’époque.
Thierry Gaubert aurait-il aussi anticipé la droite « bling bling » ? Il aime les mondanités. A l’époque, il a déjà été marié à la fille de Lucien Barrière, le propriétaire de casinos et d’hôtels de luxe. Et il se remariera plus tard avec Hélène de Yougoslavie. C’est « Nicolas » qui présidera la cérémonie.
Un conseiller de l’ombre de Nicolas Sarkozy
Car, en 1983, « Nicolas » est devenu maire de Neuilly. Il a 28 ans. Thierry Gaubert, 31. Son parcours va désormais suivre celui de son ami. Dans l’ombre, car selon la mairie de Neuilly, son nom n’a jamais figuré dans l’organigramme officiel. Ses activités publiques ?
- secrétaire général de Neuilly Communication, une association organisant des rencontres avec les dirigeants des médias… et permettant à « Nicolas » d’entretenir ses liens avec eux ;
- patron de Neuilly Journal indépendant, une publication sans lien officiel avec la mairie… mais qui ouvre largement ses pages au maire ;
- chef de cabinet adjoint de Nicolas Sarkozy à Bercy en 1994, lorsque celui-ci devient à la fois ministre du Budget et de la Communication, Brice Hortefeux ayant, lui, le titre de chef de cabinet.
Thierry Gaubert a déjà d’autres activités, plus discrètes. Selon les registres du tribunal de commerce de Paris, il a créé en 1980 une SARL, Promo Conseil International. D’après ses statuts, elle sera active dans le consulting, l’import-export ou encore l’immobilier.
La formation, une manne peu contrôlée
La petite société s’intéresse aussi à la formation professionnelle. Le secteur est alors en plein développement… et peu contrôlé par le ministère du Travail. Une inspectrice de la formation professionnelle se souvient :
« Nos moyens étaient très limités. En général, on devait tirer au sort les entreprises à contrôler. Parfois, il nous arrivait ensuite de faire des contrôles “à tiroirs”, en remontant vers les partenaires. »
Pas de chance : en mars 1986, deux fonctionnaires débarquent au siège de Promo Conseil International. En examinant les comptes, ils découvrent que la société a surfacturé ses prestations, et que les fonds qui lui ont été versés n’ont peut-être pas servi qu’à former des salariés ou des apprentis.
Entre 1983 et 1985, Promo Conseil International a ainsi vendu des formations à des entreprises avec des marges de 68%, 72%, 92% et même 149%. Des performances exceptionnelles et qu’elle ne réussit pas à expliquer. Les inspecteurs concluent à « une surtarification des dépenses » facturées aux clients.
Montant récolté avec ces surfacturations : au moins 968 431 francs (147 636 euros). En juillet 1987, une décision du préfet d’Ile-de-France oblige Promo Conseil International à rembourser ses clients. Mais aussi, comme le prévoit la loi, à verser le même montant au Trésor public.
Des dépenses facturées… mais pas réalisées
Dans les comptes de la société, les fonctionnaires ont fait d’autres découvertes. Promo Conseil International avait conclu des conventions de formation avec des entreprises. Celles-ci lui ont avancé des fonds pour former des salariés ou des apprentis, la convention devant détailler les prestations fournies et, surtout, leur coût. Surprises :
- dans les fonds versés pour financer les formations, 20 752 francs (3 163 euros) n’ont pas été dépensés : plutôt que de rembourser ses clients, Promo Conseil International les a empochés ;
- dans les dépenses facturées aux clients, 107 428 francs (16 377 euros) « ne relevaient pas de la formation professionnelle continue » ;
- la société est incapable de présenter des justificatifs pour 205 700 francs (31 358 euros) de dépenses facturées.
Là non plus, les fonctionnaires n’obtiendront aucune explication satisfaisante. Le préfet d’Ile-de-France ordonne le remboursement de ces sommes aux entreprises. Simples erreurs de gestion ou fraudes ? Il ne se prononce pas, se contentant d’appliquer le code du travail.
Cette vieille affaire n’aurait pas laissé de trace si Thierry Gaubert n’avait pas contesté la décision du préfet, pour « excès de pouvoir ». Le tribunal administratif lui a donné tort en 1989, suivi par la Cour administrative d’appel en 2000. Le jugement figure désormais dans les recueils de jurisprudence administrative.
Ce que le jugement ne précise pas, ce sont l’identité des clients et l’utilisation faite des sommes récoltées par Promo Conseil International. Les questions que nous avons adressées à Thierry Gaubert, par l’intermédiaire de son avocat, sont restées sans réponse. Nous avons donc contacté les deux autres actionnaires de la société.
Ce ne sont pas des inconnus. Le premier, Patrick Gaubert, le frère de Thierry, deviendra conseiller de Charles Pasqua à l’Intérieur, président de la Licra, député européen puis président du Haut conseil à l’intégration. « Je n’en ai aucun souvenir, j’ai dû accepter d’être actionnaire un jour pour lui rendre service », explique-t-il.
Poursuivi pour avoir détourné le « 1% logement »
Le troisième actionnaire, Philippe Smadja, est resté silencieux. Ce promoteur immobilier a monté plusieurs autres sociétés avec Thierry Gaubert. Mais aussi des structures collectant le « 1% logement » des entreprises, destiné à financer des HLM.
Les deux hommes sont justement soupçonnés d’avoir, dans les années 90, collecté 25 millions d’euros de manière irrégulière. Et d’avoir détourné une partie de ces fonds destinés au logement social. Leur procès s’est ouvert le 14 mars… et a été ajourné le lendemain, la défense ayant déposé plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité.
Pour Thierry Gaubert, le répit a été de courte durée. En septembre, il a été mis en examen dans le volet financier de l’affaire Karachi. Il est suspecté d’avoir porté des valises de billets pour la campagne d’Edouard Balladur en 1995, les fameux fonds qui auraient été récoltés par l’intermédiaire de Ziad Takieddine.
« Nicolas » a pris ses distances avec Thierry Gaubert lorsque le scandale du « 1% logement » a éclaté. « Brice », lui, est plus fidèle : comme l’ont révélé les écoutes, il n’a pas hésité à alerter son ami que sa femme « balançait » beaucoup d’informations aux enquêteurs. Ça, au moins, c’est un bon copain…
Messages
1. Trente ans avant Karachi, la première affaire de Gaubert, 7 octobre 2011, 23:47, par Tristan
Thierry Gaubert aime l’immobilier il est adminstrateur chez ICADE société immobilère Tertiaire dont la Caisse des dépots et consignation est l’actionnaire majoritaire.
Gaubert est venu ces derniers jours assister à un CA chez ICADE pour justifier le versement de ses jetons de présence d’une part, mais aussi pour valider le projet de restructuration qui est en train de se mettre en place chez ICADE et qui va consister à céder à vil prix les sociétés de service appartenant à ce groupe dont le patron GRYBOWSKI rêve de transformer en super foncière Tertiaire et pompe à fric pour la CDC .
Apres avoir refourgué ses HLM aux collectivités locales pour 2 milliards d’EUROS, ICADE cherche désormais à se désengager de ses activités de services et des gueux qui en font partie.
GAUBERT, Augustin De ROMANET même combat pour renflouer les banques qui ont fait des placements toxiques avec l’argent du contribuable et de la sueur des salariés d’ICADE, sans oublier de continuer à se sucrer entre amis.
2. Trente ans avant Karachi, la première affaire de Gaubert, 8 octobre 2011, 09:22, par jaja
les magouilles de la formation : ça continue
il existe des boites qui ont un numéro d’agrément pour faire de la formation en interne et se faire rembourser par les organismes collecteurs de fond
bien entendu, ces boites ne réalisent pas la formation annoncée et pendant ce temps de "formation" les salariés bossent .
c’est en particuliers le cas du détournement des contrat de professionnalisation : t’es chomeur, on t’offre une embauche ( souvent même pas en CDI ) si tu accepte en même temps de signer un contrat de professionnalisation et de signer des feuilles de présence en formation bidon. la boite touche à la fois des aides de pôle emploi et aussi des remboursement d’organismes collecteurs .
voilà comment certains patrons font des jolies marges !
ça se passe comme ça aujourd’hui dans certaines boites ................