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Trichet et le dollar, edifiant !

Publie le dimanche 11 février 2007 par Open-Publishing

Déclaration de Jean-Claude Trichet, Président de la BCE, aux députés
“La stabilité des prix menacée par des risques de hausse”

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Les risques sur la stabilité des prix restent à la hausse a déclaré aux députés le Président de la BCE mi-décembre. Dans son dernier "dialogue monétaire" avec la commission des affaires économiques du PE, Jean-Claude Trichet a indiqué qu’il surveillerait "de près tous développements" pour éviter que ces risques se concrétisent. Il a justifié l’utilisation des outils monétaires pour orienter la politique de taux d’intérêts et souligné le bon niveau de création d’emplois dans la zone euro. Pour 2007, a estimé le Président de la BCE, "les conditions restent réunies pour que la zone euro connaisse une croissance robuste, à des niveaux voisins de son potentiel", en dépit de l’existence de risques liés à de nouvelles hausses des prix pétroliers, des politiques protectionnistes ou des "évolutions erratiques dues à des déséquilibres mondiaux".

Les taux d’intérêt "devraient, selon les projections, osciller autour de 2% dans les années à venir", les prix pétroliers, les hausses des impôts indirects et surtout des augmentations salariales plus importantes que prévu constituant autant de facteurs de risque. Ceci, s’ajoutant à "une vigoureuse croissance monétaire et du crédit dans un contexte d’abondantes liquidités", indique "qu’à moyen terme, ce seront les risques haussiers qui influeront le plus sur la stabilité des prix ".

Il est selon lui justifié d’agir "avec fermeté et au moment opportun pour garantir la stabilité des prix". M. Trichet a relevé que "l’emploi a connu durant ces 8 dernières années une croissance de 9,2% et que le taux de chômage a, en revanche, reculé de 1,9%". Si l’on compare les 8 années d’existence de l’euro avec les 8 années précédentes, a-t-il souligné, on note que "11,73 millions d’emplois ont été créés après la création de l’euro contre 2,65 millions seulement pendant la période précédant l’euro".

L’analyse monétaire : élément-clef pour déterminer la politique

Evoquant le "rôle nécessaire et très utile" joué par l’analyse monétaire dans la politique arrêtée par la Banque, M. Trichet a déclaré que "le lien étroit à long terme entre la croissance monétaire et l’inflation constitue l’un des constats empiriques les plus souvent vérifiés dans la littérature économique". Ieke van den Burg (PSE, NL) a voulu savoir si la BCE pouvait accorder aujourd’hui moins d’importance à l’analyse monétaire après y avoir recouru par le passé pour asseoir sa crédibilité dans la lutte contre l’inflation. L’analyse monétaire avait aussi constitué l’une des pierres angulaires de la politique des banques centrales nationales créditées des meilleurs résultats avant l’introduction de l’euro, a répondu M. Trichet. Et la BCE n’adopte pas une approche mécanique, mais opte plutôt pour un travail approfondi d’analyse de la portée réelle des évolutions monétaires, doublée d’une analyse des données économiques, a-t-il ajouté.

Indépendance de la BCE, volatilité des taux de change

Interrogé par Alexander Radwan (PPE-DE, DE) sur les attaques lancées contre la BCE par plusieurs politiciens français qui font porter à la Banque la responsabilité des "mauvais résultats économiques" de leur pays, M. Trichet a insisté sur le fait que les sondages d’opinion réalisés en France démontrent que la population approuve les efforts faits par la BCE, 75% étant favorable à son indépendance.

L’indépendance de la Banque centrale est une décision, a-t-il ajouté, "qui a été prise quatre fois" à l’occasion de trois votes parlementaires et du referendum sur le Traité de Maastricht. Cristobal Montoro Romero (PPE-DE, ES) a estimé que le danger actuel réside dans le taux de change euro-dollar et a souhaité entendre M. Trichet au sujet de ce "frein potentiel à la croissance". Le Président de la BCE s’est borné à répéter la déclaration commune des banquiers centraux du G7 pour lesquels "une volatilité excessive et des mouvements chaotiques des taux de change sapent la croissance économique". En réponse à Udo Bullman (PSE, DE), il a précisé que le taux de change euro-dollar est l’un des nombreux facteurs que la Banque prend en considération dans ses prévisions et décisions.

Pacte de stabilité, productivité de la main-d’œuvre

Wolf Klinz (ADLE, DE) s’est interrogé sur le respect du pacte de stabilité et de croissance révisé par les Etats membres. "Plusieurs pays doivent œuvrer avec beaucoup plus d’énergie à l’optimisation de leurs dépenses publiques, leurs niveaux actuels de dépenses donnant à penser qu’ils ne s’en soucient pas", a mis en garde M. Trichet.

Une amélioration du potentiel de croissance à long terme est "dépendante quasi-entièrement des progrès réalisés en matière de productivité de la main-d’œuvre. Si nous parvenions à égaler la moyenne américaine de production horaire, nous pourrions améliorer de manière très substantielle le potentiel de croissance en Europe", a-t-il indiqué à l’attention de M. Bullman. Cependant, en réponse à John Purvis (PPE-DE, UK), il a également souligné que certains pays européens pouvaient se targuer d’une productivité supérieure à celle des Etats-Unis. "Si nous prenions exemple sur eux, nous ferions des progrès gigantesques", a-t-il ajouté.

Source : Parlement européen, http://www.europarl.europa.eu