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Turquie : procès de l’écrivain Nedim Gursel accusé de blasphème
Publie le jeudi 28 mai 2009 par Open-PublishingISTANBUL — L’écrivain turc Nedim Gursel, poursuivi pour insulte à l’islam, a démenti mardi lors d’une audience devant la justice turque les accusations portées contre lui et assuré de son respect envers les religions.
"Je respecte les (différentes) confessions", a-t-il déclaré après une audience mardi au cours de laquelle son procès a été ajourné au 25 juin. "Qu’un auteur soit poursuivi pour un roman ne correspond pas à la République turque".
L’écrivain, qui vit en France et possède la nationalité française, risque jusqu’à un an de prison s’il est reconnu coupable d’avoir insulté les valeurs religieuses et incité à la haine religieuse dans son dernier livre "Les filles d’Allah".
Nedim Gursel est le dernier d’une série d’intellectuels turcs poursuivis en Turquie dans le cadre des lois qui restreignent la liberté d’expression.
Les poursuites ont été engagées à la suite la plainte déposée par un citoyen turc qui a jugé que son roman, dont l’histoire se déroule au VIe siècle et décrit la naissance de l’islam, était blasphématoire.
L’écrivain, accusé de se moquer de figures de l’islam dans son roman, a assuré à plusieurs reprises que l’ouvrage, publié l’an dernier en Turquie, était une fiction et qu’il n’avait pas l’intention d’offenser les fidèles musulmans.
Lors d’une audience au début du mois, les procureurs avaient reconnu qu’il n’y avait pas de preuve que le livre incitait à la haine, laissant espérer un acquittement.
En 2006, les poursuites engagées contre le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, accusé d’avoir insulté l’Etat turc, avaient finalement été abandonnées sur un vice de forme.
La Turquie a depuis révisé plusieurs lois pour tenter de promouvoir la liberté d’expression et assure que peu d’intellectuels ont de fait été incarcérés. Mais les organisations de défense des droits de l’Homme et l’Union européenne, qu’Ankara espère intégrer, estiment que la législation est utilisée pour harceler les intellectuels dissidents et réclame son abrogation.