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UN ENFANT D’IMMIGRE

Publie le jeudi 22 mars 2007 par Open-Publishing

En temps que citoyen issu de l’immigration, fils de parents kabyles et né à Lyon, je voudrais réagir aux déclarations de Nicolas Sarkozy, faites, il y a un certain temps sur une chaîne de télévision française, visant sans arrêt, le cœur des émigrés, en les prenant pour cibles ou en les désignant comme responsables de toutes les calamités de la vie de ce pays.

Ce n’est jamais de la faute aux autres, c’est toujours de la notre.
Mais lui Sarko, c’est quoi ?

Nicolas Sarkozy, tsar de tout ce qu’il dit, se voyant déjà confortablement assis dans le fauteuil Elyséen de Jacques Chirac le magnifique, a décidé s’il était élu, de créer deux ministères supplémentaires, histoire de s’attirer la sympathie de l’électorat le plus extrême.
Le premier serait « un ministère de l’immigration » et le deuxième « un ministère de l’identité républicaine ».

Que monsieur le ministre de l’intérieur, candidat à la présidentielle, sache, car apparemment, il semble très mal informé, que ces deux ministères en question existent déjà, depuis belle lurette.
Le ministère de l’immigration et le ministère de l’identité républicaine c’est tout naturellement, « La France ».

Je ne m’étendrais pas sur les idées politiques de Nicolas Sarkozy qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles du front national.
Je me contenterais seulement à travers un poème « Un enfant d’immigré » tiré d’un de mes livres de poésie et de mon expérience, je me contenterais donc de le dédier, à tous ceux qui ont connu le racisme, la discrimination, l’injustice et qui refusent que l’histoire se répète, en élisant un jour, un Napoléon d’opérette qui du haut de ses talonnettes se prendrait pour une majorette.
J’ai soudain envie de pisser et c’est là que je me coince dans la braguette.

Je termine ma lettre en apportant mon soutien inconditionnel, physique, moral, et humain, à Marie Georges Buffet, femme d’honneur et de la France populaire, la seule qui puisse à mes yeux et dans mon cœur, rendre au pays la dignité et le respect auquel chaque travailleur et chaque étranger, a droit.
Et derrière laquelle chaque française doit se reconnaître.
 
Vive la 6ème république.
 
 
Mô BOUTALEB auteur engagé et militant antiraciste
 
 
Un enfant d’immigré

L’Afrique est le berceau de toute l’humanité,
 
On a la même racine et donc la parenté,
 
On descend tous du singe, d’une pute ou de la rue,
 
La race humaine est une, gigantesque tribu.
 
La planète appartient à tous ceux qui l’habitent,
 
Et si les vers de terre ne l’aiment pas, qu’ils la quittent,
 
Nos pères ont sacrifié leur vie pour ce pays,
 
Et pour toute récompense, on pisse sur leur famille.
 
 
Trop d’injures et de coups, de préjugés racistes,
 
Le délit de faciès est un crime qui persiste,
 
Né sur le sol de France, un enfant d’immigré,
 
A tout autant de droit qu’un rat apprivoisé.
 
Celui qui pense tout bas qu’la couleur est une race,
 
A besoin d’un psychiatre ou d’se refaire la face !
 
Nos pères ont sacrifié leur vie pour ce pays,
 
Et pour toute récompense, on pisse sur leur famille.
 
 
L’injustice fait la loi et la rue lui répond,
 
Si la jeunesse se tait, l’av’nir c’est la prison,
 
Avec un bon diplôme de toubib ou de flic,
 
On te propose un job de balayeur public.
 
L’identité d’un mec devient son handicap,
 
Dès lors qu’il est bronzé, c’est un voleur de sapes.
 
Nos pères ont sacrifié leur vie pour ce pays,
 
Et pour toute récompense, on pisse sur leur famille.
 
 
Si on est tous, égaux, c’est juste sur le papier,
 
En vrai, au seul prénom, t’es déjà condamné,
 
T’es black, t’es beur, t’es pas, comme on voudrait qu’tu sois,
 
Même si t’es bien fringué, en boite tu n’rentres pas.
 
Faut-il donc faire appel à la violence du sang,
 
Pour avoir le respect, qu’on doit à nos parents ?
 
Nos pères ont sacrifié leur vie pour ce pays,
 
Et pour toute récompense, on pisse sur leur famille.