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Un "Canard" pas si indépendant

Publie le vendredi 2 janvier 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

de Gérald Papy

Mis en ligne le 02/01/2009

Un ouvrage au vitriol contre l’hebdomadaire satirique. L’équipe est accusée de complaisance, fondée, avec François Mitterrand, peu étayée, avec Nicolas Sarkozy.

Marion préféra être "fouille-merde" au "Monde"

C’est un pavé dans la mare du célèbre hebdomadaire satirique français que le journaliste à "Libération" Karl Laske et son confrère de "Paris-Match" Laurent Valdiguié lancent en publiant "Le vrai Canard" (*), ouvrage à charge qui arrive, malgré le plaisir de lecture qu’il continuera sans doute à procurer, à ébranler la confiance que l’on peut placer dans ce journal unique, à la santé financière époustouflante malgré l’absence de recours à la publicité depuis sa création.

Le réquisitoire, il est vrai, est dur. Est-il solide ? L’hebdomadaire qui se fait fort de dénoncer toutes les dérives de tous les pouvoirs est, au plan rédactionnel, attaqué sur deux points. On n’a pas été convaincu par les accusations de copinage que "Le Canard" d’aujourd’hui entretiendrait avec le pouvoir de Nicolas Sarkozy. Selon les auteurs du livre, des membres de l’entourage rapproché du Président français, au premier rang desquels figurerait le fidèle de la Sarkozie, Brice Hortefeux, ministre de l’Immigration, alimenteraient à foison les échos de la page 2 très prisée de l’hebdo, sur les coulisses du pouvoir, au point quasiment de la phagocyter à l’avantage de Nicolas et de Carla. Directeur et journalistes du "Canard" ont répliqué en expliquant légitimement que des contacts avec des personnalités politiques, de tous bords, constituaient une source d’information parmi d’autres, une pratique auquel tout journaliste se plie sans pour autant être accusé de complaisance.

Et qu’un journaliste de l’hebdo, Alain Guédé, soit, par ailleurs, à ses heures perdues, président d’une association, "Le Concert de Monsieur Saint-George", qui a été sollicitée par l’Elysée pour participer à une commémoration de l’abolition de l’esclavage, n’apparaît pas davantage comme une preuve rédhibitoire de dépendance.

Affinités personnelles

L’histoire, qui sait ?, dira si les auteurs du "Vrai Canard" ont flairé une collusion malsaine qui se confirmera dans la durée. En revanche, la deuxième salve d’accusations est bien plus étayée et convaincante. Elle touche au rapport que le journal a entretenu avec François Mitterrand et sa cour. Karl Laske et Laurent Valdiguié égrènent, éléments probants à l’appui, une série de dossiers dans lesquels "Le Canard enchaîné" n’a pas été à la hauteur de la vocation d’empêcheur de magouiller en secret qui a fait sa réputation. Sur l’"affaire des Irlandais de Vincennes", sur les amitiés douteuses de François Mitterrand avec des collaborateurs de l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre, sur les écoutes téléphoniques de la cellule de l’Elysée aussi bien que sur l’emblématique dossier du sabordage du bateau de Greenpeace en Nouvelle-Zélande (lire ci-dessous), les auteurs démontrent que le "Canard s’est enchaîné" à un pouvoir, inédit, qui était proche politiquement de nombre de journalistes et qui était, qui plus est, personnifié par un homme, François Mitterrand, qui avait partagé des années de détention au stalag IX A avec Robert Gaillard, père de l’actuel directeur de l’hebdo, Michel Gaillard.

Faux rapport

S’ajoute à cette charge de l’époque mitterrandienne, un défaut, au moins, de vérification journalistique à propos d’un document accusateur sur l’état-major de l’armée française autour de l’embuscade dont furent victimes des soldats français en Afghanistan en 2008. Tout cela conjugué jette tout de même une solide ombre sur l’indépendance et la crédibilité d’un journal attendu et craint, dans certains cercles de la classe politique, tous les mercredis.

Une ombre que le directeur Michel Gaillard ne parvient pas à dissiper quand il dément les allégations des auteurs du livre, sans répondre en détail sur plusieurs accusations portées, et rappelle qu’ils ont brigué jadis, en vain, un poste au "Canard".

(*) Ed. Stock, Paris, 2008,

http://www.lalibre.be/culture/media...

Messages

  • On dirait que "Le canard", en dépit des taches de goudron sur ses plumes, fait encore des couacs discordants dans la belle chorale unanime de la presse française, où on lit la même chose dans Libé, dans Paris-Match... et dans les autres - possessions des marchands d’arme.

    Qui veut tuer le canard ?

    Résistons AUSSI à la propagande.

  • C’est la chasse au CANARD...

    Tous pourris alors ???

    • le problème ?
      Pour le regarder chaque semaine :
      gentil, très gentil, trop gentil avec Sarkozy...
      Des bruits de "chiottes", des petites "crottes", pas de grosses "merdes" !
      Et pourtant .... ce n’est pas ce qui manque !

      Pas la chasse au canard, la chasse aux connards qui - dans cette rédaction - comme -dans tout wagon de métro - obéissent à la loi des 20/8O.
      20% de bons journalistes et 80% de ... moins bons !

      Mais que le titre reste !
      Surtout !!!!!
      Moins de couacs, plus de prises de bec !

    • "Que le titre reste" ! Malheureux ! C’est ce qui a déjà été fait avec Libé, le Monde, etc... Non ! Que le canard reste ! Avec ses 100% de bon journalistes ! Et que ceux qui veuillent lui ravir son titre se noient, car ils ne savent pas nager.

      Un canard qui n’est pas financé par un marchand d’armes est chose précieuse de nos jours ! Il faut veiller sur cette sale bête comme sur les espèces protégées ! Y compris les dits "nuisibles" !

  • Il n’existe plus qu’un journal d’investigation satyrique en France, Le Canard Enchainé.

    Les autres sont tombés ces dernières années, certains au champ d’honneur, ou pas, en se faisant acheter, par appartements, par des marchands d’armes et des financiers.

    D’autres ont sombré dans les mamours du MEDEF et dans des enflures cérébrales.....

    Mais reste le Canard, toujours le Canard, ce putain de palmipède coriace, fondé il y a 93 ans.

    Ne cherchez pas une ligne politique, ni autre chose......... Ils ont en général l’amour des faits, plaisants ou pas.

    Maintenant on peut être OK ou non sur la façon et le fond politique qui sous-tend leurs commentaires, mais on ne peut leur reprocher nos insuffisances.

    J’entends ici que les coups de bec ne seraient pas assez acérés sur le délirant qui nous dirige. Se reporter please aux articles sur la villa du sieur et son immense talent de négociateur.....

    J’ai pris au hasard le canard du 17 12 08 où il y a près d’une quinzaine de caricatures de Sarko et un grand nombre d’articles qui se foutent de lui.... Sur 8 pages, que veux-t-on ?

    Ce n’est pas un hasard si le canard est attaqué en ce moment (il n’y a plus que lui d’indépendant).

  • POUBELLE !

    on va tout de meme pas faire de la pub à ce bouquin de merde !

  • On n’a plus qu’à espérer que les infos du Canard ne partent pas en direct du siège de la DST . Dite la Piscine . Bon , le doute permis s’installe ! Et petit à petit voilà qu’il s’infiltre partout . Le consensus , ce vieux cygne d’une Léda stérile , demande à voir . Afin de juguler les voies d’eau , cette nécessité de la vraie critique , qui se font jour de partout . Normal , pour un colvert . Les Chimères , à l’instar des mythes grecs , ont vraiment la peau dure . Un peu comme cette vieille francisque 2202 du père Lamitte , qui n’en finit pas de faire le tour de la planète en géostationnaire . Surveillant en cela la barque de Charon voguant peinarde vers les Enfers . Maquillés .

  • UN livre systématiquement à charge contre l’hebdo satirique Ca sent trop la tentative de flingage !
    Les auteurs, trop occupés à vouloir défendre leur thèse (Le Canard pote à Mitterrand, Le Canard bras armé de
    Sarkozy...etc) ne montrent qu’un bout de la lorgnette, ce qui réduit l’intérêt du livre...

  • Pas trop fatiguant, le copier-coller non commenté d’un quotidien ?

    J’avais feuilleté le bouquin, avant de le reposer. Il sent plus le règlement de comptes, la rancune, que l’enquête.
    Le canard a sans doute des défauts, des manies, mais il continue de voler à cent coudées au dessus de la plupart de ce qui encombre les kiosques.
    Les pisse-copie des quotidiens que nous connaissons trop et qui se prétendent indépendants sont trop contents de décocher une flèche à celui continue de leur faire honte.

    Quant à l’« indépendance » de "La Libre Belgique", voici ce qu’on peut lire sur le site de Banc Public :

    « A la Libre Belgique, Jacques Zeegers a longtemps été responsable de sa rédaction et membre de son comité idéologique ; même après l’avoir quittée en 1989 pour l’Association Belge des Banques, il continua à y plaider dans une tribune le principe des privatisations et le démantèlement des acquis sociaux en Europe , sous couvert de modernité et de progrès.

    Christophe Lamfalussy, rédacteur au quotidien depuis 1985, est aussi le fils du Baron Alexandre Lamfalussy, ancien président de l’institut monétaire Européen, qui siège aussi au conseil consultatif international de Fortis. »

    avec de pareils titres d’indépendance, faut-il un dessin ?

    Jean-François

  • Il est journaliste le Papy (gérald) auteur de cet article ? Et il n’a pas remarqué que les deux auteurs du livre balancent à toutes les pages les sources, vraies ou supposées, du "Canard".
    Ca ne lui inspire aucun dégoût, et aucun commentaire ?

    Et ça ne le fait pas crever de rire de voir un rédac-chef de pourri-Match donner d’impériales leçons d’indépendance. On l’a entendu, le moraliste, quand son chef s’est fait virer comme un domestique, rapport à une photo qui avait juste déplu à l’Elysée" ?