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Un appel palestinien à réactiver le partenariat pour la paix

Publie le vendredi 1er octobre 2004 par Open-Publishing
6 commentaires

Un appel palestinien à réactiver le partenariat pour la paix

Par Qaddoura Fares

http://www.miftah.org, le 24 septembre 2004 - Traduction Kol Shalom


Résumé :
Quaddura Fares est Ministre, Membre du Fatah (distric de Ramallah), ancien prisonnier et signataire palestinien des Accords de Genève. Proche du leader palestinien emprisonné Marwan Barghouti, Qaddoura Farès exprime ici le point de vue de nombre de Palestiniens attachés à la solution négociée de "deux peuples, deux Etats" et à la constitution d’un Etat palestinien véritablement démocratique ; ce que l’occupation rend pratiquement impossible. Ses mots souvent très durs, son analyse sans concession à l’égard d’Israël ne doivent pas nous faire oublier qu’il fait partie de ces dirigeants palestiniens pragmatiques et réalistes avec lesquels la paix devient possible.


Ces quatre dernières années de la confrontation israélo-palestinienne, la plus violente et la plus sanglante depuis qu’Israël occupe les territoires palestiniens, prouvent que plus l’occupation continue, plus s’accroissent les souffrances des deux peuples.

Ce n’est pas une coïncidence si les confrontations ont commencé après que les négociations eurent échoué. En dépit de quatre ans de mort et de souffrance, et en dépit des aspects compliqués historiques et religieux de ce conflit et leur impact régional et international, une solution politique est tout de même possible. Et cette solution demeure deux Etats pour deux peuples. Cette solution est acceptée par la majorité des Palestiniens et des Israéliens, et est soutenue par la communauté internationale et compatible avec le droit international.

Si aucun accord de paix n‚a été concrétisé lors de Camp David en 2000, les Palestiniens et les Israéliens reprirent les négociations peu après Taba et parvinrent à être très proches de la finalisation d‚un accord. Mais des facteurs de politique interne à Israël, en particulier la décision du premier ministre de l’époque Ehud Barak d’organiser des élections anticipées et le refus ultérieur du premier ministre Sharon de négocier, ont empêché de conclure sur la base de ce qui avait été mis au point à Taba.

La nécessité d‚une solution de deux Etats comme base de n’importe quel accord est clairement compris par une majorité de Palestiniens et d’Israéliens. La question est de savoir si les dirigeants palestiniens et israéliens peuvent franchir les écarts entre les deux parties sur les aspects les plus délicats. Franchir les écarts nécessite d’abord une volonté d‚y parvenir, ce qui manque totalement au gouvernement actuel de droite en Israël - dont les leaders se sont opposés au processus de paix d’Oslo - manque totalement.

Le gouvernement israélien actuel refuse de négocier un accord final menant à l’établissement d‚une Palestine viable à côté d’Israël. La droite israélienne ne négocie pas : elle impose sa volonté. La meilleure preuve en est l’insistance de Sharon de se retirer unilatéralement de Gaza sans la moindre coordination ou négociation avec les Palestiniens, tout en continuant la construction du mur d’apartheid en Cisjordanie, en étendant illégalement les colonies israéliennes au sein des territoires palestiniens et achevant la clôture de Jérusalem Est sous le prétexte de ne pas avoir de partenaire palestinien pour la paix.

Le refrain du « pas de partenaire palestinien » est utilisé pour justifier des politiques qui prolongent le conflit, et ne le résolvent pas. La logique veut que tout partenariat réussi demande une base solide et un objectif commun. Un partenariat basé sur l’inégalité, dans lequel l’objectif de l’une des parties est de continuer son occupation de la terre de l’autre partie, est voué à l’échec.

Il n’y aura jamais de partenaire palestinien prêt à accepter un accord qui propose moins que les droits nationaux complets au peuple palestinien. Sharon n’a pas encore accepté ce fait, et cherche à la place, à travers des pressions militaires, de changer les dirigeants palestiniens démocratiquement élus, ou leurs positions politiques. Ceci, bien entendu, a lieu avec l’assentiment de l’administration américaine.

Cette stratégie de coercition politique, diplomatique et même militaire, qui vise à changer les dirigeants palestiniens ou à infliger tant de souffrances au peuple palestinien que leur désespoir soit attribué à leurs propres dirigeants, n’apportera pas de changement au sein de la direction. Elle met plutôt en danger l’existence même de n’importe quelle autorité palestinienne quelle qu’elle soit.

La stratégie d’Israël pourrait en réalité mener à la chute des structures gouvernementales palestiniennes formées après l‚accord d‚Oslo. Cela pourrait bien faire partie du plan de Sharon, mais certainement aucune institution n’émergerait ensuite qui serait prête à accepter moins que ce que l‚autorité palestinienne actuelle a accepté comme pouvant faire partie d’un accord mettant fin au conflit. La stratégie d‚Israël est une recette pour un conflit perpétuel.

Avant que l‚une des parties conclue hâtivement qu’il n’y a pas de partenaire pour la paix, les deux parties devraient comprendre la base et le but du partenariat. Pour les Palestiniens, le but du partenariat est de faire cesser l’occupation des territoires occupés depuis 1967 (y inclus Jérusalem Est), d’établir un Etat palestinien souverain à côté d‚Israël, et d’atteindre une résolution juste et acceptée sur la situation des réfugiés en accord avec le droit international, l’initiative de paix arabe et les positions de l‚Organisation de Libération de la Palestine.

Ces objectifs sont en accord avec les propositions de paix que nous avons, moi et d’autres élus palestiniens, développé avec un groupe d‚Israéliens de premier plan lors de l’Initiative de Genève. Cette initiative représente les possibilités d’un partenariat basé sur l’égalité et la justice. La seule chose qui fait défaut est le manque de volonté politique de le faire évoluer d’une initiative à un accord.

Une telle volonté politique, cependant, n’émergera pas spontanément. Cela demande que les Etats-Unis changent fondamentalement leurs objectifs, de la gestion du conflit à la résolution du conflit. Dans d‚autres crises internationales - l‚occupation par l’Iraq du Koweït, l’épuration ethnique en Bosnie et au Kosovo et l’apartheid en Afrique du Sud - la communauté internationale a démontré une claire résolution et un engagement envers la règle de la loi et de la justice. Amener la paix dans la région et mettre fin à l‚occupation israélienne demandera de la même manière un engagement international. Sans lui, le conflit continuera à faire rage. Attendre des évolutions dans les sociétés israéliennes et palestiniennes pour amener la paix est une stratégie perdante.

Beaucoup ont mis leurs espoirs de paix dans une réforme en Palestine. La manière correcte d’atteindre une réforme fondamentale est d’organiser des élections législatives, présidentielle et municipales, ainsi que des élections libres au sein de tous les partis politiques, en commençant par le mien, le Fatah, le principal parti politique palestinien. Une vraie réforme doit aller au-delà du gouvernement et s’étendre à la société civile également. Les élections dans les syndicats, par exemple, permettraient aux syndicats de jouer le rôle auquel ils ont droit dans la construction de la démocratie. Mais il est impossible de mener des élections libres tant que les barrages israéliens restreignent le mouvement des électeurs et des candidats tant que l’armée refuse de se retirer des villes palestiniennes.

Le 13 septembre, Israël a fermé les bureaux d’inscription aux élections
dans la Jérusalem Est occupée afin d’essayer de bloquer les élections. Ceci prouve qu’Israël n’a pas envie de l’élection palestinienne ou du genre de réforme qui pourrait en sortir. Dès lors, c’est à la communauté internationale d’aider à créer les conditions permettant le déroulement des élections.

L’organisation des élections palestiniennes dans une atmosphère paisible - où il y aurait un partenariat actif afin d’arriver à un arrangement et l’espoir au sein du peuple palestinien qu’ils pourront se débarrasser de l’occupation - renforcerait ceux qui croient dans un accord politique équilibré, la démocratie et la réforme. Mais si les élections ont lieu alors que les soldats de l’occupation parcourent les rues, la plupart des Palestiniens n’iront pas voter. Les groupes islamistes auraient une plus grande chance de succès électoral dans ces conditions, puisqu’ils s’appuient sur l’état de pauvreté, de désespoir et de frustration résultant de la répression continuelle d’Israël. La plupart des Palestiniens sont plus libéraux et soutiendrait un accord politique équilibré et la création d’un système politique démocratique. Mais la situation rend silencieuse cette majorité, la tenant éloignée des politiques internes palestiniennes.

La nouvelle génération de Palestine - la génération qui a grandi en connaissant uniquement l’occupation, qui a supporté les arrestations israéliennes et la torture, et a vécu l’occupation sous ses formes les plus brutales - cherche non seulement sa liberté, mais aussi un Etat palestinien démocratique basé sur la séparation des pouvoirs, la règle de la loi, le pluralisme, la protection des droits de la femme et le développement d’une culture politique qui placerait la Palestine au sein des démocraties du monde. Cette génération veut un Etat qui rejette la violence, cherche la coexistence, qui ne soit membre d’aucune alliance militaire et ne permette pas que son territoire soit utilisé pour mener des attaques contre ses voisins. Cette génération demande un Etat qui vive dans la paix et la sécurité avec l’Etat d’Israël et le peuple juif, dont nous comprenons les souffrances historiques. Mais il est temps que ces victimes sentent et acceptent la souffrance de leurs victimes palestiniennes.

Les visions et croyances que j’ai mentionné ci-dessus représentent la position et les idéaux de la nouvelle génération des Palestiniens - une génération dont les valeurs sont le mieux reflétées par mon ami et collègue, Marwan Barghouti, qui est pour l’instant détenu dans une prison israélienne.

Messages

  • Bon raisonnement, mais les bases sont tronquées.

    Comment passer sous silence la charte "palestinienne" qui contient encore le refus de reconnaître Israël.

    Quelle confiance peut on accorder à ce désir de paix quand les trop nombreuses organisations terroristes, soutenues par l"Autorité" envoient des gamins tuer des juifs en leur promettant le paradis.(encore une belle invention) ;

    Sans parler de l’incitation à la haine dans les écoles et les mosquées.

    Si les hommes qui ont une certaine autorité pouvaient être honnêtes et abandonner leur soif de pouvoir ou d’enrichissement personnel au profit de leurs administrés, bien des souffrances seraient évitées.

    Que d’énergie et d’ argent dépensés à tuer, alors qu’une grande majorité n’aspire qu’à vivre en paix.

    Il y aurait encore beaucoup à dire, mais cela vaut - il vraiment la peine d’essayer de convaincre ?????

    • Le commentateur précédent semble pour le moins mal renseigné :

       à propos de la charte palestinienne : les articles mettant en cause l’existence d’Israël ont été abrogés le 26/4/1996
      voir notamment : Charte OLP

       envoient des gamins tuer des juifs en leur promettant le paradis.(encore une belle invention) : accusation régulière de l’armée Israélienne. Jamais eu de preuve ! Propagande haineuse...

       Sans parler de l’incitation à la haine dans les écoles et les mosquées : là encore, pure propagande qui laisse à pense que les palestiniens sont des monstres qui manipulent leurs enfants

      Patrice

    • pour compléter les messages de Patrice....

      Ce n’est pas l’AP qui envoie les kamikazes, mais plutôt le Hezbollah et autres fous de Dieu. Depuis Genève les mentalités changent du côté palestinien et du côté israélien. Des 2 côtés donc, les populations comprennent petit à petit qu’il y a des interlocuteurs pour négocier. Lire l’article sur Jibril Rajoub, conseiller d’Arafat, paru dans le journal israélien Haaretz le 14/09/04 : "Un officiel Palestinien de haut rang a declare que les Palestiniens reconnaissaient Israel en tant qu’Etat juif, dans les frontieres de 67 , et qu’ils n’aspiraient pas a modifier radicalement son equilibre demographique..." Une campagne de communication comprenant israéliens ET palestiniens se développe : http://www.lapaixmaintenant.org/article829

      Malgré ce qui se passe aujourd’hui, nous nous devons de soutenir toutes les initiatives de paix.

      DEF

    • Monsieur Patrice,

      Sans vouloir être désagréable, je me demande si vous êtes naïf ou de mauvaise foi.

      Consultez les manuels scolaires ou les cartes de la région supervisées par l’Autorité" et vous constaterez qu’ISRAEL" n’est mentionné nulle part. Serait-ce un oubli ou peut ètre un déni de l’existence de ce petit pays qui ne demande qu’à vivre en paix aprés les nombreuses guerres imposées par les voisins.

      Que faites vous aussi des jeunes martyrs qui vont se faire exploser dans des bus ou des cafeterias ?
      Est-ce aussi de la propagande. Interessez vous plutôt aux medias qui refusent la désinformation (assez rares en ce molment, je l’admets).

      Quant à l’incitation à la haine, connectez vous sur le site desinfo.com, vous y verrez une video où l’on voit et entend un imam dans une mosquée qui appelle les palestiniens et par extension tous les musulmans à débarasser la terre de tous les juifs. C’est aussi une propagande haineuse ?

      Je vous supplie , si vous répondez, de faire preuve de bonne foi.

      Je ne suis pas contre les palestiniens, seulement contre les sauvages qui ne respectent rien.

    • Arafat veut conquérir la Palestine et voir le drapeau flotter sur Jerusalem gràce au sang de tous les martyrs palestiniens.
      Le hamas veut débarasser la région de tous les juifs, ainsi que les 12 ou 13 groupes terroristes soutenus par l’autorité"
      L’accord de Genève est soutenu du bout des lèvres par l’autorité" pour des raisons strategiques.

      A. Quorei, légitime les attentats et soutient le hamas, alors qu’en principe il devrait les combattre.

      Où est la PAIX dans tout cela.

      Je précise que j’appelle à la paix de toutes mes forces, mais trève de double langage.

      Salutations

      jdany