Un congrès des exorcistes. Les sollicitations de Ratzinger

VATICAN : Des dizaines de religieux du monde entier sont réunis près de Rome.
Le pape encourage les prêtres en lutte contre le démon à "poursuivre leur important ministère au service de l’Eglise". Un cours de formation commence.

de MIMMO DE CILLIS* ROME Traduit de l’italien par Karl&Rosa

Ils sont réunis pour une rencontre à huis clos pour parler des défis qu’affrontent ceux dont le travail est de chasser les démons. Joseph Ratzinger n’a pas voulu priver de son encouragement les participants au congrès des exorcistes italiens, en les saluant lors de l’audience générale d’hier. Environ 180 prêtres et religieux se rencontrent dans une localité des alentours de Rome, appelés par l’association des exorcistes italiens, qui fait tous les deux ans le point de la situation et trace les orientations pour l’avenir d’une profession aussi singulière que difficile.

Le diable, on le sait, est un argument qui aiguise la fantaisie, qui attire des voix sensationnalistes, qui évoque des images violentes et des peurs inavouables. C’est pourquoi les rencontres des prêtres qui s’occupent de la lutte contre le démon sont toujours organisées dans la plus grande discrétion, que le salut chaleureux de Ratzinger a d’une certaine façon enfreinte : le pape les a encouragés "à poursuivre leur important ministère au service de l’église, soutenus par l’attention vigilante de leurs évêques".

Une belle injection de confiance pour le prêtre Giancarlo Gramolazzo, qui préside l’association des exorcistes et développe depuis des années une activité de formation et d’approfondissement qui s’avère précieuse pour les diocèses italiens. En partant, comme il le dit souvent, de la nécessaire démystification de la figure et du mythe "Satan", trop lié à une iconographie classique du monstre avec des griffes et des langues de feu, ou de la fille possédée offerte au public dans le film culte L’exorciste réalisé il y a trente ans par William Friedkin.

Il faut un parcours sérieux d’analyse médicale et psychiatrique pour repérer ceux qui sont définis comme "des cas authentiques de possession". Pour l’église l’existence du démon, du mal absolu, est une des vérités de foi qui, si elle était niée, mettrait en discussion l’architecture toute entière du credo chrétien.

Et un fin théologien comme Ratzinger, des années durant à la direction du ministère pour la doctrine de la foi, a voulu souligner son attention toute particulière pour le métier délicat de ceux qui combattent face à face le mal dans ce monde. Sans oublier le phénomène, regardé outre Tibre avec une préoccupation grandissante, des groupes sataniques et des messes noires qui de temps à autre font la une des journaux, liés à des épisodes extrêmes de violence ou de mort.

C’est précisément pour cela qu’un cours universitaire pour exorcistes est né : les soutanes reviennent à l’école pour apprendre comment on fait pour chasser les démons sans en rester les victimes. L’université papale "Regina Apostolorum" a appelé - pour la deuxième année consécutive - un groupe nourri de médecins, de psychiatres, de théologiens et de spécialistes laïcs à un cycle de leçons pour former des prêtres exorcistes. Fort du succès du premier essai, le cours débute le 13 octobre au siège romain de l’université et, en considération du nombre élevé de demandes, on pourra aussi suivre les leçons en vidéoconférence depuis d’autres sièges en Italie.

Les leçons embrasseront des aspects anthropologiques et psychologiques sur l’ésotérisme du monde juvénile, en traitant aussi des thèmes à caractère biblique, historique et théologique, scientifique et juridique. On prévoit la présence de quelques exorcistes, comme Gabriele Amorth et Francesco Bamonte. Leur œuvre, pense-t-on dans les sacrés palais, est en train de devenir de plus en plus nécessaire : selon les données du "Centre d’études sur les nouvelles religions" (Cesnur) les adhérents à des sectes, en Italie, sont environ un million. Les sectes de matrice occultiste en représentent au moins 30% et celles dont l’ orientation est spécifiquement satanique 9%. Dans la seule ville de Rome seraient actives au moins 44 sectes qui se consacrent à la magie noire.

*Lettera22

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