Accueil > Un frère et pas un ennemi

je sais d’où je viens mais pas où je vais
pour trouver une vie meilleure,
pour moi, mes frères et mes sœurs ;
une vie belle sous la grisaille
mais loin des batailles
qui sévissent dans mon pays.
Ô Mon pays,
C’est pas la joie en bandoulière
Que j’ai passé tes frontières,
Que j’ai pris ce bateau qui tangue
Pour parler de toi dans une autre langue.
C’est pas que je ne t’aimais plus
mais survivant d’un monde vaincu,
je voulais voir au bout du monde
ces pays où les richesses abondent,
ces pays qui viennent chez nous
pour se servir, nous dépouiller de tout
et soutenir des dictatures,
des empires qui ont la dent dure
pour ceux qui rêvent de liberté.
Ô mon pays, je t’ai aimé,
chéri bien au-delà des mots,
au-delà du noir de ma peau,
ce noir que l’on regarde ici
comme une marque d’infamie ;
moi qui pensais qu’on était égaux
dans ces pays où tout semblait beau,
et où je découvre, étonné,
que sous les fastes des beaux quartiers,
la misère ici se répand
jusque dans le cœur des gens,
jusque dans les âmes aux humeurs grises
et que les habitudes brisent
tant et tant qu’on mendie des sourires,
et que dans l’air que l’on respire
des effluves de mort nous assaillent.
Alors, je vais, vaille que vaille,
à la recherche des ces inconnus,
amour au cœur et main tendue,
qui me verront tel que je suis :
un frère et pas un ennemi.
Sans papiers mais pas sans identité,
je sais d’où je viens mais pas où je vais
pour trouver une vie meilleure,
pour moi, mes frères et mes sœurs ;
une vie belle sous la grisaille
mais loin des batailles
qui sévissent dans mon pays.
Mais aujourd’hui,
je marche la tête courbée
par peur de me faire arrêter
lors d’une rafle, d’une battue
comme on pourchasse aux coins des rues
ces déserteurs de la misère,
ceux qui fuient la faim ou la guerre,
ceux pour qui c’est toujours marche ou crève
mais dans le port, sur la grève,
quand j’ai pris ce bateau fragile
pour quitter ma vie difficile,
je me voyais déjà revenir
un peu moins pauvre et pour tout dire,
je me voyais embrasser ma mère
à qui je fais croire pour qu’elle soit fière
que je vis comme en paradis
bien loin de mon pays
que j’ai quitté pour le bout du monde.
Mais je me sens seul et le tonnerre gronde,
Je suis perdu sous la grisaille.
Alors, je vais, vaille que vaille,
à la recherche des ces inconnus,
amour au cœur et main tendue,
qui me verront tel que je suis :
un frère et pas un ennemi.
m. pour O.P.A
***
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L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre - O.P.A
http://www.myspace.com/orchestrepoetique