Accueil > Un hommage est rendu à Paris à Redouane Osmane
Une vie de lutte et d’espoir
Plus d’une centaine de personnes se sont retrouvées à la salle Confluences le 26 janvier 2008, à Paris, pour rendre hommage à Redouane Osmane, dirigeant du Conseil des lycées d’Algérie et militant trotskyste de longue date, décédé le 15 décembre 2007 à l’âge de cinquante-six ans à Alger. Comme le rappelait l’appel à la journée commémorative, Redouane Osmane a dédié sa vie à la défense des plus faibles, au combat démocratique, au droit à l’auto-organisation des opprimés et à l’autonomie des organisations syndicales. Tribun révolutionnaire charismatique et organisateur syndical hors pair, son aura rayonnait bien au-delà des cercles de la gauche radicale algérienne et explique le grand effroi qu’a provoqué sa disparition tragique dans le milieu politique et syndical algérien. De ce fait, des militants et des personnalités de différentes sensibilités de gauche se sont associés à cette commémoration.
Organisé à l’initiative de l’association Pluri-elles Algérie, de camarades, de proches et d’amis, l’hommage s’est déroulé tout au long de l’après-midi. Outre ses anciens camarades du GCR (Groupe communiste révolutionnaire) et du PST (Parti socialiste des travailleurs), on pouvait compter dans l’assistance d’anciens militants du PAGS (le PC algérien), des militants du FFS (Front des forces socialistes), de la LCR avec son porte-parole Alain Krivine, des militants de l’Association des Tunisiens de France et de l’Association des travailleurs marocains de France, ainsi que des universitaires dont Aïssa Kadri, Fanny Colonna et Benjamin Stora.
Présentant le programme de la journée au nom des organisateurs, Sanhadja Akrouf rappela, avec beaucoup de force et d’émotion dans la voix, la perte énorme que constituait la disparition de Redouane pour ses proches et pour tous ceux qui luttent en Algérie. Fouzia Adel quant à elle rappellera le parcours militant de Redouane depuis l’émergence des premiers groupes clandestins d’extrême-gauche et ses premiers pas dans l’activité syndicale jusqu’aux dernières grèves des enseignants et la création du CLA, en passant par les coordinations étudiantes et son implication dans la cause amazigh. Devant un silence de recueillement, avec des paroles simples et poignantes et un vibrato dans la voix, elle dira la dimension humaine du militant en insistant sur l’homme, le frère et le poète qu’il a été.
La parole a été ensuite passée à Redouane lui-même à travers le film inédit de Samia Chahla, Redouane Osmane : Une vie contre les injustices. De belles et rares images où l’on voit Redouane dans les transports et les rues d’Alger discuter avec des passants, des enseignants et des élèves du combat syndical et démocratique avec les mots de tous les jours, avec la force de conviction qu’on lui connaît et la note d’humour qu’il sait sobrement distiller. On le verra aussi parmi ses amis et sa famille avec les propos émouvants de sa mère… Dans la salle, les gorges sont nouées et dans la pénombre, on peut deviner les larmes qui ruissellent.
Difficile de parler devant tant d’émotion, pourtant il fallait bien apporter son témoignage et dire, car Redouane devant une tribune aurait parlé. C’est ainsi que Halim, Wassila, Samia, Abbas, Nadia et d’autres, qui avec un poème, qui avec une anecdote, raconteront Redouane, des aspects de sa personnalité, comment ils l’ont connu, comment ils l’ont perçu et à quel point il a pesé dans leur choix politique. Suivra le témoignage d’Alain Krivine et les interventions de Aïssa Kadri, directeur de l’Institut Maghreb-Europe, qui rapporta la teneur des discussions qu’il a eu en novembre 2007 avec Redouane Osmane sur les perspectives syndicales en Algérie, et celle de M. Bessa, qui rappela les combats pour l’autonomie syndicale aux débuts des années 1980.
Les interventions se sont clôturées a cappella par le chant de lutte Mazalna Thouar, après quoi l’assistance fut invitée à boire le verre de l’amitié et à participer avec Hafid Djemaï au récital de musique chaâbi, où se faufilaient entre deux accords des mélodies arabo-andalouses entrelacées à des achewwiq kabyles et des chants révolutionnaires.
Autant de notes d’espoir pour panser la douleur et la transcender, car la vie reprend toujours le dessus… et la révolution continue !
Amar Yaïche