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Un journaliste stagiaire du "Monde" placé en garde à vue
Publie le mardi 14 juillet 2009 par Open-Publishing4 commentaires

Ue manifestation était organisée en fin d’après-midi lundi 13 juillet à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour protester contre les "violences policières" après qu’un jeune réalisateur de 34 ans, Joachim Gatti a été sérieusement blessé à l’œil le 8 juillet. Après avoir essuyé des tirs de fusées de feu d’artifice dans leur direction, les forces de l’ordre ont dispersé cette manifestation sans ménagement. La maire (Verts) de Montreuil, Dominique Voynet a dénoncé une "démonstration de force totalement inutile" de la part de la police.
Adrien Morin, stagiaire à la rédaction du Monde, qui couvrait la manifestation, a été interpellé et placé en garde à vue, malgré le fait qu’il ait mentionné à plusieurs reprises sa qualité de journaliste. Voici son récit : "J’ai été interpellé vers 21 h 15. La manifestation était en train de se disperser, j’ai soudain été plaqué au sol et j’ai entendu un policier dire : ’Toi aussi, tu viens avec nous’. Ils m’ont attaché les mains dans le dos. J’ai répété à plusieurs reprises que j’étais journaliste, mais ils n’écoutaient pas. Dans le fourgon, il y avait trois policiers qui traitaient les deux manifestants interpellés avec moi de ’sales gauchos’.
Nous sommes arrivés au commissariat de Montreuil et nous avons été regroupés à onze dans une petite pièce de quatre ou cinq mètres carrés. Ils nous ont envoyés dans une salle de fouille où il y avait deux policiers : nous avons été déshabillés, caleçon sur les genoux, et fouillés, ils nous ont enlevé nos lacets et celui qui tenait mon pantalon de jogging et ils nous ont pris nos montres. J’ai redit que j’étais journaliste mais ils n’ont rien répondu.
Nous avons été placés à cinq dans une salle de garde à vue avec deux caméras au plafond et des graffitis sur les murs peints avec du sang et des excréments. Il était sans doute 23 heures, nous n’avions rien mangé ni bu. Nous avons été transférés vers le dépôt de Bobigny, menottés dans le dos. J’ai redit que j’étais journaliste mais personne ne m’a répondu.
Au dépôt, les policiers m’ont proposé de voir un avocat : j’ai rencontré Dominique Tricaud, dans une pièce à part, sans caméras, sans policiers. C’était la première fois que quelqu’un m’écoutait. J’ai ensuite été convoqué par un policier qui m’a dit : ’Si tu es le petit gentil du lot, ils ne vont pas te laisser partir comme ça.’ Pendant l’interrogatoire, le policier disait que j’avais un casque lors de l’interpellation, ce qui était faux. J’ai vu une deuxième fois l’avocat, qui m’a dit qu’il avait fait son possible auprès du procureur et qui m’a un peu remonté le moral. Je suis sorti à 6 heures 30 du matin."
Messages
1. Un journaliste stagiaire du "Monde" placé en garde à vue, 14 juillet 2009, 20:44
La France d’en haut montre chaque jour sa détermination à museler, à briser et à
emprisonner la France d’en bas.
La France n’est plus une démocratie, je me demande si elle a vraiment existé en ce bas monde.
2. Un journaliste stagiaire du "Monde" placé en garde à vue, 15 juillet 2009, 10:36, par Cerise
S’il n’y-a pas avec ce genre de dérives une remise en question à terme des forces de Police et des lois sécuritaires du gouvernement c’est qu’on a véritablement de quoi s’inquiéter. Le problème étant toujours le même, celui du traitement de l’information par les médias les + populaires, c’est à dire les chaînes hertziennes notamment, aucune n’insistera sur ce sujet. On peut tous imaginer la rage que fait monter ce genre d’expérience, humilié, rabaissé, insulté, violenté, violé dans sa dignité même, avec en face ce que l’on appelle, et qui sont... des hommes comme nous mais avides de puissance, qui nous rappellent avec jouissance notre pauvre petite condition misérable de citoyens face à eux, impuissants !
Si les Français étaient conscients de cette injustice et de cette violence il ne ferait pas un pli pour eux que dans ces mêmes conditions, ils ressortiraient du poste nauséeux, avec comme volonté première celle de faire la lumière sur le sujet, de rétablir les faits. Mais les Français sont sourds à cet appel et la 1ère cause de cette situation c’est encore une fois le traitement de l’info qui fait des luttes, de la conscience politique et citoyenne un espèce de spectre immonde qui resurgit comme par le passé avec le masque des quartiers populaires, des anars, des communistes, et donc de la violence, du trafic illégal, de l’inculture... du terrorisme ! L’enjeu est là, celui de faire comprendre que vue la situation actuelle, la jeunesse des quartiers populaires pourrait être au contraire beaucoup + violente qu’elle ne l’est actuellement, et qu’elle fait bien + souvent preuve de maturité à l’égard du traitement qui lui est infligé, que le gouvernement qui lui, est la véritable racaille, le voyou, le voleur et le délateur...
L’autre problème, (en lien avec l’image que l’air ambiant véhicule aux français sur les mouvements de révolte) c’est l’individualisme, le fait de se foutre de ce genre d’actualités parce qu’on est sûr d’être de toute façon à l’ abris puisque pas engagé et pas affecté par les violences policières. Du reste, ce genre d’info enracine bien plus le peuple dans son individualisme, par peur, par crainte, par manque de confiance en ce que le voisin gaucho peu lui apporter, alors qu’il devrait souder les peuples et les faire s’entraider !
1. Un journaliste stagiaire du "Monde" placé en garde à vue, 15 juillet 2009, 11:56, par Orphée
Le pire c’est que vu la mise en scène et le protocole c’est une expérience dans un cadre préparé. Ce qui restait autorisé par le Patriot Act des préliminaires scénographiques de la torture qui se réalisait à Abu Graïb et qui a marqué les prisons de la CIA en Europe apparaît soudain comme un protocole de police "dissuasif" intégré en France. C’est terrible ce que révèle l’arrestation de ce journaliste pour le dissuader d’informer.
3. Un journaliste stagiaire du "Monde" placé en garde à vue, 15 juillet 2009, 19:06, par alter
L’information a été également donnée sur France Inter , ce matin ; le journaliste s’est exprimé sur son interpellation , il avait encore des trémolos dans la voix...
J’ai été atterré..