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Un monde sens dessus-dessous : violence et non-violence

Publie le jeudi 2 septembre 2004 par Open-Publishing

La rédaction de Quibla

L’actualité de la “rentrée” est plus que jamais faite de “bruit et de fureur” et, pour continuer à citer Shakespeare, elle continue à “être racontée par un idiot”. Qu’on en juge plutôt : exécution de douze otages népalais en Iraq, suivie d’une émeute anti-musulmane à Katmandou, au cours de laquelle la mosquée de la capitale népalaise a été ravagée, attentat à Bir Saaba (“Beer Sheva”) faisant 16 morts, attentat dans le métro de Moscou faisant une dizaine de morts après deux crashes d’avion plus que suspects faisant 90 morts, prise d’otages massive (120 à 150 personnes, dont de nombreux enfants) en Ossétie du Nord.

Moins sanglante, la Convention nationale du Parti républicain à New York a suscité la plus importante manifestation contre Bush et sa guerre en Iraq qu’aient connu les USA. 900 manifestants ont été arrêtés et de nombreux autres blessés. Quant à l’actualité française, elle reste dominée par deux affaires affligeantes : l’incendie du centre social de la rue Popincourt, presque certainement commis par un juif inspiré par une série télévisée tournée sur place et non diffusée, et surtout, l’affaire des deux journalistes français retenus en otage en Iraq par une “armée islamique” qui exige en échange de leur libération l’abrogation de la loi française contre le port du hijab à l’école.

Fait unique dans l’histoire contemporaine, cette prise d’otages a suscité une condamnation unanime, du Hezbollah au Hamas et à Arafat, en passant par tous les partis et mouvements musulmans ou islamistes de France et du monde arabo-musulman. Le soupçon d’une manipulation de services secrets est essentiellemnt accrédité par les étranges déclarations d’Iyad Allaoui, le Premier ministre fantoche de Bagdad, selon lequel cette affaire devrait convaincre la France de s’engager en Iraq. À croire qu’il serait le commanditaire de cette opération.

La tentative de la société palestinienne, unie derrière ses fils emprisonnés en grève de la faim pour la troisième semaine, de développer un mouvement non-violent de masse, avec la bénédiction d’Arun Gandhi, le petit-fils du Mahatma, pour trouver une alternative à la désespérance des opérations-martyre, semble étouffer sous la violence brutale qui déferle aux quatre coins de la planète. Pourtant, cette tentative, qui illustre l’intelligence de la population palestinienne, mériterait de faire la “une” de tous les médias, qui se prétendent tous opposés à la violence, alors qu’ils en font leurs choux gras, minute après minute.

On verra, samedi 4 septembre, si le mouvement international de solidarité avec le peuple palestinien est capable de servir de caisse de résonnance à cette lutte originale et vitale du peuple palestinien et de ses enfants, victimes de la plus grande prise d’otages qui soit. 8 000 otages palestiniens ont lancé depuis le 15 août un appel au secours à l’ensemble de l’humanité en déclenchant une grève de la faim illmitée. Répondons à cet appel, de manière massive et unitaire, en laissant de côté les divergences et la mentalité concurrentielle.

L’enjeu est suffisamment important pour que les mouvements de solidarité avec la Palestine prennent exemple sur les Palestiniens eux-mêmes, qui pratiquent l’unité d’action : la grève de la faim est en effet conduite par une direction nationale et islamique unifiée , où se retrouvent toutes les sensibilités politiques. L’ennemi, lui, ne fait pas de distinctions subtiles dans la guerre d’éradication qu’il mène contre la résistance. Oublions donc les querelles de chapelles, de confréries, de sectes et de boutiques pour défendre efficacement une cause juste.

La rédaction de Quibla

PS : Une prise d’otages de trop. Dans notre soutien indéféctible à la résistance des peuples du Caucase contre les barbares russes, nous sommes obligés aujourd’hui d’émettre plus qu’une réserve : une condamnation de l’ opération en cours en Ossétie du Nord. Même si Poutine refuse de reconnaitre l’échec de sa campagne militaire en Tchétchénie. Même si les tortures, les mutilations, les assassinats de moujahidine et de civils se sont multipliés depuis quelques mois.

Même si les crimes de l’armée russe contre des milliers d’enfants Tchétchènes resteront impunis, le choix de prendre en otage des enfants ossètes et leurs parents le jour de la rentrée des classes est plus qu’une erreur stratégique, c’est un acte étranger aux lois de la guerre, islamiques ou autres. Espérons que les Tchétchènes relâcheront au moins les écoliers avant le massacre final.

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