Accueil > Un mot qui fait peur : DECROISSANCE
Un mot qui fait peur : DECROISSANCE
Publie le mercredi 11 avril 2007 par Open-Publishing9 commentaires
Un mot qui fait peur : Décroissance.
Par Michel MENGNEAU
A juste titre certains vont dire : « Tiens, en v’là un qui veut qu’on s’éclaire à la bougie et qui sans complexe se sert de l’ordinateur pour écrire son article ! ».
Certes, la problématique semble paradoxale ! Et c’est bien là qu’il y a matière à réflexion. A l’évidence, il ne s’agit pas en aucune manière de vouloir remettre en cause inconditionnellement les avancées technologiques, mais de savoir ce qu’elles peuvent véritablement nous apporter, comment les utiliser, comment les gérer, comment les adapter aux besoins de mieux vivre des humains sans qu’elles détruisent irrémédiablement l’équilibre écologique instable de la planète.
La prise de conscience actuelle, déjà un peu tardive, des peuples, des politiques, sur le réchauffement climatique dû aux emissions de gaz à effet de serre en particulier, pour ne prendre que cet exemple, nous pose question sur la justification d’une croissance exponentielle. Car l’on sait que 20% de la population mondiale utilise 80% des ressources naturelles. Et comme il n’y a aucune raison à ce que les 80% délaissé ne puisse vivre avec la même soi-disant qualité de vie que les 20% de nantis, nous allons donc dans un mur. Ce qui, en faisant abstraction des dégâts écologiques déjà prévisibles, peut aussi conduire à des conflits d’intérêts importants entre les populations.
C’est donc aux favorisés de faire un effort et d’envisager leurs habitudes différemment afin de construire une société mieux répartie, et par conséquences de ne plus concevoir la productivité et le profit comme des priorités obsessionnelles.
Le premier constat est celui des matières premières issues des énergies fossiles. Nous vient donc tout de suite à l’esprit la raréfaction du pétrole tant cela inquiète le monde capitaliste, néanmoins, la plupart des minerais sont à la même enseigne.
Particulièrement l’Uranium qui est un minerai rare et dont déjà l’on estime les réserves aux alentours de 55 ans. Si sous prétexte que le nucléaire n’émettant pas de rejet polluant l’on augmente les capacités de production, le prétendu bien fondé de la crédibilité, de la pérennité de ce genre de générateur d’énergie sera à reconsidérer sous peu. Tous ceci sans parler du danger potentiel des centrales nucléaires et de leurs récurrents problèmes de déchets.
Normalement la Nature qui fait bien les choses se régénère naturellement et aussi s’adapte parfois à certains changements biologiques, mais avec l’accélération industrielle des 50 dernières années, elle ne suit plus, elle est totalement dépassée pas notre besoin de croissance. Donc il va falloir chercher ailleurs des solutions.
Très conventionnels, pour ne pas faire disparaître les habitudes de consommations à tout va du tout un chacun, cela afin de préserver le système ultra-capitaliste actuel, nos politiciens traditionalistes conseillés par des technocrates à courte vue ont pondu le concept du « développement durable ». Pour ne pas rompre le cycle de productivité infernale dans lequel nous sommes entré, il suffira de continuer dans cette voie en tentant de préserver la planète par des solutions, disons écologiques dans certains cas, et dans beaucoup, prétendues écologiques. Chacun ira de sa petite éolienne, de son capteur solaire, de sa maison hyper calfeutrée, etc., sans que cela apporte véritablement un changement efficient. Le pire sans doute ce sont les bio-carburants qui semblent une priorité pour les sphères économiques étasuniennes et européennes tant leurs rapports spéculatifs semblent être juteux, mais qui risquent dans la conception que l’on veut nous proposer de créer des formes de pollutions non contrôlées. Dues aux engrais, pesticides, arrosages intempestifs, et n’oublions pas la prolifération des OGM. Si certaines de ses solutions ne sont pas à rejeter, au contraire, pour que leurs efficacités soient péremptoires elles doivent être liées à une consommation moindre. Par exemple diminuer considérablement le parc automobile. Il s’agit donc bien de Décroissance et non pas de développement durable qui ressemble plus à une « fumisterie » qu’à une vue prévisionnelle sensée et à long terme de notre avenir.
L’écologie est l’un des maillons des solutions qui nous permettrons de sauvegarder notre planète, mais l’on doit donner la priorité avant tout à des valeurs humanistes et non à une société basée que sur un système économique libéral dont le but est d’engranger le maximum de profit. Donc déjà un nouveau regard sur notre vie de tous les jours, nos habitudes de consommations, notre rapport trop individualiste envers le monde environnant ouvriront la porte à une nouvelle conception du monde de demain.
Cela implique une politique nouvelle où les richesses seraient mieux réparties, donc, plus de services publics, une vue différente sur les moyens de transport, l’eau déclarée Bien commun de l’Humanité et non dans les seules mains des sociétés multi-nationales, un recyclage des déchets géré par les collectivités, une conception de l’agriculture moins tournée vers la productivité, des moyens importants donnés à une recherche dont les objectifs ne seraient plus spéculatifs -problèmes liés aux brevets, entre autres-, etc.
C’est donc à nous d’ouvrir la voie à une nouvelle conception de la société, et ceci doit se concrétiser dans les urnes par un refus des candidats qui ne rejettent pas le système capitaliste actuel.
Messages
1. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 11 avril 2007, 11:54
perso OK pour la décroissance et en partie ce ce que tu as ecrit, apres la décroissance ne commence t’elle pas par faire du zéro papier ?
2. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 11 avril 2007, 13:45
Mengneau, 100% D’ACCORD AVEC TON PAPIER !! .-)
Pourquoi une telle pensée (celle que tu as si bien mis en mots) n’est-elle pas celle de tous les humains de ce monde ?
Pourquoi ?
Parce que les plus RICHES ET DONC les plus PUISSANTS tentant de contrôler toutes situations à leur seul avantage REPRODUISENT IN EXTENSO et démultiplient LEUR CUPIDES ET ÉGOÏSTES FOLIES MEURTRIÈRES.
Alors... comment faire ?
COURAGE !
R . B de http://wwwlavie.over-blog.com
1. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 11 avril 2007, 15:01
Justement non, ce sont les riches qui peuvent se permettre de se lamenter sur "l’opulence"...
Si on ne crée plus de richesse on ne pourra pas la partager.
Léo
3. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 11 avril 2007, 16:33
Il me semble que "La croissance" en (général), n’ est pas nécessairement synonyme d’augmentation phénoménale de la quantité de matière première consommée (ex : les logiciels, les médicaments, les nano-technologies... )
Il est vrai que les réserves d’uranium au coût actuel du marché sont de 80 années pour un parc à eau légère. Mais,
1) l’incidence du prix de l’uranium sur le prix du KW/h est très faible, et donc on peut sans problème majeur envisager des prix beaucoup plus élevés pour fabriquer le combustible.
2) Avec des centrales à neutrons rapides (qui permettent en plus de brûler les déchets, ( actinides, plutonium...) cette capacité peut être multipliée par 100. D’ autre part, cette "extorsion" des réserves naturelle de la terre est négligeable par rapport à la quantité d’uranium contenue dans le noyeau de la terre , dont la radioactivité naturelle produit 87 % de la chaleur terrestre ( et est de plus de 100 fois supérieure à celle due aux centrales nucléaires, Tchernobyl compris).
A part cela je suis d’accord pour dire que la fuite en avant dans une consommation morbide n’ est pas une voie souhaitable pour l’avenir de l’espèce humaine. Mais que proposez vous concrètement ? Vous comptez sur la bonne volonté des individus et des "peuples" ? ... Et ceux qui ne se conforment pas aux recommandations , on en fait quoi de ces sociaux- traîtres ? ( Oh mânes de Robespierre..!) . S’ il faut adapter les structures économiques et sociales, vu que la recherche du profit privé ne pourra plus être le moteur de la production (- et c’ est très bien - mais il faudra tout de même produire un minimum-) vous envisagez de nationaliser toute l’ économie ? de décréter l’autogestion ? ... dites moi tout.
Concrètement, elle marche comment la société que vous voulez . Je n’ai rien contre à priori, je suis moi même à la recherche d’un "autre monde " possible. Le problême c’est que je m’ aperçois que beaucoup d’ autres mondes sont possibles et que , passé le temps enthousiaste des slogans généraux ( creux ? ) on s’aperçoit qu’ on n’ est d’accord sur rien.
4. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 11 avril 2007, 17:39
Je suis toujours surpris par l’opposition faite entre décroissance et développement durable. Si nous menons une vraie politique de rénovation des logements ( isolation ; utilsation du solaire thermique et photovoltaique) cela s’appelle une nouvelle croissance du PIB sobre en énergie fossile. Les exemples peuvent être multiplier aisément.
Le débat devrait porter sur la nature de la croissance et non pas sur la décroissance dans l’absolu.
sinon nous tombons dans la morale austère... et chacun que les consommateurs ne suivront pas.
GB
5. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 11 avril 2007, 18:47
La décroissance a pour conséquence la baisse de l’activité. Hors historiquement la hausse de la population va avec celle de l’activité, donc de la croissance.
Evitons le terme décroissance et parlons plutôt de croissance maitrisée, ca éviterai de retomber dans les travers du Malthusianisme...
– [http://fr.wikipedia.org/wiki/Malthusianisme]
et oui, l’idéologie fait de drole de retour en arrière parfois, même repeinte aux couleurs de l’écologie.
– [http://briant.gauchepopulaire.fr]
6. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 12 avril 2007, 15:04
Décroissance ! ... décroissance ! .... décroissance ! Criez autant que vous voulez, cela ne servira à rien si vous n’allez pas au bout de l’analyse. C’est que la recherche de gains de productivité et de profit ne sont pas "des priorités obsessionnelles" ... C’est la loi du système capitaliste. Tout votre descriptif était déjà en filigrane dans un texte de 1848 que vous connaissez probablement :
"... La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux. [...] Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d’idées antiques et vénérables, se dissolvent ; ceux qui les remplacent vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés.
Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.
Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l’adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n’emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles- mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations.
[...] Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l’amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elles la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.
La bourgeoisie a soumis la campagne à la ville. Elle a créé d’énormes cités ; elle a prodigieusement augmenté la population des villes par rapport à celles des campagnes, et, par là, elle a arraché une grande partie de la population à l’abrutissement de la vie des champs. De même qu’elle a soumis la campagne à la ville, les pays barbares ou demi- barbares aux pays civilisés, elle a subordonné les peuples de paysans aux peuples de bourgeois, l’Orient à l’Occident.
La bourgeoisie supprime de plus en plus l’émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence fatale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout juste fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier.
La bourgeoisie, au cours de sa domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productives plus nombreuses et plus colossales que l’avaient fait toutes les générations passées prises ensemble. La domestication des forces de la nature, les machines, l’application de la chimie à l’industrie et à l’agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la régularisation des fleuves, des populations entières jaillies du sol ‹- quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles forces productives dorment au sein du travail social ?"
Marx précise plus loin que la bourgeoisie est "l’agent sans volonté propre et sans résistance" du progrès de l’industrie. On pourrait dire de l’économie en général, du productivisme effréné et de tout ce qu’il induit de destructions et de misères ... Il s’agit bien d’une loi ... qui est celle du Capital ... et il ne saurait en être autrement ... sauf à abolir l’appropriation privée des moyens de production et d’échange ! Mais c’est là, bien sûr, que commencent de grandes questions et c’est là, à mon avis que devrait commencer votre réflexion. JPL - Manosque
1. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 12 avril 2007, 21:07
JPL de Manosque ta démonstration par MARX interposé me/nous semble si PERTINENTE que nous avons décidé d’en faire ’une page entière’ sur notre Site et de la relayer sur BELLACIAO comme tu pourras la lire sous le titre :
"L’APPROPRIATION PRIVÉE des moyens de production et d’échange fait que..."
REMERCIEMENTS FRATERNELLES DE NOUS TOUS !
"Un jour viendra... couleur..." ;-)
R . B de http://wwwlavie.over-blog.com
2. Un mot qui fait peur : DECROISSANCE, 17 avril 2007, 13:42
Il serait temps de de replacer l’émancipation collective et individuelle au coeur de la politique,
il faut aussi essayer de voir que la société ne doit pas toujours aller d’un moins vers un plus, c’est une vision très occidentale que les politiques et institutions tentent d’imposer. il existe des systèmes sociaux qui fonctionnent très bien et qui sont cyclique et non linéaire.
Il existe beaucoup d’alternatives pour sortir au moins un petit peu de cette logique imposée.
Soyons objecteur de conscience !