Un président dangereux et malfaisant

Ne sachant plus que faire pour remonter dans les sondages, séduire ses hôtes du Comité Représentatif des Institutions Juives, occulter l’appauvrissement des salariés et conjurer l’échec électoral annoncé aux municipales, Sarkozy déclare vouloir confier à chaque enfant de CM2 la mission de « parrainer » la mémoire d’un enfant juif assassiné par les nazis...

Passons sur la forme monarchique de cette « décision » prise sans consulter le gouvernement, sans parler du parlement ni a fortiori du corps enseignant corvéable à merci : la confusion proprement totalitaire des pouvoirs caractérise un aspirant-dictateur qui prétend dire la loi sans s’embarrasser des formes constitutionnelles.

Il y aurait également beaucoup à dire sur la participation ès qualités de Sarkozy, censé garantir la laïcité de l’Etat, à un gala organisé par un comité représentatif d’institutions d’essence religieuse, au mépris de la loi laïque de 1905 qui stipule que « la République ne reconnaît, de salarie ni ne subventionne aucun culte ».

Sur le fond, quoi qu’en ait dit le servile Hollande, second couteau de l’UMPS et toutou rosâtre de l’Elysée, cette proposition n’a pas plus à voir avec le devoir de mémoire que la décision sarkozyste de dénaturer la mémoire de Guy Moquet pour gommer la nature anticapitaliste de la résistance communiste au fascisme.

En réalité, ce que l’école doit enseigner aux élèves pour honorer les martyrs du IIIème Reich (qui outre les millions de victimes juives, tsiganes, communistes, exterminées dans les camps, a mené contre l’URSS une guerre d’extermination qui a fait 25 millions de morts), c’est la vérité historique.

Pour combattre le fascisme, le racisme et l’antisémitisme, l’Ecole publique doit instruire les enfants en expliquant les faits ; il faudrait pour cela que les manuels d’histoire en usage cessent de faire l’impasse sur le caractère anticommuniste, antisoviétique, contre-révolutionnaire, anti-syndicaliste, anti-jacobin du nazisme, cette expression exterministe de l’impérialisme allemand qui rêvait d’une Grande Europe blanche du capital colonisant l’Afrique et l’Europe de l’Est, éradiquant le marxisme et le syndicalisme, asservissant la Russie et la Yougoslavie, persécutant les « métèques » et autres travailleurs « apatrides » issus de l’immigration.

Ce n’est pas en suscitant une émotion culpabilisante, traumatisante et dangereusement équivoque, que l’école républicaine donnera à la jeunesse les outils critiques pour combattre l’extrême droite ; pour cela, l’école doit fournir des explications scientifiquement fondées sur le fascisme sans crainte d’éclairer les liens du nazisme avec le grand capital, dont les exterminateurs Hitler, Mussolini, Franco et Cie furent la phalange de choc.

A l’inverse, Sarkozy prend en otage la mémoire du génocide anti-juif pour imposer aux enfants d’aujour-d’hui une absurde culpabilité qu’ils n’ont pas à porter : les seuls coupables furent l’Allemagne nazie, Vichy, la politique munichoise des « élites » franco-britanniques et du grand patronat « français » qui s’exclamait « plutôt Hitler que le Front populaire » et qui se vautra dans la « collaboration ».

Comment en outre ne pas suspecter d’arrière-pensées sordides un chef d’Etat qui feint de pleurer sur la shoah, mais qui soutient l’occupation US de l’Irak, laquelle a déjà causé la mort de centaines de milliers d’enfants irakiens ? Un chef d’Etat qui encense Israël sans se soucier que ses dirigeants colonialistes, dévoyant la mémoire des enfant juifs victimes de Hitler, abattent sans pitié les gavroches palestiniens qui affrontent à mains nues les chars ultra-modernes de « Tsahal » ? Comment ne pas dénoncer le racisme latent de la décision de Sarkozy quand il s’avère qu’elle est aussitôt suivie d’un propos nauséeux du même individu déplorant que les enseignants français n’aient pas affaire dans leurs classes qu’à de « chères têtes blondes » ?

Sarkozy se livre à cette gesticulation au moment même où le but proclamé de sa « rupture » est de « démanteler systématiquement le programme du Conseil National de la Résistance » (aveu du PDG D. Kessler dans Challenges de novembre 2007), d’en finir avec les conquêtes de la Résistance et du Front populaire (sécu, retraites, services publics, statut du fonctionnaire, droit du travail, CNRS, justice spécifique des enfants, etc.…), d’expulser chaque mois 25 000 ouvriers immigrés, de rafler et de concentrer dans des lieux de rétention des familles entières de « sans papiers » non européens, bébés compris, d’araser l’héritage de la Révolution française (constitution européenne bis substituée à la souveraineté nationale, laïcité mise à mal par les déclarations à répétition du président sur « Dieu »), etc.

Ce n’est pas au fascisant Sarko d’éduquer la jeunesse à l’antifascisme : il revient au contraire aux jeunes, qui ont rejeté Sarko en 2007 après avoir majoritairement refusé l’euro-constitution en 2005 et le CPE en 2006, de rappeler à Sarkozy notre 1ère constitution républicaine qui stipulait hardiment : « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».

Quant aux salariés qui défendent les salaires et l’emploi des forges de Grandange aux Carrefour de Marseille, ils ne se laisseront pas détourner de leur lutte par les indécentes diversions d’un pouvoir sur la voie du discrédit complet.