Accueil > Un problème politique majeur pour tous les gouvernements européens.

Un problème politique majeur pour tous les gouvernements européens.

Publie le samedi 18 octobre 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

La crise : après les banques, l’économie réelle.

Les marchés redoutent désormais une récession profonde et durable, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Sans une politique budgétaire plus offensive, leurs craintes risquent d’être autoréalisatrices.

Par Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques.

Les chefs d’Etat réunis lors du G7 du 3 octobre dernier puis du sommet de la zone euro deux jours plus tard semblaient avoir enfin trouvé une parade de nature à calmer la panique financière en organisant de façon suffisamment coordonnée des plans massifs associant recapitalisation des banques et garantie des crédits interbancaires. Pourtant le répit n’a été que de courte durée sur les marchés financiers et la situation demeure très incertaine. Pourquoi ?

Principalement parce que les craintes principales se sont déplacées de la sphère financière au sens strict vers la sphère réelle. Les acteurs financiers redoutent désormais une récession profonde et durable tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Tandis que la Chine ou l’Inde, qui, mesurées en dollars ou en euros, restent encore de « petites » économies, pourraient bien connaître elles aussi un ralentissement marqué et des troubles financiers graves compte tenu des bulles spéculatives qui s’y sont également formé.

Si ces anticipations devaient se réaliser, les mesures massives déjà annoncées pour sauver la sphère financière, enfin suffisantes pour effacer les créances douteuses liées aux crédits subprime américains, s’avéreraient évidemment très insuffisantes pour faire face aux conséquences sur la sphère financière elle-même, de la faillite d’acteurs comme General Motors ou Ford, de défauts de paiement généralisés sur les encours de cartes bleues des consommateurs américains suivies de dépôts de bilan en chaîne en Europe d’acteurs majeurs du bâtiment, de la distribution, de l’automobile... D’où les inquiétudes actuelles et la faible efficacité finalement des mesures pourtant massives décidées début octobre.

Or au niveau du soutien de l’activité économique réelle, les réponses politiques restent pour l’instant très insuffisantes. Les mesures prises au niveau de la finance ont en effet pour but d’empêcher ce qu’on appelle le « credit crunch », en rétablissant la capacité à prêter du système financier. Fort bien, mais si les financiers pensent que les ménages et les entreprises qui leur demandent des crédits ne seront pas capables de les rembourser du fait de la récession qui menace, ils ne leur prêteront pas quand même. Et sur le simple plan de la prudence financière ils auront raison : on ne va pas se mettre à leur reprocher maintenant d’être trop prudents... Du côté du soutien à l’économie réelle il faudrait aujourd’hui surtout pouvoir compter sur la politique budgétaire.

Mais côté américain, les doutes sont nombreux sur la capacité de réaction à ce niveau. Tout d’abord pour des raisons politiques : il n’y a pour l’instant plus de pilote dans l’avion, ni à la Maison Blanche ni au Congrès et il faudra attendre début 2009 pour que les nouvelles équipes soient opérationnelles. De plus beaucoup de cartouches ont déjà été utilisées et selon toute vraisemblance, les Etats-Unis vont déjà se situer aux alentours de 10 % du PIB en déficit budgétaire l’an prochain et, quelle que soit la solidité de l’Etat fédéral et sa crédibilité sur les marchés financiers, il paraît douteux qu’ils puissent aller nettement au-delà à court terme. Tandis que, du côté européen, l’Union européenne reste prisonnière du pacte de stabilité, même interprété de façon « flexible ». Elle n’a en effet manifesté pour l’instant aucune volonté d’aller au-delà de laisser jouer les « stabilisateurs automatiques » comme disent les spécialistes. C’est-à-dire de ne pas tailler dans les dépenses pour compenser les pertes de recettes publiques liées à la récession.

Or cette attitude purement passive n’est plus du tout à la hauteur des craintes qui sont désormais celles de nombreux acteurs économiques, et pas simplement d’acteurs financiers. Et ces craintes elles-mêmes sont autoréalisatrices, comme disent les économistes. Si les entreprises redoutent une récession à venir, elles cessent d’investir, elles licencient... De même les ménages réduisent leurs consommations, repoussent leurs achats de voitures, de maisons... Provoquant et aggravant la récession elle-même.

Sans signal fort au niveau budgétaire de la part des gouvernements européens, ce scénario noir risque bien désormais de se réaliser.

A quoi s’ajoute un problème politique majeur : il n’est pas possible de vendre aux peuples européens qu’on a été en mesure de trouver 1 700 milliards d’euros en quelques heures pour venir au secours des financiers imprudents, mais qu’on n’est pas en mesure de dépenser plus d’argent public en Europe pour construire des logements sociaux, pour construire des crèches, ou encore pour isoler les bâtiments.

Rarement l’avenir de l’économie mondiale aura si fortement dépendu de l’attitude des gouvernements européens. Seront-ils capables dans l’urgence de sortir des règles qui paralysent leurs politiques budgétaires comme ils ont été, finalement, capables de ranger au placard celles qui leur interdisaient théoriquement de renflouer leurs banques ?

On le saura bientôt...

http://www.alternatives-economiques.fr/la-crise---apres-les-banques--l-economie-reelle_fr_art_633_40463.html

Messages

  • FACE À LA CRISE MOBILISATION CITOYENNE POUR IMPOSER NOS EXIGENCES

    Nous n’avons pas à payer leur crise !

    par Solidaires

    samedi 18 octobre 2008........... :

    BRISER LES REINS DE LA FINANCE POUR MIEUX RÉPARTIR LES RICHESSES

     Limiter la liberté de circulation des capitaux et interdire toute transaction financière avec les paradis fiscaux.

     Abandonner les normes comptables basées sur la valeur de marché.

     Créer des pôles financiers publics, y compris au niveau européen, et encadrer les politiques bancaires.

     Instaurer un crédit peu onéreux en faveur de l’investissement productif.

     Contrôler démocratiquement la Banque centrale européenne et abandonner les critères de Maastricht.

     Interdire la titrisation, les transactions de gré à gré et fermer les marchés à terme.

     Taxer les transactions financières et les profits distribués aux actionnaires.

     Protéger et soustraire l’épargne populaire à l’emprise de la finance privée.

     Limiter les rémunérations des dirigeants d’entreprise et supprimer les rémunérations liées à la valeur de l’action.

     Interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits.

     Établir un moratoire sur les crédits relais.

     Encadrer les loyers et interdir les expulsions de logements.

     Engager un plan de construction de logements sociaux.

     Augmenter le SMIC et les minima sociaux à 1500 euros.

     Établir l’échelle mobile des salaires et augmenter les salaires de 300 euros.

     Assurer effectivement l’accès aux soins pour toutes et tous.

     Abandonner toute privatisation et mettre en oeuvre un plan de développement des services publics.

     Développer des investissements publics destinés à la recherche, à l’éducation et à la protection de l’environnement.

    http://www.rezocitoyen.org/spip.php?article5255