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Un rapport de Stéphane Hessel, de retour de Gaza
Publie le mercredi 29 juillet 2009 par Open-Publishing3 commentaires
Mercredi 29 juillet 2009
Un rapport de Stéphane Hessel, de retour de Gaza.
MISSION A GAZA
Stéphane et Christiane HESSEL
17, 18 et 19 JUIN 2009
Au check point d’Erez, seuls Stéphane et Christiane Hessel sont autorisés à passer, car porteurs de passeports diplomatiques. Martine Brousse et Jérôme Baptiste sont refoulés sans explication. Nous avons passé le check point sans difficulté, dans la voiture du Directeur du Centre Culturel Français de Gaza, Gaëtan Pellan.
Traversée de la zone nord de Gaza, anciennement industrielle entièrement dévastée. Il ne reste pas un immeuble debout.
– visite du Centre Qattan, bibliothèque et centre culturel bâti récemment, grâce à la générosité d’un palestinien. Le centre n’a pas été endommagé par les bombardements et n’a pas cessé de fonctionner pendant les évènements de décembre/janvier. Il reçoit, dans de superbes locaux, des milliers d’enfants et leurs familles. Sa remarquable jeune Directrice nous pose la question suivante : "à quoi servent les textes internationaux sur les Droits de l’Homme, qui ne sont pas appliqués ici ?"
– visite du Centre Culturel Français qui abrite une exposition de photos illustrant les 30 articles sur les Droits de l’Homme inaugurée la veille par l’Ambassadeur de France aux droits de l’Homme François Zimeray.
– visite du Centre EJE (les Enfants, le Jeu et l’Education) de Jabaliya. Les éducateurs/trices s’emploient à créer une atmosphère sereine, pour des enfants traumatisés par les évènements, le moindre passage d’avion les tétanise encore de peur.
Tous ont exprimé leur joie de nous revoir, des cadeaux ont été confectionnés à notre intention. Nous les interrogeons sur leurs besoins prioritaires : en premier lieu, désir d’obtenir plus de filtres à eau. Puis construire un étage de plus, car ils sont à l’étroit dans les locaux actuels.
– visite de Nassera, autre Centre EJE, les enfants nous accueillent avec une danse, pas de différence majeure avec Jabaliya.
– visite en tête à tête avec Raji Surani du PCHR (Palestinian Center for Human Rights), responsable des Droits de l’Homme à Gaza : il insiste sur l’impact très fort et positif de la visite du Président Carter à Gaza City et de son discours. Il n’a pas hésité à outrepasser les objections de ses gardes, qui parlaient de rumeurs de mines sur son parcours et même de rapts possibles. Mr Surani insiste sur l’importance de notre visite auprès de la population et se félicite des liens existants entre les Présidents Carter et Obama.
– visite de l’hôpital ALQUDS (Croissant Rouge), entièrement dévasté par des bombes incendiaires et par les chars ; malgré tout, des espaces de loisirs pour les jeunes s’aménagent dans les ruines (jeux, bars, etc…).
– projection du film sur Stéphane Hessel de Christine Seghezzi dans un hôtel du bord de mer, organisée par une association proche du Hamas. La salle est bien remplie et la projection est suivie de questions/réponses entre Stéphane et le public. Les questions sont partout les mêmes : pourquoi Israël jouit-il d’une impunité alors qu’il viole les résolutions de l’ONU ? Le Directeur s’offre à nous faire rencontrer Mr Ha , mais le temps nous manque, car nous sommes attendus à Raffah.
– nous nous rendons à Raffah en dépit des objections fortement exprimées par le Consul Général de France, qui considère que la région est dangereuse (bombardements des tunnels et risques de prises d’otages). Mais nous savons que nous sommes attendus et obtempérons aux pressions et à l’insistance du responsable des Centre EJE dans la bande de Gaza (Nasser).
– notre décision se trouve justifiée par l’attente dont nous sommes l’objet de la part des responsables du Centre EJE dans lequel nous nous rendons, tout près de la frontière égyptienne. Nous y trouvons des enfants très marqués, dont la plupart ont des signes de malnutrition qui remontent à leur naissance (certains d’entre eux ont une taille très inférieure à leur âge (par exemple, petite fille de 11 ans qui en paraît 6). Peu de sourires sur des visages maigres et très marqués, selon les éducatrices, qui s’efforcent de rassurer ces enfants et de leur apporter un peu de sérénité, les problèmes sont avant tout d’ordre psychique.
Trois psychologues ont été récemment recrutés par le centre. Visite de deux familles ayant bénéficié de filtres à eau, en raison de leur pauvreté ou de problèmes de santé (diabète, etc…). Cela nous a permis de constater la misère qui se cache derrières les murs des camps de réfugiés de Raffah. Il y a beaucoup de destructions dans cette partie de la Bande de Gaza.
– retour à Gaza City, à notre hôtel en bord de mer, qui est climatisé et nous offre un confort parfait. Nous y rencontrons un journaliste palestinien qui a accompagné le Président Carter au cours de sa visite. Nous y rencontrons aussi le responsable des relations internationales de la Mairie de Gaza City, jeune et brillant. La Mairie est très soutenue par la ville de Barcelone, qui lui apporte une aide sans faille. Son souhait le plus immédiat : obtenir de petits cadeaux à distribuer lors de l’inauguration du stade de Gaza, prévue pour le 14 juillet. Nous promettons de contacter le footballeur Lilian Thuram et la ville d’Aubervilliers à cet effet.
– visite du Parc de Barcelone, qui a été gravement endommagé par les chars israéliens qui en ont fait leur parking, toutes les installations sportives ont été détruites. Quelques aires de jeux ont été réaménagées, aussitôt investies par les enfants.
– rencontre avec l’architecte producteur de briques utilisant des matériaux locaux (terre et sable), le ciment manquant en raison du blocus. Toute se passe dans un petit atelier où travaillent quelques ouvriers, dont le temps de travail est fonction des pannes (fréquentes) d’électricité. Il leur arrive, pour cette raison, de travailler la nuit. Ils utilisent une machine métallique entièrement conçue dans l’atelier, pour le moulage et le compressage des briques, qui sont encore à l’état expérimental.
– dîner au Musée Archéologique de Gaza, en présence de son fondateur, Mr Khoudary, ce dernier a fait fortune dans la construction et la consacre à la présentation du patrimoine archéologique de Gaza. Ce musée, entièrement financé par Mr Khoudary, est ouvert depuis août 2008. Il abrite, dans de très jolis locaux face à la mer, une collection dont certains objets remontent à l’âge du bronze. Plusieurs musées étrangers s’intéressent à sa collection, notamment à Genève. Pour l’aspect culturel, Mr Khoudary reçoit l’aide de l’Ecole Biblique de Jérusalem. Selon lui, le sol et le littoral de Gaza regorgent de vestiges remontant à la plus haute antiquité. Le Musée dispose d’un restaurant aménagé dans un très beau jardin où le Président Carter a planté un arbre lors de son passage.
Des milliers d’enfants s’initient à leur culture et leur histoire grâce à l’accueil gratuit que leur réserve Mr Khoudary.
Le retour à Erez : au poste palestinien, les gardes nous apportent des thés à la menthe et nous trouvent des sièges à l’ombre….Puis nous retrouvons les procédures surréalistes du côté israélien (chicanes, chien renifleur, glaces sans tain et interrogatoires dérisoires par voix "off").
IMPRESSIONS GENERALES
Nous avons eu l’impression qu’en dépit des évènements de cet hiver, le peuple de Gaza est debout. Nos interlocuteurs font des projets et s’activent pour leur survie. Les plages débordaient de monde, de familles joyeuses campant sur le sable ou s’ébattent avec bonheur dans la mer, y compris des jeunes femmes se baignant tout habillées. Les enfants arrivent par groupes organisés et encadrés. Ceux qui relèvent du Hamas portent des petites casquettes vertes, les autres sont moins identifiables.
Les rues sont étonnement propres (des ONG ont organisé des équipes de nettoyage), les gravas des maisons démolies (nombreuses en certains endroits) ont été enlevés, laissant place à des espaces un peu lunaires. Seuls restent encore les vestiges des grands immeubles administratifs, fantomatiques, que l’on n’a pu enlever en raison de la taille des blocs de béton. Pas ou peu de reconstructions en raison de l’absence de ciment et matériaux. Les voitures circulent. Pratiquement aucun service d’ordre ou de police ne sont visibles.
Les restaurants de luxe débordent de monde, un public aisé et élégant, qui s’enivre de narghileh, les femmes surtout.
On a une impression étrange et factice de prospérité (limitée au bord de mer), cette société aisée, après tout, est enfermée dans Gaza et rêve, comme tous les citoyens, de liberté et de mobilité.
La misère extrême, on la trouve dans les étroites ruelles des camps de réfugiés qui, eux, ne mangent pas à leur faim. 60 % de chômage engendre des tensions au sein des familles où les hommes, désoeuvrés, sont parfois violents.
Mais les familles gazaouites nous ont aussi parues, dans les classes moyennes, encore très traditionnelles et solidaires.
Nous sommes revenus avec le sentiment que tout est encore possible dans ce territoire, si seulement ses frontières s’entrouvraient.
Source : http://www.russelltribunalonpalestine.org/article-34353166.html
Via Paz
Messages
1. Un rapport de Stéphane Hessel, de retour de Gaza, 29 juillet 2009, 16:32, par momo11
Ha,les bienfaits du sionisme !momo11
1. Un rapport de Stéphane Hessel, de retour de Gaza, 30 juillet 2009, 13:09
d’autre bienfaits du sionisme Les autorités d’occupation israéliennes ont autorisé une livraison limité de ciment à la bande de Gaza pour la première fois depuis leur guerre contre ce territoire.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le ministre de la Guerre Ehud Barak ont autorisé la livraison de plus de 310 tonnes de ciment destinées à la reconstruction d’un moulin à farine, d’un centre de traitement des eaux usées et du cimetière britannique, c’est ce qu’a déclaré un responsable du ministère de la Guerre.
Cette livraison, qui comprendra également de l’acier, devrait parvenir à destination dans les "prochaines semaines", a-t-il ajouté.
Un autre responsable a déclaré que l’armée "examinait les moyens d’assurer que ce matériel ne parvienne pas au Hamas et à d’autres organisations militantes".
Pour sa part, un responsable au bureau de Netanyahu a rapporté que dans la soirée de mercredi, le premier ministre a précisé lors d’une rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, le général James Jones, que les points de passage entre "Israël" et la bande de Gaza "ne seront ouverts de façon permanente que lorsque Gilad Shalit aura été libéré".
Rappelons que la bande de Gaza a été dévastée durant l’offensive israélienne menée entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009.
Des quartiers entiers ont été rasés par les forces d’occupation israéliennes et n’ont pas été reconstruits en raison du strict blocus auquel est soumis le territoire de la part d’"Israël" depuis juin 2007.
Les Israéliens interdisent notamment l’importation des matériaux de construction en prétendant qu’ils peuvent être utilisés pour fabriquer des explosifs et des armes.
almanar
2. Un rapport de Stéphane Hessel, de retour de Gaza, 21 août 2009, 13:22, par Nice
Question peut etre stupide, mais pourquoi l’approvisionement de la bande de gaza ne passe pas par l’Egypte ?