Accueil > Un tri (pour rien)
De Bernard Delattre
Cela vaut bien la peine que les gens se décarcassent pour l’environnement, si les pouvoirs publics ne sont même pas capables de s’organiser entre eux pour assurer le suivi. Une belle illustration de gâchis cette semaine, dans le réseau du métro de Paris.
Depuis deux ans, dans les couloirs et sur les quais, à côté des poubelles pour les détritus organiques, quelque 1700 poubelles jaunes ont fait leur apparition, spécialement destinées aux matières recyclables comme le papier. Elles servent surtout à recueillir, après leur lecture, les nombreux journaux gratuits qui, le matin et le soir, sont distribués aux usagers à l’entrée des stations. Dès l’introduction dans les sous-sol de ce tri sélectif, similaire à celui pratiqué en surface, les voyageurs ont bien réagi. Résultat, ces poubelles jaunes sont souvent très remplies : elles recueillent chaque jour pas loin d’un million de journaux. Mais un million de quotidiens qui sont triés par les gens… pour des prunes.
Ces derniers jours, en effet, les médias parisiens ont découvert qu’en fait, in fine, la RATP remélangeait ce papier trié aux autres déchets, avant de se débarrasser du tout dans les bennes à ordures de la mairie. « C’est idiot ! », s’est-on indigné l’Hôtel de Ville : « Quand nos bennes arrivent, elles emportent le conteneur entier, et tout le tri effectué par les voyageurs est annulé ! » A la RATP, on invoque un problème de place. Les déchets du métro parisien représentent une telle quantité d’immondices (10.000 tonnes par an) qu’ils doivent être sortis tous les jours. Or, la mairie ne collecte que deux fois par semaine les déchets triés. La RATP assure qu’il lui serait impossible de garder tout ce papier plus longtemps, à moins de « construire des locaux spécifiques, très difficiles à réaliser dans nos stations ». Dès lors, à cause de ce problème de place, n’est conservé et ensuite jeté à part que le contenu des seuls réceptacles jaunes surmontés d’un pictogramme « tri sélectif », que l’on trouve dans quelques stations de métro uniquement. Tout le reste du papier s’en va dans les bennes avec les ordures.
L’extension d’un tri réellement sélectif à l’ensemble du réseau de la RATP n’est pas prévu. Seules les stations de RER en banlieue, moins exiguës et où il est donc plus facile de stocker des containers, en bénéficieront, courant 2010. Pour les quelque 300 stations du métro de Paris, aucun engagement n’est pris. « Ce sera au cas par cas, selon les possibilités de stockage et de ramassage », a commenté, laconique, la RATP.
En attendant, donc, chaque jour quelques centaines de milliers de journaux sont triés pour rien par les Parisiens. Sûr que, lorsqu’ils l’apprendront, ils seront très motivés à continuer à avoir des comportements environnementaux citoyens. Encore bravo.
http://parislibre.lalibreblogs.be/archive/2009/10/22/un-tri-pour-rien.html
Messages
1. Un tri (pour rien), 23 octobre 2009, 11:31
Bernard, pense a éteindre la lumiere en sortant, s’il te plais ...