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"Une circulaire, c’est le fait du prince"

Publie le vendredi 30 juin 2006 par Open-Publishing

"Une circulaire, c’est le fait du prince"

Jean-François Martini, membre du GISTI (Groupe d’information et de
soutien des immigrés)
Propos recueillis par Bérénice Rocfort-Giovanni (nvl obs)

Quel sera le rôle du médiateur national ? Concrètement, comment
interviendra-t-il ?

 A ma connaissance, il y a déjà eu un précédent historique après les
événements de l’église Saint-Bernard. Un collège de médiateurs avait
été mis en place, mais leur avis n’avait été que très moyennement
pris en compte. Au mieux, le rôle de ce médiateur national se bornera
à harmoniser les pratiques des préfectures. Le problème est que nous
sommes dans un système piégé : une circulaire, c’est le fait du
prince. Le ministre de l’Intérieur donne des instructions, mais aucun
recours en justice, aucune contestation, ne sont possibles pour les
principaux intéressés, à savoir les sans-papiers.

Nicolas Sarkozy envisage de traiter le problème des sans-papiers avec
"fermeté et humanité", n’est-ce pas contradictoire ?

 C’est la rhétorique habituelle de Nicolas Sarkozy et de tous les
gouvernements qui se sont un jour penchés sur la question des sans-
papiers. Jusqu’ici, c’est plutôt la fermeté qui a prévalu, depuis la
loi de 2003 sur l’immigration jusqu’aux récentes décisions.
En ce qui concerne l’aspect "humanitaire" de la circulaire, il est
somme toute relatif, car ces mesures ont été obtenues à l’arraché
après une forte mobilisation citoyenne. Ce texte est une manœuvre
destinée à faire baisser la pression des contestations. Ce que
Nicolas Sarkozy essaye de mettre en œuvre est avant tout une
politique d’éloignement des sans-papiers. Le premier point de la
circulaire est d’ailleurs consacré au retour des étrangers dans leurs
pays.

Quelles solutions proposez-vous pour régler la question des sans-
papiers en France ?

 Nous demandons la régularisation de tous les sans-papiers présents
sur le territoire. Ceux-ci sont victimes d’une politique injuste de
fermeture des frontières. Une réflexion sur les politiques
migratoires doit se mettre en place à un niveau européen, car la
France ne peut pas décider seule, en dehors du cadre de l’Union.
Par ailleurs, il est nécessaire que la régularisation des sans-
papiers s’accompagne d’une modification de la législation. Les sans-
papiers travaillent et contribuent à enrichir le pays, ils doivent
donc être pleinement intégrés à la société. Il ne s’agit pas de
prendre en charge ces personnes.