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Une "collaboration" avec le ministère de l’intérieur, lors des attentats de 1995
Publie le lundi 27 mars 2006 par Open-Publishingde Pascale Robert-Diard
Parmi les chefs de mise en examen retenus contre Olivier Spithakis figure celui de destruction de preuves. L’accusation reproche à l’ancien directeur général de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF) d’avoir ordonné ou procédé lui-même à la destruction de documents papiers ou informatiques à l’annonce de l’ouverture de l’information judiciaire, en septembre 1998.
A la barre, mercredi 15 mars, M. Spithakis a livré une explication inattendue. "On peut faire partie du peuple de gauche, respecter le peuple de France et être républicain. Je confirme qu’il y avait un certain nombre de documents sensibles, dans le cadre d’informations échangées avec le ministère de l’intérieur alors dirigé par Jean-Louis Debré sur des étudiants susceptibles de troubler très gravement l’ordre public, notamment dans les banlieues. Cette collaboration s’est instaurée au lendemain des attentats de 1995, a-t-il indiqué. Il est évident que cela fait partie des documents dont j’ai assuré la destruction."
Cette déclaration a été confirmée le lendemain par l’ancien président de la MNEF, Dominique Levêque. "La MNEF fait partie des associations vers lesquelles le ministère de l’intérieur et la présidence de la République se sont tournés pour collecter des informations sur des groupes d’activistes", a-t-il indiqué, en précisant que ces "informations" visaient tant les étudiants susceptibles de rejoindre les mouvements terroristes alors liés au Groupe islamique armé (GIA) algérien, qui avait revendiqué les attentats de 1995, dont celui de Saint-Michel, que la Confédération nationale du travail (CNT, anarcho-syndicaliste).
A ses déjà nombreuses filiales - 49 selon le rapport de l’inspection générale des affaires sociales - dans l’immobilier, l’informatique, la communication, l’édition, les assurances, la restauration, l’aménagement des campus, la MNEF en avait donc ajouté une cinquantième, plus discrète : annexe du renseignement policier.