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Une « gesticulation » ?

Publie le mercredi 21 novembre 2007 par Open-Publishing
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20.11.2007 (blog paris, correspondant libre belgique bernard delattre)
Une « gesticulation » ?
Parlons d’autre chose que de la grève, cela nous changera. Et, tiens, évoquons un autre sujet polémique : les célébrités qui s’engagent en politique.

On les croise un peu partout, ces derniers temps. Renaud chante pour la libération de l’otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. Jane Birkin soutien les défenseurs des droits de l’homme en Birmanie. Guy Bedos est un activiste de longue date de la Ligue des droits de l’homme. Josiane Balasko a l’air de passer sa vie aux côtés des sans-papiers. Et, rue de la Banque à Paris, dans les campements de mal-logés, on a beaucoup vu, ces derniers jours, des actrices comme Romane Bohringer, Carole Bouquet ou Emmanuelle Béart.

Cette dernière comédienne hier soir, tant au 20 heures de la 2 que dans les colonnes du « Monde », fustigeait avec énergie à la fois « les Thénardier du monde moderne », ces marchands de sommeil qui exploitent les plus pauvres en leur louant des taudis à prix d’or, et les pouvoirs publics, qui, en envoyant les CRS déloger ces campements de mal-logés, jouent « les Tartuffe d’aujourd’hui : Cachez cette misère que nous ne saurions voir ».

Au JT, elle se voyait demander si, avant de s’engager dans ces combats politiques, elle réfléchissait ou non à leur impact sur son image. La comédienne paraissait tomber des nues. Et démentait, à la fois agacée et interloquée. C’était le moment le plus significatif de son interview.

En effet, le procès implicite que lui faisait David Pujadas est bien dans l’air du temps. Ainsi, hier également « Le Monde » a raillé Carole Bouquet et Emmanuelle Béart, « grandes bourgeoises d’autrefois allant rendre visite à leurs pauvres ». Un peu plus tôt, la ministre du Logement, Christine Boutin, a jugé que « la tragédie des mal-logés mérite mieux que des gesticulations (…) sous les caméras du JT de 20 heures ». Sous-entendu : mérite mieux que les protestations de personnalités richissimes qui viennent épisodiquement se faire de la pub à bon compte sur des dossiers de pauvres dont elles ne connaissent strictement rien.

Ce à quoi Carole Bouquet répondait vertement, l’autre jour : « La situation des mal logés est non seulement inhumaine mais absurde et indigne de notre pays. Il n’y a pas besoin d’être une spécialiste du logement et des finances publiques pour le comprendre. (…) Ne pas être dans la difficulté ne m’empêche pas d’être solidaire et d’avoir envie d’agir pour les autres. Je refuse autant la société du « Profite et tais-toi » et celle du « Sois pauvre et tais-toi ».

L’hiver ne faisant que commencer – à peine à la mi-novembre et déjà quatre SDF morts de froid, tout de même, dans ce beau pays –, on n’a vraisemblablement pas fini d’en parler.

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