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Une manifestation a rassemblé entre 2000 et 3000 personnes avant le concert du Zénith

Publie le mardi 2 mars 2004 par Open-Publishing

« Un cri d’alerte sur un tas de choses »

Par Didier ARNAUD et Bruno MASI et Tonino SERAFINI

C’est un public à peine majeur qui s’amassait dès 19 heures, hier, aux
portes du Zénith de Paris. Présents aussi bien pour les artistes que pour le
message politico-social : « C’est 60 % pour l’affiche et 40 % pour la
mobilisation, reconnaît Isabelle, une étudiante. Ce genre de concerts à
thème se multiplie, c’est un signe que les choses vont mal. » Dans la salle,
chaque association partenaire a déployé son stand. 5 000 personnes sont
rassemblées devant la scène, sous une seule et même pancarte : « Avis de KO
social ». Kent entame son tour de chant, suivi du groupe Java et de Benabar.

La salle se lève et les acclame, tout comme elle se dressera plus tard pour
un père de famille vivant depuis quatre ans à l’hôtel et qui crie au micro :
« Un toit, c’est un droit. »

Dans le public, nombreux étaient venus en cortège de la manifestation de la
place de la République, qui a rassemblé 2 000 à 3 000 personnes :
intermittents du spectacle, enseignants, artistes, militants du Dal, de la
CGT, altermondialistes, antipub... Et puis beaucoup sans chapelle qui
avouent « un immense ras le bol ». Le « KO social » est fédérateur de colères
éparses. « Le gouvernement n’a voulu entendre ni les enseignants, ni les
intermittents, ni les chômeurs en fin de droit, ni les sans-logis », résume
Gilles Massault, professeur en Corrèze. Dans le cortège, des jeunes gens
tapent sur des bidons, sautillent, improvisent des slogans ironiques : « Vive
la précarité », « La misère c’est super », « Vive les flics, on vous aime ».
Derrière eux, un artiste de rue juché sur des échasses tient dans ses mains
une pancarte : « A été vendu ». Vendu à qui ? « A l’économie du profit ». Comme
Axel Benoît, décorateur scénographe : « Intermittent du spectacle vivant », le
gouvernement lui a « offert comme seule issue le RMI ».

« Est-ce que Chirac a tenu compte des gens qui ont voté pour lui mais qui
n’étaient pas d’accord avec son parti ? », interroge le chanteur Kent. Des
électeurs et des électrices, comme Florine, Aurélie et Karine, étudiantes,
sont là pour pousser « un cri d’alerte sur un tas de choses qui se passent :
les lois sécuritaires, les subventions qui sautent, le RMA. C’est un
mouvement de solidarité. Cela fait du bien de se sentir ensemble ». Il y a
peu de slogans - hormis ceux de sans-papiers (« Libérez les sans-papiers,
arrêtez Sarkozy ») - et beaucoup de pancartes : « Liberté de circulation », « On
a faim », « A l’attaque ». « A l’attaque contre qui ? », s’énerve un type à
lunettes noires bardé d’autocollants PCF et Mrap. « Contre le gouvernement si
on veut être large. Contre Sarkozy si on veut être précis », répond Olivier,
30 ans, en distribuant des tracts : « Marchons, marchons ! »

A savoir
Intellectuels, artistes et grévistes : neuf ans de convergences

1995
"En se battant pour leurs droits sociaux, les grévistes se battent pour
l’égalité des droits de toutes et de tous (...). C’est le service public,
garant d’une égalité et d’une solidarité aujourd’hui malmenées par la quête
de la rentabilité à court terme que les salariés défendent en posant
le problème de la Sécurité sociale et des retraites.
Appel lancé le 4 décembre 1995, par Pierre Bourdieu notamment, pour soutenir
les grèves contre le plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale"

1997
Dans un appel paru dans le Monde et Libération du 12 février 1997, 66
cinéastes se déclarent « coupables » d’avoir hébergé, sans les dénoncer, des
étrangers en situation irrégulière. Ils demandent en conséquence à être « mis
en en examen et jugés ». A l’origine de cette pétition, la condamnation d’une
femme accusée d’avoir hébergé un ami zaïrois sans papiers.

2001
A Toulouse, au 1er tour des municipales de mars 2001, la liste Motivé-e-s
recueille plus de 12 % des suffrages. Cette liste est animée par Zebda,
groupe fondé par des fils de l’immigration kabyle, sacré « groupe de l’année »
aux Victoires de la musique 2000.

2001
En juillet, sur la place Martin-Luther-King de Gênes,
Manu Chao chante pour 100 000 altermondialistes venus protester contre le
sommet du G8. Artiste emblématique de la contestation de la mondialisation
libérale, on le retrouve, deux ans plus tard, sur le plateau du Larzac
devant 200 000 manifestants.

2002
Après la qualification de Le Pen pour le second tour de la présidentielle,
des centaines d’appels à « faire barrage au FN » ou, plus explicitement, à
« voter Chirac » ont été lancés. Intellectuels et artistes ont été parmi les
premiers à lancer des pétitions, aux côtés des partis politiques, des
syndicats et surtout des associations, y compris celles qui s’imposent
habituellement un apolitisme rigoureux.