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Une semaine de lutte au centre de rétention de vincennes

Publie le mardi 29 janvier 2008 par Open-Publishing

Fermeture des centres de Rétention (22/01/08 –
27/01/08)
Une semaine de lutte au centre de rétention de
Vincennes

Refus d’entrer dans les chambres, refus d’être compté,
refus de manger, chambres brûlées, altercation avec la
police. Ces actes quotidiens de révoltes se
construisent dans un rapport à l’organisation du
centre et à tous les moments de contrôles et
d’humiliations qui lui sont liés. Ils n’ont aucune
fin, aucune limite. Ils sont repris par chaque nouveau
arrivant. Seul l’isolement et la répression parviendra
à arrêter la révolte de Vincennes. Mais elle durera si
nous continons de téléphoner et de visiter
régulièrement les détenus et d’ informer sur ce qu’il
se passe à l’intérieur. Elle durera si nous continuons
de manifester devant le centre. Elle durera si les
intitiatives se multiplient provenant de différents
groupes, collectifs, individus (actions, affiches,
stickers, etc). Elle durera si la révolte s’étend aux
autres centres, aux autres villes, à la société toute
entière. Elle durera et s’étendra si nous nous
révoltons avec eux.

Mardi 22 janvier 2008
« Pendant la grande manifestation de samedi, la police
filmait ceux qui étaient sur la grille. J’ai sorti un
drap que nous avons accroché à la grille. Les CRS sont
rentrés à l’intérieur du centre. Ils ont fouillés les
chambres, ensuite ils nous ont obligés à rentrer à
l’intérieur. »

« Il y a un Tunisien qui refuse de manger. Le médecin
lui a dit qu’il ne le soignerait tant qu’il refuse de
manger. »

« On ne dort pas. On est constamment réveillé par le
haut-parleur. Ils appellent pour le comptage, les
visites, les expulsions, quand on passe devant le
juge. Cela ne s’arrête jamais. »

« Il n’y a pas d’accès directe à la Cimade. Il faut
passer deux portes contrôlées par la police. »

Mercredi 23 janvier 2008
« Hier soir, à minuit, on a refusé d’être compté et de
rentrer dans les chambres.
On a essayé de dormir dehors. Tout le monde criait
L-I-B-E-R-T-É.
On a essayé de parler avec le chef de la police, mais
il a appelé les CRS.
La police disait : « Dégagez ! on ne veut pas de vous
ici ! »
Un policier m’a dit : « Je suis chez moi ici ! »
Ils nous ont dit : « Si vous ne rentrez pas, on vous
fait rentrer de force »
Ils nous ont obligés à rentrer dans les chambres en
nous poussant avec les casques. »

« On discute ensemble. Mais c’est difficile.
Ils nous contrôlent tout le temps avec les caméras.
Ils nous contrôlent la nuit et le jour. »

« Il faut faire des manifestations à l’extérieure.
Cela nous fait du bien. On sort. On crie. Si on
manifeste une, deux, trois fois par semaine, ils vont
comprendre. »

« Ce soir, des gars ont mis le feu à leur chambre en
brûlant des papiers.
Les pompiers sont intervenus pour éteindre le feu.
La police n’a pris personne.
Ils veulent peut-être brûler le centre. »

Jeudi 24 janvier 2008
« Aujourd’hui, nous avons refusé de manger. Nous avons
jeté la nourriture par terre dans le réfectoire. »

« La police filme ceux qui se révoltent. Ils les
séparent et les mettent dans l’autre bâtiment.
Aujourd’hui, ils ont pris deux personnes. Parmis eux,
il y a un tunisien qui n’a pas mangé depuis plus de
dix jours. Il a perdu 9 kg »

« Aujourd’hui ils ont expulsé un algérien, demain ils
expulseront des chinois. Le soir, ils inscrivent sur
un tableau le nom, la destination, l’horaire de départ
et l’aéroport des gens qui vont être expulsé le
lendemain. Il arrive que des gens soient expulsés sans
que leur nom ne soient inscrits sur le tableau. C’est
souvent le cas pour ceux qui foutent le bordel.
Le matin, la gendarmerie vient les chercher et les
emmène à l’aéroport. »

« Hier soir, ils ont fermés les cabines téléphoniques
à minuit juste après l’agitation. Ils ne les ont
ouvertes que ce matin. »

Nous parvenons à joindre la personne en grève de la
faim qui a été transférée dans la journée.

« Hier, 4 policiers m’ont sauté dessus. Ils m’ont
déchiré ma veste. Ils m’ont dit que je ne saurais pas
soigné tant que je ne mangerai pas. Ils m’ont changé
de bâtiment. »

« Ça fait 18 jours que je ne mange pas. J’ai perdu 10
kg. Je ne mange parce que la nourriture n’est pas
hallal. De toute façon, je ne veux pas m’alimenter. Je
ne bois que de l’eau et du café. Aujourd’hui, encore
le médecin a refusé de me donner des médicaments si je
ne mangeais pas. Je veux sortir du centre. Je veux
être libre. »

« La Cimade a refusé de faire mon recours. Ils ont dit
que les 24 h étaient passées alors que c’est faux. »

Vendredi 25 janvier 2008

18h30
Un détenu nous informe qu’ils ont brûlé une chambre,
que les pompiers sont intervenus et que la majorité
des détenus ont refusé de manger.

21h
Un détenu nous raconte que Brard (député-maire de
Montreuil) est venu dans le centre de rétention. Il a
promis aux détenus de leur apporter des stylos et du
papier pour décrire leurs situations. « Il nous a dit
qu’il fallait respecter les policiers. Il nous a dit
qu’ils n’étaient pas responsables et que les décisions
venaient de plus haut. Les gens lui ont répondu qu’ils
ne cherchaient pas améliorer leurs conditions de
détention, ils veulent la liberté. »

Samedi 26 janvier 2008

Midi
« Un premier feu a pris dans les toilettes. Ensuite,
deux chambres ont brûlé. »
« On a refusé de manger. On a empêché l’accès au
réfectoire en bloquant les portes. La police nous a
demandé de laisser passer ceux qui voulaient manger.
Ils ont fini par nous dégager. Mais seulement une
minorité est allé manger. »

Pendant le rassemblement (15h)
« La police nous empêche l’accès à la passerelle
depuis laquelle nous pouvons vous voir. Mais nous
pouvons vous entendre. »

18h
« Une soixantaine de CRS sont entrés dans le centre.
Ils ont fouillé toutes les chambres. Ils nous ont
fouillé. Ils ont trouvé un briquet. Ils ont transféré
deux personnes dans l’autre bâtiment. »

Dimanche 27 janvier 2008

15h
« Aujourd’hui, dans le bâtiment deux, le feu a pris
dans une chambre de quatre personnes. Les pompiers
sont entrés pour éteindre le feu. Ils nous ont enfermé
dans le réfectoire. 20 policiers sont venues chercher
4 personnes violement. Ils sont en garde-à-vue pour
avoir mis le feu au centre. »

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