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VOILE, UNE RUPTURE D’EGALITE par Christian DELARUE

Publie le mardi 26 juin 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

VOILE, UNE RUPTURE D’EGALITE

J’appuie Nadia KURYS et Emmanuelle LE CHAVALIER, membres de la direction du MRAP, qui viennent de publier le texte ci-dessous pour se démarquer et même s’opposer à la récente initiative du MRAP, initiative qui relance la polémique interne sur ce point.

Sans nécessairement partager l’intégralité du texte "Femmes, droit de l’homme et Islam" ci-dessous mais en tant que signataire de l’appel "l’égalité d’abord", je considère le voile dans les lieux privés, école ou entreprise, comme une rupture d’égalité et l’instauration d’un rapport supplémentaire de domination et d’oppression.

Le voile comme "signe" ostensible est là objectivement (donc quelque soit le degré de prosélytisme de la personne qui le porte) pour te rappeler constamment et faire ainsi "enter dans les têtes" que :

1 - Dieu existe : en quelque sorte, il est parmi nous, il vous regarde, vous ne pouvez l’oublier à cause de nous (un peu comme un crucifix sur un mur). Ce que l’on peut supporter plus ou moins aisément au titre de la tolérance (lorsque le fait est rare et non massif) mais certainement beaucoup moins dans un endroit clôt ou l’on ne peut sortir : il y a alors imposition d’une conception du monde.

2 - tu es un mec - pour les hommes - fondamentalement concupiscent dont il faut non seulement se cacher mais anticiper le défaut congénital de maîtrise de soi. Je ne saurais donc rester durablement dans une pièce où travaillent devant moi à longueur de journée des femmes voilées.

L’égalité passe par la laïcité et l’instauration de relations à égalité entre les sexes, non empreintes d’une conception inégalitaire et patriarcale.

Par ailleurs, la mentalité laïque chez tous les croyants de toute religion sera plus forte et plus génératrice de paix et d’égalité partout lorsque les signes discrets du religieux seront préférés partout dans le monde aux signes religieux ostensibles. C’est là le noyau dur de la philosophie implicite de la loi du printemps 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’école.

lire 14 thèses contre le patriarcat

http://www.blogg.org/blog-44839.html.

Christian DELARUE

Secrétaire national du MRAP Membre du CA d’ATTAC France
24/06/07

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Combat Féministe

FEMMES, DROIT DE L’HOMME ET ISLAM

Nous, membres du Conseil d’Administration du MRAP, sommes particulièrement attachées au principe de laïcité dans l’espace public, et en particulier à l’école.

Dans la poursuite de sa politique de défense des femmes voilées, le MRAP national a saisi la HALDE des cas de refus opposé aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires et d’encadrer des activités extra-scolaires. Il se félicite de la récente délibération de la HALDE sur le sujet.

Pour nous, le voile est et reste un signe de l’oppression des femmes par la loi religieuse.

Nous constatons avec regret que le port du voile se développe chez les femmes de culture musulmane en France. Cette évolution, impulsée par les mouvements fondamentalistes, est relayée par les pressions sociales et familiales. Le port du voile est présenté par les islamistes et est vécu comme une revendication identitaire. Il prospère sur le terreau de la relégation sociale et territoriale et des discriminations.

Comment renverser cette évolution ? Comment faire tomber ces voiles, véritables murs qui se dressent entre communautés et entre sexes ? Le voile est l’étendard des militantes fondamentalistes. Il est à la mode chez certaines jeunes filles musulmanes. Symbole de l’islam fondamentaliste, le voile est et reste une prison pour l’identité féminine.

Les femmes qui se disent discriminées sont-elles dans une démarche revendicatrices de cet étendard, ou au contraire sont-elles des femmes qui cherchent à s’ouvrir sur l’extérieur ? Face à ces femmes, quelle attitude avoir ?

Il appartient à la société française et aux pouvoirs publics de réfléchir et d’agir pour faire évoluer la société pour que chacun y ait sa place, sans discrimination, et pour que toutes les identités soient reconnues, y compris la culture musulmane, sans que les uns et les autres aient besoin de faire pousser barbes et voiles.

Le principe de laïcité est posé à l’école, pour les personnels comme pour les enfants scolarisés.

Et, quoi qu’on en dise, le bilan de la loi Stasi est positif. Il a permis à de nombreuses jeunes filles de poser leur voile, et de mettre à distance, le temps de leur scolarité, le joug religieux.

Pourquoi ce principe ne serait-il pas appliqué aux accompagnants ?

Pourquoi accepterions-nous que les jeunes filles scolarisées aient pour modèles ces femmes voilées, emmurées ? Et, non seulement qu’elles accompagnent, mais aussi qu’elles encadrent des activités périscolaires...d’enseignement religieux ou de couture de foulards ?

Il est vrai que le risque existe de stigmatiser ces femmes, si on leur refuse d’intervenir dans le cadre des activités péri-scolaires. Mais le voile n’est-il pas en lui-même un marqueur social et communautaire qui les stigmatise ?

Si la question des femmes voilées est particulièrement sensible, nous regrettons que le MRAP se pose une nouvelle fois du côté de la défense des religions. Le MRAP ne peut se réjouir d’une décision de la HALDE qui reconnaît implicitement le symbole d’oppression de la femme, et le transmet comme symbole aux enfants. Prendre fait et cause pour les femmes voilées est-il d’ailleurs un service à leur rendre ?

Au-delà du cas particulier des accompagnements péri-scolaires, c’est la question du vivre ensemble qui est posée.

Comment une société peut-elle supporter que des femmes portent une burka complète, masquant le visage, comme on en croise en banlieue ? Quel espace de liberté pour ces femmes au sein de notre société ? Alors que c’est à la société de garantir les mêmes libertés pour tous.

Il y a aussi cette violence observée dans certains services de gynécologie obstétrique en région parisienne et dans plusieurs grandes villes. Des maris fondamentalistes refusent que leurs femmes soient examinées, soignées, accouchées par un homme. Ils l’exigent avec vigueur, quitte à mettre en danger leurs épouses et à s’en prendre physiquement aux praticiens et aux personnels hospitaliers. Ces faits sont inacceptables.

Le voile, la burka, et ces pratiques de refus de soins sont avant tout des violences faites aux femmes, même si celles-ci, sous l’effet de la mode et de la pression communautaire et sociale, peuvent être consentantes.

La lutte contre le racisme et les discriminations doit s’articuler avec une lutte contre tous les intégrismes, avec en particulier la revendication d’une égalité réelle des droits entre les sexes.

Car la société française ne peut faire l’économie d’un travail sur elle-même pour aller vers plus de liberté, d’égalité et de fraternité. C’est le vivre ensemble d’une société laïque qu’il s’agit de refonder.

Nadia Kurys Vice-présidente du MRAP

Emmanuelle Le Chevallier membre du Conseil d’Administration du MRAP

http://www.gaucherepublicaine.org/lettres/546.htm

Messages

  • A qualification égale, les salaires féminins sont en moyenne 20% inférieurs aux salaires masculins. Si cette différence de salaire, cette RUPTURE D’EGALITE, provenait exclusivement d’employeurs musulmans, cela se saurait, non ? Et surtout le phénomène n’aurait pas cette ampleur !

    Ainsi donc les femmes voilées devraient D’ABORD enlever leur voile, et ensuite pouvoir participer aux activités de leur choix, les sorties scolaires par exemple. Avec le même type de logique, les syndicats devraient exiger des femmes, avant même de pouvoir participer à toute lutte commune, de faire cesser les différences de salaire entre hommes et femmes.

    Oui, le voile est un signe d’oppression. Non, les coups de pied dans le derrière ne sont pas un mode de libération des opprimées. Oui, une certaine idéologie laïcarde, qui fait de la question du voile un PREALABLE, et qui se rencontre y compris au MRAP et à ATTAC, est proprement réactionnaire.

    P.Petit.

    • Je ne vois pas le rapport logique d’abord évoqué. On ne peut rapprocher n’importe quoi à titre de démonstration !

      Le dernier paragraphe mérite discussion.
      Les deux responsables du MRAP écrivent (dans le texte de Respublica) en tant que féministe ou du moins comme femmes libres et égales et à ce titre critiquent, à raison, le voile comme outil d’oppression de celles qui le portent.
      Mais ce n’est pas l’approche du propos introductif de DELARUE qui part de l’oppression de celles et ceux qui subissent la vue du voile en milieux fermés (comme à l’école ou en entreprise). Il ne préconise pas une loi pour interdire le voile en entreprise mais signale qu’il ne supporterait pas durablement la situation d’être dans un lieu fermé avec 3 femmes voilées. Différence !

      Lak

    • La différence est qu’une femme payée 20% de moins qu’un homme ne porte pas une pancarte pour afficher clairement son infériorité. Je propose donc que les femmes se voilent de l’intérieur, comme certains emballages de Christo.
      Amitiés et vive le moyen-âge.
      Jack

    • LE VOILE ET LA PUTAIN

      Extrait de : La "mère" et la "putain" de CD
      http://www.bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=29304

      "On trouve ici une certaine défense du voile comme nécessaire à la respectabilité de la femme. Les autres femmes, non voilées, sont conçues comme non respectable et responsable des "moeurs dépravés" et pire de la violence subie. Rien moins. Cette division accentuée produit un "triangle dramatique" de trois personnes modèles - la femme respectable - la femme méprisable - l’homme concupiscent et dangereux incapable de se maitriser. Ce triangle est aliénant tant pour les hommes que pour les femmes. Cependant dans ce surcroît de contrainte, les hommes demeurent les oppresseurs et les femmes opprimées, limitées.

      Une autre facteur consiste à rapprocher l’érotisme de la femme sexy de la pornographie et de la publicité sous forme de la porno-pub. Combattre la marchandisation des corps et des représentations est nécessaire, l’étendre aux rapports réels est une confusion dommageable et une pudibonderie injustifiable.

      Une autre vision plus progressiste participe de cette division valorisant la "mère" et stigmatisant la femme. Je veux faire état de deux photos de femmes mises côte à côte dans un article du Monde diplomatique, il y quelques années. D’un côté, une photo en noir et blanc d’un femme plutôt baba cool et aux seins nus, de l’autre une photo couleur, d’une femme portant un soutien-gorge push-up. Je ne me souviens plus du sous-titre exact mais il laissait entendre clairement que la femme libérée était celle seins nus - ce qui ne pose pas de problème - mais pas l’autre - ce qui aujourd’hui pose problème. Vu aujourd’hui sous l’angle de "la mère et de la putain", ces deux photos prennent un autre sens : la photo seins nus représente la mère (car bien que seins nus aucun élément de sexualisation n’émerge de la photo) et la "putain" c’est l’autre".

    • LES BLASPHEMES DU MECREANT

      Je ne sais si je reste ici dans l’esprit qu’en a fait récemment le philosophe Daniel BENSAID dans son ouvrage *Fragments mécréants : sur les mythes identitaires et la République imaginaire *mais celui-ci m’a inspiré.

      Le mécréant passe pour un être paradoxal : il est sans Dieu ni morale (mais pas sans éthique) et pourtant il est très engagé pour se libérer et libérer le monde de ses maux privés et publics. Etrange ! Le mécréant blasphème contre le sacré mais respecte et valorise les être humains réels . Ainsi un mécréant masculin ne blasphémera pas (sauf par jeu bien compris comme tel) les filles sexy, il critiquera par contre les pub sexistes. Donc point de "pétasse" ou de "pute" dans le langage ordinaire du mécréant, pourtant ces dernières peuvent à l’occasion faire fantasmer sans culpabilité. Mais l’image fantasmée n’est pas et de loin la vie réelle aliénée et bien souvent misérable des prostituées.

      1 - Blasphème contre la religion et certaines pratiques des croyants.

      Les blasphèmes contre la religion sont autorisés puisqu’il ne s’agit que de se moquer d’une croyance ou d’un ensemble de croyance alors que les blasphèmes contre les croyants eux-mêmes ne sont pas tolérés. Encore qu’il faille analyser plus précisément la portée critique du blasphème. Ainsi dire "Je pisse (verbalement) sur tous les signes religieux ostensibles (sans discrimination entre eux)" ce n’est pas mépriser les croyants, surtout pas les croyants de mentalité laïque qui adoptent une attitude discrète et pacifique. Ce n’est même pas mépriser les différentes religions, c’est critiquer une attitude jugée excessive, c’est blasphèmer le comportement publicitaire des personnes qui s’apparente à des "hommes sandwicht" qui font de la pub pour leur produit religieux .

      2 - Blasphème contre le marché ?

      Le marché n’a pas de religion. Il ne porte aucune dimension sacrée susceptible d’être rabaissé à un niveau humain et terrestre. C’est plutôt ici l’inverse qui serait critiqué dans la mesure ou l’humain est rabaissé au rang infra humain d’objet. En fait, la société marchande est vide de sens ou plutôt laisse à voire une "foire au sens" (A Bihr) ou chacun prend ce qu’il veut ou ce qu’il peut (principe de solvabilité pour l’acquérir). La société marchande est aussi criticable par ce qu’elle n’offre pas, ce qu’elle empêche de produire (des services publics par exemple) mais pas par ce qu’elle impose car elle ne fait que proposer à des individus libres, qu’offrir à un demandeur potentiel. Lorsqu’elle le fait mal (pub sexiste par exemple) ou avec trop d’insistance (multitude de panneaux publicitaires par exemple) elle est aussi critiquée et bridée.

      3 - Blasphème contre le républicanisme.

      Faire un bras d’honneur à la messe républicaine, qu’est l’hymne national c’est refuser les embrigadements sans abandonner l’esprit citoyen, sans nécessairement méconnaître les avantages du régime républicain.
      M. JérÔme RIVIÈRE député voulait que l’hymne national soit obligatoirement enseigné à l’école pour favoriser l’intégration. Il n’a heureusement pas été suivi.
      http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion0786.asp
      Pisser (en parole) sur le drapeau tricolore ce n’est pas plus ignorer l’existence de la Nation.Je préfèrerais quant à moi qu’une réflexion soit menée sur le triptique républicain "liberté,égalité, fraternité" mais avec esprit critique, sans fétichisme ni dogmatisme.

      Christian DELARUE