Accueil > Winterbottom : " The road to Guantanamo "

Winterbottom nous offre avec "The road to Guantanamo" une réalité diluée et une critique qui manque de force.
de Stéphane Chénier
Dans une scène nous voyons Rumsfeld dire que les États-Unis respectent la Convention de Genève sur les droits des prisonniers. Donald Rumsfeld n’a peut-être jamais lu la Convention de Genève. Il se pourrait qu’il soit illettré. Dans cette éventualité, il devrait s’inscrire au programme d’alphabétisation cubain " Yo, si puedo ", Programme ayant reçu le Prix d’alphabétisation de l’UNESCO, et c’est tout à fait gratuit.
La Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre stipule que lorsque les personnes ne participent plus directement au combat, sont et demeurent prohibés ( je vous soumets les trois articles de lois suivants ) :
a) les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices ;
c) les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants ;
d) les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable, rendu par un tribunal régulièrement constitué, assorti des garanties judiciaires reconnues comme indispensables par les peuples civilisés.
Le docu-fiction de Winterbottom, tout en attirant l’attention d’un vaste public sur des crimes commis à Guantanamo par l’impérialisme américain, ne rend pas compte réalistement des traitements monstrueux infligés par ce dernier. Shafiq, l’une des victimes, nous dit : "On était enfermés en cage et constamment battus.
Mais la réalité est plus dure que ce que montre le film. Si on avait décidé de tout raconter, je crois qu’on ne nous aurait pas cru". Winterbottom avait la chance de porter un dur coup à l’état major états-uniens mais il ne l’a pas fait.
Il a préféré diluer la réalité en montrant entre autre un gardien dans un moment de gentillesse écrasant une araignée allant s’attaquer à un prisonnier endormi ; quel moment dérisoire. Le film se termine sur le pardon à l’endroit des tortionnaires. Or dans les faits les trois victimes ont entamé des poursuitent contre le gouvernement américain.