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YASSER ARAFAT : Symbole d’une résistance
Publie le vendredi 12 novembre 2004 par Open-Publishing1 commentaire
De Jérusalem, Michel Warshawski
Le président de l’Autorité palestinienne se trouve dans un état critique, soigné en banlieue parisienne après les trois ans d’enfermement dans son quartier général de Ramallah que lui ont imposé les dirigeants israéliens. Notre camarade Michel Warshawski tente ici un premier bilan de son action.
À l’heure où ces lignes sont écrites, Yasser Arafat (longtemps connu des Palestiniens sous le nom d’Abou Amar) lutte contre la mort à l’hôpital Percy de Clamart, dans les Hauts-de-Seine. Figure centrale du Fatah (la composante politique dominante du mouvement national), président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) - dès lors que cette dernière s’émancipa de la tutelle de l’Égypte nassérienne, après la guerre des Six-Jours -, élu à la tête de l’Autorité palestinienne (dans le cadre de l’autonomie initiée par les accords d’Oslo, en 1993), son nom restera associé aux quarante dernières années de l’histoire palestinienne. Il y a encore deux ans, j’étais, je crois, le seul Israélien de gauche à ne l’avoir jamais rencontré.
Non par boycott ou en raison d’une quelconque aversion envers le dirigeant du mouvement national palestinien, mais parce que, si j’apprécie les discussions politiques et les réunions de militants, je fuis les rencontres protocolaires et les accolades avec les grands de ce monde. Il y a deux ans, j’ai décidé de rendre visite à Yasser Arafat, enfermé par mon gouvernement dans ce qui reste de son quartier général dévasté. Une fois de plus, il symbolisait, dans son enfermement, le sort de son peuple tout entier. Et c’est précisément parce qu’il représente, plus que tout autre, le mouvement national palestinien, qu’il est l’objet de la haine des Israéliens et de l’affection que lui porte la grande majorité de son peuple. Au-delà des critiques, et elles sont nombreuses - sur la conduite naïve des négociations avec Israël, sur l’administration bureaucratique de l’OLP et sur les importants problèmes de corruption et de gestion opaque des finances de l’Autorité nationale palestinienne, etc. -, il est et restera, dans l’histoire et dans le cœur de son peuple, le père de la renaissance nationale palestinienne comme de la lutte pour la liberté et l’indépendance.
Responsable
Certes, Arafat n’est pas Nelson Mandela et certainement pas Ho Chi Minh. Il n’est pas même Gamal Abdel Nasser ou Ahmed Ben Bella. Mais, comme l’écrit cette semaine Yitzhak Frankental, sioniste et pratiquant, militant du Comité des parents israéliens des victimes, comparé aux politiciens israéliens, il est un géant. Il a su faire des choix douloureux et s’y accrocher, envers et contre toutes les pressions. À l’époque où les sondages servent de seules boussoles à la majorité des politiciens du monde entier, en un temps où la parole donnée n’a plus aucune valeur dans la diplomatie, Yasser Arafat a su être un dirigeant prêt à prendre ses responsabilités... au risque d’échouer. Pour les Palestiniens, Yasser Arafat aura eu au moins trois grands mérites. D’abord, en dépit des pressions considérables mises en œuvre et des menaces de lui faire chèrement payer son attitude, il n’a pas accepté de provoquer une guerre civile entre Palestiniens ; pour cela, il a dû subir un véritable boycott international et s’est retrouvé littéralement emprisonné à l’intérieur de la Muqata’a.
Ensuite, là encore malgré les pressions orchestrées par les puissances impérialistes et les menaces brandies par Ehoud Barak (le Premier ministre travailliste dont la politique permit à Ariel Sharon de s’emparer des rênes du gouvernement) lors des négociations de Camp-David, il a refusé de revoir à la baisse le « compromis historique » décidé par le Conseil national palestinien d’Alger. Un compromis qui déboucha sur la déclaration de principe d’Oslo et se trouvait basé sur les résolutions des Nations unies (sur l’évacuation des territoires occupés en 1967 par Israël, sur les réfugiés...). Finalement, il aura été un exemple de laïcité, défendant une vision de l’État palestinien au sein duquel puisse se réaliser une véritable coexistence entre hommes et femmes de confessions différentes, ce qui est loin d’être courant dans le monde arabe actuel. Pour les Israéliens, il aura été celui qui, sur la base d’un compromis extrêmement généreux et d’une véritable volonté de réconciliation - qui, pour beaucoup, représentaient déjà une compromission - leur offrait une légitimité nationale et la possibilité d’une souveraineté dans le monde arabe. L’immense majorité des Israéliens a été incapable de le comprendre. Un jour, ils le regretteront. Espérons que ce ne soit pas trop tard...
Messages
1. > YASSER ARAFAT : Symbole d’une résistance, 13 novembre 2004, 09:43
Arafat est mort, soit. Il n’est évidemment pas question de tomber dans l’idolatrie mais il est incontestable qu’il a été l’incarnation d’une juste cause : la défense des intérêts et de la liberté de la Palestine, c’est à dire d’un peuple. Quelles que soient les choses que l’on peut lui reprocher, on ne peut pas lui enlever cela : il s’est battu pour une cause juste.
A-t-il utilisé des méthodes terroristes ? C’est une évidence et ridicule de le nier, mais d’ailleurs comme tous ses accusateurs et en particuliers les Israéliens... souvenez vous de Irkoutz et de la Aggana qui étaient des organsiation terroristes sionistes à la fin des années 40, auteurs de milliers de morts et de dizaines d’attentats... pourtant de cet épisode, plus personne n’en parle en Israel. Alors un peu de pudeur quand on parle d’un adversaire, il n’est pas le seul à avoir du sang sur les mains.
Cette juste cause ne disparaît pas avec lui... à nous de continuer à la faire vivre et à la soutenir.
Nelson