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à propos des récents affrontements en Tunisie

Publie le vendredi 2 février 2007 par Open-Publishing
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A PROPOS DES RECENTS AFFRONTEMENTS ARMES EN TUNISIE

(Traduit de l’arabe)

Entre le 23 décembre 2006 et le 3 janvier 2007 , la Tunisie a vécu au rythme des affrontements qui ont opposé, au sud de la capitale et dans certaines régions du gouvernorat de Nabeul, des forces régulières et un groupe salafiste armé

Au cours de cette période, les autorités n’ont publié que de deux brefs communiqués, laissant les citoyens dans le désarroi, alors qu’ils assistaient, signe de la gravité de la situation, à un important déploiement sécuritaire ; ce qui a ouvert la voie aux conjectures et aux rumeurs et poussé les citoyens à recourir aux sources d’information étrangères.

La rétention de l’information par les autorités peut avoir des justifications sécuritaires et économiques, mais elle tient avant tout de l’inefficacité politique, en effet, l’information officielle n’a pas convaincu les citoyens quant à l’identité du groupe terroriste, ses effectifs, son équipement, ses objectifs et la façon dont il s’est infiltré dans le pays.…
La démarche adoptée par les autorités, tout au long des événements, reflète malheureusement leur volonté réitérée de tenir les citoyens à l’écart d’un des plus graves affrontement de ces quarante dernières années : une confrontation militaire entre un groupe politique extrémiste, terroriste, aventurier, porteur d’un projet de société réactionnaire d’une part, et le pouvoir en place d’autre part.

Bien plus, les autorités se sont attachées à exclure les citoyens, les partis politiques et le tissu associatif de leur droit à savoir ce qui se passe dans leur pays. En effet, seuls les cadres du parti au pouvoir, le RCD, ont eu droit, le 12/01/2007, à un exposé du ministre de l’Intérieur sur les affrontements qu’a connus le pays, ignorant ainsi toutes les voix sincères qui réclamaient le droit de tous les Tunisiens à connaître la vérité sur ces graves événements.

Les autorités persistent par là-même à marginaliser les partis politiques, les organisations syndicales et les associations civiles, à renforcer le système du parti unique et à maintenir l’interpénétration du parti au pouvoir et des rouages de l’Etat : des choix constants dont les événements ont montré la stérilité, l’échec et les conséquences désastreuses sur la société et le pays.

Assumant ses responsabilités et fidèle à son attachement à la patrie et aux acquis, aussi limités soient-ils, des femmes et des hommes du peuple, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique affirme que la Tunisie et les Tunisiens n’ont nul besoin d’un groupe politique affilié à la mouvance Taliban-Al Qaeda ; un groupe qui les déclarerait impies et sacraliserait le meurtre, prêt, à l’instar des groupes obscurantistes qui ont pris totalement ou partiellement le pouvoir dans d’autres pays, à assassiner les hommes et les femmes progressistes épris de liberté parmi les syndicalistes, les militants politiques, les juristes et les intellectuels ; prêt à imposer aux femmes des pratiques médiévales, prêt à pousser certains jeunes à exécuter des éléments des forces régulières ou des citoyens innocents.

Le Parti affirme son rejet total du terrorisme politique, prétexte constant à l’instauration de régimes dictatoriaux de plus en plus renfermés et sclérosés ; prétexte aux agressions militaires initiées par les forces hégémonistes, ayant à leur tête les Etats-Unis d’Amérique et leur allié sioniste, contre les nations et les peuples ; prétexte à l’ingérence de l’administration néo-nazie de Georges Bush dans les affaires intérieures de pays afin d’y soutenir des régimes ayant perdu leur légitimité populaire ou d’y promouvoir des solutions de rechange réactionnaires ; prétexte pour disloquer et faire régresser les pays, les peuples et les nations.

L’émergence de groupes politiques terroristes ultra réactionnaires qui instrumentalisent la religion -référent et but de leur action destructrice-, et leur implantation au sein de la jeunesse- espoir et garant de l’avenir du pays- est la conséquence des facteurs fondamentaux suivants :

1) Les choix du pouvoir, dans les domaines économique, social et culturel, qui ont échoué à donner un emploi à tous, et en particulier, aux jeunes diplômés.

2) L’extension des injustices et de la marginalisation sociale ; l’écart grandissant entre les classes et couches populaires d’une part et une minorité privilégiée d’autre part ; la paupérisation des couches moyennes due aux options économiques et sociales dictées par les sphères colonialistes ; l’extension de la corruption.

3) L’incapacité du système éducatif à former une génération de jeunes instruits sur la base de la rationalité ; des valeurs de liberté, d’égalité, de démocratie, de justice ; de refus du fanatisme et de toute sorte d’enfermement ; de la consolidation des fondements de l’identité nationale ouverte sur les principes de liberté et de progrès.

4) L’étouffement des libertés collectives et individuelles et l’absence d’espaces permettant aux citoyens, et notamment à la jeunesse, d’exercer leur droit d’expression, de communication, de réflexion et de production intellectuelle et culturelle.

5) Le refus de reconnaître les organisations de la gauche progressiste, dont le Parti du Travail Patriotique et Démocratique, qui défendent depuis des décennies les valeurs de justice, d’égalité et de liberté ainsi que les droits des peuples à l’autodétermination, loin de l’ingérence des puissances hégémoniques qui pratiquent la domination et l’agression.

6) La politique agressive menée par les forces colonialistes, et à leur tête, les Etats-Unis d’Amérique et l’Etat sioniste, en Irak, en Palestine et au Liban. A cela s’ajoute l’attitude des régimes arabes qui ne dénoncent pas clairement ces menées colonialistes, ne soutiennent pas les forces patriotiques qui luttent pour la libération et l’émancipation sociale de ces pays et vont parfois jusqu’à se taire devant les crimes commis par les forces d’occupation américano-britanniques dans les territoires arabes occupés.

7) L’interdiction opposée à l’Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET) de jouer son rôle dans l’encadrement de la jeunesse estudiantine, ainsi que les mesures d’exclusion des universités ou les poursuites judiciaires iniques à l’encontre de ses militants.

8) Les entraves à l’encontre des associations progressistes et démocratiques qui oeuvrent à l’encadrement des femmes et des couches menacées de marginalisation, ainsi que la réduction des espaces de création intellectuelle et culturelle et de propagation des valeurs de rationalité, de progrès, de modernité et de civisme.

Tous ces facteurs sont à l’origine du désenchantement de la jeunesse ; ils ont poussé certains jeunes à choisir l’émigration légale ou clandestine, le repli sur soi et ou le fanatisme, à tomber dans les filets criminels de trafiquants de drogue ou à rejoindre des groupes islamistes, extrémistes ou terroristes. Autant de formes de suicide physique et moral, de gâchis des potentialités dont notre pays a grandement besoin. Ce sont aussi tous ces facteurs qui éloignent la majorité des jeunes de l’action politique et associative et expliquent leur désintérêt pour les affaires publique.

Persuadé que notre peuple et sa jeunesse méritent des lendemains meilleurs, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique demande une révision profonde de la politique suivie par le pouvoir dans les domaines économique, social, culturel et de l’enseignement . Menée d’en haut et de façon unilatérale, sans prendre en considération les points de vue et les propositions des différents partis politiques, des organisations, des syndicats et des associations dans le cadre d’un débat national sérieux et responsable, une telle révision serait vouée à l’échec.

Dans l’immédiat, le Parti appelle à des décisions urgentes : :
- la levée des mesures qui entravent l’exercice des libertés collectives et individuelles ;
- la reconnaissance des partis civils, dont le Parti du Travail Patriotique et Démocratique ;
- la levée des mesures qui entravent la liberté de la communication et empêchent la - parution de journaux libres parmi lesquels « Al Irada » , organe du Parti ;
- la promulgation d’une loi d’amnistie générale ;
- la levée des mesures qui entravent l’action des partis, des associations et des organisations et les empêchent de mener à bien leur tâche et d’assumer leur rôle.

Parti du Travail Patriotique et Démocratique

Tunis, le 15 janvier 2007

Messages

  • Je suis né à Tunis , et j’aime le peuple de ce pays . Les tunisiens sont des gens calmes et acceuillants . je veux rappeler trois anecdotes qui m’ont marqué à jamais .
     Nous circulions , ma mere , mon frere et moi dans un taxi bébé (4chv) quand notre route a coupé une grande manifestation en l’honneur d’un dirigeant tunisien décédé , la foule s’en est vite prise au taxi , au vu de ses occupants , et le chauffeur de taxi tunisien , est sorti de la voiture pour dire que celui ou celle qui toucherait une femme et des enfants devrait en répondre devant Dieu , la foule s’est calmée .
     Alors que je me rendais au lycée en trolleybus à travers les quartiers arabes de tunis , une patrouille de la garde nationale , a arreté le vehicule en pleine casbah , et a voulu faire descendre les ecoliers européens , là aussi , c’est le conducteur tunisien , qui a refusé , nous a dit de rester a bord , et a eloigné le sous off , avec force insultes .
     Aprés l’attaque de Sakiet sidi youssef par l’aviation française , le soir meme , une cinquantaine d’hommes munis de torches se sont rassemblés devant la maison , notre voisin , tunisien , aprés de longues minutes et quelques cris , leur a dit qu’il n’y avait qu’une femme et trois enfants dans la maison , et leur a dit de partir .
    c’etait entre 55 et 58 , j’avais entre neuf et douze ans , je me souviens de ces trois hommes .
    La tunisie , dont on peut discuter du régime actuel n’a surtout pas besoin de fanatiques salafistes , les tunisiens les rejeteront .
    claude de Toulouse .