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Un nouveau concept visible des opérations bancaires invisibles :
ING ou la force d’être là sans être là (et en plus, on vous offre le café...) :
"Ouvert depuis peu, ce drôle de café est « le premier concept store bancaire », revendique André Coisne, le directeur général d’ING Direct France, la filiale française.
– Qu’est-ce qu’un « concept store » ? Si tu le demandes à ta grandmère, par exemple, est-ce qu’elle sait ce que c’est ?
« L’an dernier, on a retravaillé l’image de la marque et on s’est dit qu’il fallait la mettre en scène."
– Justification induite des salaires gagnés dans tous les départements Marketing. La référence à la mise en scène d’un concept est intéressante...
"On avait déjà un lieu d’accueil, plus petit, où on servait le café aux clients."
– Ambiance rigolade : on a commencé à faire vivre le concept comme ça, entre copains qui avions la même conception de la banque chaleureuse !
"Nous avons pensé qu’il fallait en ouvrir un autre, plus vaste et le barbouiller à nos couleurs."
– On suppose donc que le concept a marché au point d’être débordé par la demande (ce qui reste à vérifier...). Le choix du mot "barbouiller" est étonnant.
"Faire vivre, dans un décor, la publicité. »
– En fait, on ne sait pas si le « store », le magasin a été créé pour le service bancaire ou pour la publicité. Cette dernière, en tout cas, est élevée au rang de thème central au point qu’on souhaite la « faire vivre » !...
"D’où ce café à la fois criard et tendance, agressif et cosy : « On a insisté sur le côté lounge, on rappelle qu’on est une banque à la maison. »
– Les journalistes jugent la déco « criarde et agressive » mais aussi « tendance et cosy » - c’est tout dire !
On nous rappelle au passage que cette banque se veut à la maison, c’est-à-dire chez toi, chez moi : pourquoi la banque et la publicité devraient-elles avoir leur place, d’office chez moi ?
"De fait, il y a une fausse cheminée dans un coin du salon... 60 à 70 personnes (clients actuels ou potentiels) poussent la porte chaque jour. Pas de sas à l’entrée : « On n’a pas à se protéger, il n’y a pas d’argent. On ne peut pas venir avec sa valise et ses billets. » Tout se fait par virement sur l’Internet."
– Donc, à côté d’une fausse cheminée (ce qui donne l’avantage de pouvoir la faire tourner aussi bien l’été pour faire joli), il semblerait qu’une soixantaines de diables viennent là pour tripatouiller leurs comptes bancaires à distance. C’est une banque où il n’y a pas d’argent, et c’est aussi un café... D’ailleurs, le directeur reconnaît implicitement que le concept de la banque à distance seul n’a pas fonctionné dans l’Hexagone (c’est peut-être notre côté latin qui nous faire préférer rencontrer notre interlocuteur) :
« On a beau être une banque à distance, les clients ont besoin de voir ! » résume André Coisne, rappelant que dès les débuts d’ING, il y a six ans en France, des clients faisaient le déplacement à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) pour se rassurer en touchant les murs."
– Non !? C’est pas beau, ça ? Il semblerait qu’il y ait des gens qui ont poussé la curiosité à payer un billet de RER jusqu’à Fontenay sous Bois pour venir toucher le siège de la banque virtuelle de leurs mains. Un peu comme des groupies, ces fans qui ont besoin de toucher leur idole - ici, le Dieu Argent...
"La banque revendique aujourd’hui 500 000 clients dans l’hexagone et 10,7 milliards d’euros d’épargne investis massivement sur son livret Orange. Elle estime à 3 % sa part de marché sur les livrets d’épargne bancaire. Des épargnants appâtés par le taux promotionnel servi pendant les trois premiers mois : 5 % bruts par an, avant prélèvements sociaux et fiscaux, et se dégonflant à 2,07 % net le quatrième mois..."
– Donc, ça vaut pas plus le coup qu’un Livret A...
"Un café et un livret d’épargne, s’il vous plaît"
Libération, 11 mai 2006
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