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conditions de travail des ouvriers chinois , le problème des mingong
Publie le jeudi 10 avril 2008 par Open-Publishing1 commentaire
ce qui se passe au tibet ne peut laisser indifferent , mais pour la Chine la vraie menace est ailleurs , a l ’ interieur , voici ce qui pourrait réellement destabiliser le gouvernement chinois .
Makhno
Quand les rêves de Mao s’effondrent
Pauline Heitz,
analyste en formation,
École de politique appliquée,
Faculté des lettres et sciences humaines,
Université de Sherbrooke
Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera, aurait dit Napoléon. Pour l’heure, la Chine est en train de devenir la première puissance industrielle du monde. Avec une population de 1,3 milliards et 650 millions de personnes actives, le monde, surtout le monde des affaires et les consommateurs occidentaux, a les yeux rivés sur l’empire du Milieu. Le communisme chinois, si opaque il y a encore une décennie, vire-t-il dans le libéralisme sauvage grâce à sa main-d’oeuvre bon marché ?
La misère des paysans
À regarder de plus près, un phénomène, connu de l’Occident, voit le jour : l’exode des campagnes. La particularité de la Chine réside dans le fait que la population rurale comprends 900 millions de personnes. Cette richesse, tant exaltée par Mao Zedong, est délaissée par le biais de réformes qui favorisent le secteur industriel au profit du secteur agricole. Selon le sociologue Sun Liping, « en Chine, si l’on tient compte des prestations sociales octroyées aux urbains, ces derniers ont des revenus six fois supérieurs aux ruraux (1) ».
Dans ce contexte, les paysans cherchent de meilleures conditions de vie et partent vers les villes. Ces quelques 200 millions de mingong, « travailleurs migrants », sont pour l’industrie chinoise en pleine expansion, des travailleurs très malléables. Pauvres, surexploités, ils sont pourtant le pilier de l’économie chinoise afin que celle-ci reste la plus compétitive du monde. En effet, la Chine affiche un coût de production cinq fois moins élevé que celui du Mexique où l’on a fermé des usines textiles (2).
Les ouvriers chinois : des citoyens de seconde zone
Les mingong, payés à la journée, acceptent de travailler 10 à 15 heures par jour, sept jours sur sept, sans contrats de travail. Cette précarité les empêche de bénéficier d’une sécurité sociale. Ils doivent assumer eux-même les coûts d’un accident de travail ou d’une maladie. De plus, ces ouvriers ne sont pas pris en compte dans le recensement de la population urbaine. De ce fait, ils n’ont pas accès aux services publics comme le système scolaire ou les services de santé. En outre, les mingong doivent également payer des taxes et des impôts bien plus élevés que ceux des citadins.
Dans son livre, "China’s Workers under Assault. The Exploitation of Labor in a Globalizing Economy", Anita Chan dresse un sombre tableau de l’exploitation de la classe ouvrière chinoise : « interdiction de boire et d’aller aux toilettes, humiliation publique et violences physiques, obligation de verser un dépôt en argent, confiscation des papiers d’identité, fermeture des dortoirs (ce qui peut déboucher sur des conséquences dramatiques en cas d’incendie), harcèlement sexuel, non-paiement systématique des salaires pour les heures supplémentaires, salaires ridiculement bas (jusqu’à 0.70 dollars canadien par jour) (3) ».
La Chine : économiquement ouverte, démocratiquement fermée
Quant aux ouvriers provenant des entreprises publiques, l’avenir ne semble pas meilleur. Certes, leurs conditions de vie ne ressemblent en rien à celles des mingong, mais les fermetures successives des usines d’État face à l’implantation massive des entreprises privées augmentent le nombre de chômeurs parmi les ouvriers. En effet, ces sociétés d’État ne sont pas compétitives par rapport aux industries privées. Prises à la gorge, ferment leurs portes leur bilan les unes après les autres. Déficitaires, ces sociétés « ne sont plus en mesure de verser les salaires ou les pensions de retraite à leurs ouvriers (4) », comme le suggère Liu Xuming, journaliste pour le « Lianhe Zaobao ».
En 2001, la Chine adhérait à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le gouvernement chinois proclamait l’ouverture du pays au commerce international et se félicitait de la richesse que cela procurerait à ses habitants. Bien que la classe moyenne et les milliardaires ont augmenté dans le pays, la disparité entre riche et très pauvres s’est accentué. Après l’allocution célèbre de Deng Xiaoping dans les années 80, alors chef de l’État chinois, dans laquelle il lançait « s’enrichir est glorieux », les ouvriers chinois ne semblent pas pourtant profiter de la forte croissance que connaît la Chine.
De plus, les syndicats indépendants sont strictement interdits. Seul le syndicat du parti unique est autorisé. Ainsi, les travailleurs n’ont pas de réels recours pour faire valoir leurs droits. Un mingong témoigne en expliquant qu’« à l’époque de Mao Zedong, on mangeait à notre faim, on avait un travail et un logement, rétorquent un mingong et ses collègues de chantier ». Comme se demandait Philippe Cohen et Luc Richard, journalistes pour le journal Marianne, la Chine glisse-t-elle vers « un capitalisme sans démocratie ou un socialisme ultra-libéral ? ».
Références :
(1) LE MONDE. « Bilan du Monde », (Paris) édition 2004
(2) MARIANNE. (Paris), no 431, semaine du 23 au 29 juillet 2005,
(3) ibid.
(4) ibid.
Ils sont 200 millions en Chine et représentent une grande partie de la force de travail qui ne cesse de faire pousser les gratte-ciel et élargir les villes de l’empire : les travailleurs migrants, paysans chassés des campagnes par une pauvreté endémique, classe sociale souvent misérable, sous-payée et parfois dépourvue des droits dont jouissent les autres citoyens, viennent de faire leur entrée à l’Assemblée nationale populaire (ANP).
Wen Jiabao annonce une protection sociale accrue
Sous la pression des défis sociaux, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a promis, mercredi 5 mars, lors de l’ouverture à Pékin de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP), la mise en place d’un gouvernement plus efficace pour une société plus juste. Après s’être félicité du fait que la Chine était passée de la sixième à la quatrième place dans l’économie mondiale de 2002 à 2007, le premier ministre a reconnu les immenses défis sociaux et environnementaux que la Chine doit relever.
"Nous sommes parfaitement conscients qu’il existe encore beaucoup de problèmes à résoudre dans le développement économique et social", a-t-il affirmé, appelant à "résoudre les problèmes patents liés aux intérêts vitaux de la population". Il a ainsi promis une enveloppe de 276,2 milliards de yuans (25,5 milliards d’euros, + 20 % par rapport à 2007) "pour accélérer la mise en place d’un système de protection sociale". Pour 2008, la priorité sera la lutte contre l’inflation, qui rogne le pouvoir d’achat des moins favorisés, et le renforcement des contrôles pour éviter la surchauffe économique. - (AFP.)
[-] fermerAux côtés des 3 000 délégués, trois de ces "mingong" (min pour nongmin, paysan et gong pour gongren, ouvrier) se sont assis, mercredi 5 mars, à l’ouverture de la session annuelle du "Parlement", sur les bancs de l’immense salle du Grand Palais du peuple de Pékin.
Leur désignation est une tentative du pouvoir de montrer qu’il se soucie, selon les mots d’ordre en vigueur d’"améliorer les conditions de travail" de ces migrants de l’intérieur. A l’heure où le rythme effréné de la croissance creuse les inégalités sociales, le régime est conscient des effets potentiellement déstabilisateurs de cette poudrière sociale.
Deux des trois mingong sont des femmes. L’une d’elles, Hu Xiaoyan, a 34 ans et est originaire de la province du Sichuan (Sud-Ouest). Il y a dix ans, elle a émigré à Foshan, ville du Guangdong, la province emblématique de la croissance chinoise depuis un quart de siècle. Employée d’une usine de poterie, elle a gravi tous les échelons et s’est intégrée dans le système pour être finalement "élue" par le congrès local du parti de sa province, première députée mingong à l’échelon national.
LA CRISE DE L’ÉDUCATION
Sur son ordinateur portable, Mme Hu a recueilli les doléances. Une de ses priorités, a-t-elle déclaré à la presse, sera d’attirer l’attention sur le délicat problème de "l’éducation des enfants" des travailleurs migrants. Ces derniers, souvent illégaux en ville, doivent en effet assurer l’éducation de leurs rejetons dans des écoles officieuses ou tout bonnement les laisser au pays.
La seconde mingong s’appelle Zhu Xueqin. Agée de 31 ans, elle est originaire de la province du Jiangsu (Est). Elle a dû abandonner ses études pour des raisons financières et a émigré à Shanghaï où elle est devenue couturière à la chaîne. Privilégiée, elle a réussi à obtenir une bourse qui lui a permis d’aller se perfectionner au Japon. Elle est devenue vice-présidente du syndicat de son parti et son appartenance à la Ligue de la jeunesse communiste, dont est issu le président de la République et chef du parti Hu Jintao, n’est sans doute pas pour rien dans son ascension jusqu’au sommet. Elle dit vouloir oeuvrer pour élargir au niveau national la couverture sociale de ces travailleurs migrants que leurs employeurs "oublient" parfois de payer durant des mois...
Le troisième a un itinéraire des plus classiques. Originaire de la province du Guizhou (Sud), foyer de minorités ethniques pauvres, Kang Houming a nomadisé longtemps, du Tibet au Sichuan, avant de passer des années à Chongqing (Sud-Ouest), où il a vécu sur un chantier de construction. Son souci est aujourd’hui de voir se développer une politique de logement pour mingong : "Je gagne 2 000 yuans par mois (200 euros) et les prix de l’immobilier sont au-dessus de mes moyens", a-t-il déclaré. En vingt-huit ans de labeur, M. Kang a économisé environ 3 000 euros.
L’entrée au Parlement des trois mingong symbolise le fait, souligne la presse, que les droits des travailleurs migrants "sont les mêmes que les autres citoyens, d’autant qu’ils ont énormément contribué à la croissance économique de la Chine".
Bruno Philip
Article paru dans l’édition du 06.03.08
Messages
1. conditions de travail des ouvriers chinois , le problème des mingong , 10 avril 2008, 09:55
Il faut s’entendre sur les mots. Un ingénieur de Microsoft, même avec un haut salaire, peut être bien plus "exploité" que n’importe quel mingong chinois.
Parcontre il jouit de conditions de vies qui en font un conservateur, alors que le mingong,vivant dans des conditions minables, pourrait avoir envie de se révolter. En fait, nous savons d’expérience, que la révolte ne survient que lorsque le lendemain est pire que la veille et pas dans le cas inverse.
La vraie question est donc : Les conditions de vie du prolétariat chinois s’améliorent-elles ou se dégradent-elles ? Les inégalités qui sont le carburant principal du capitalisme ne sont, durablement, tolérées par la société que dans le premier cas de figure !
CN46400