dans la presse suisse (24H) Nicolas Sarkozy se fait huer par la communauté des blogueurs

Nicolas Sarkozy se fait huer par la communauté des blogueurs

ÉLECTIONS
Lors d’une conférence sur l’avenir du web, le candidat s’est montré peu enclin à la discussion, reniant l’esprit des blogs.

ANNE DOMINIQUE MAYOR PARIS
Publié le 14 décembre 2006
Sarkozy n’a pas su séduire les participants à une conférence internationale sur le web.
Sifflé. Hué. Puis incendié sur le web. Ce n’est certainement pas à quoi s’attendait Nicolas Sarkozy lorsqu’il a accepté l’invitation à s’exprimer lors d’une conférence sur l’avenir du web mardi à Paris.

Personne ne sous-estime le rôle que vont jouer les blogs dans la campagne des élections présidentielles de 2007. Echange avec le public des internautes, parler vrai, diffusion virale du message électoral : voilà les recettes d’une nouvelle démocratie qui fait rêver les présidentiables. Il y a à peine quinze jours, l’UMP surfait sur la vague et invitait par le biais d’un clip vidéo diffusé sur internet ses 300 000 sympathisants à ouvrir chacun leur blog de campagne.

Alors quand Loïc Le Meur (Umpiste ndlr) , organisateur de la conférence Le Web 3, propose en dernière minute aux trois présidentiables François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal de venir partager quelques propos sur l’avenir d’internet avec un millier de technophiles du monde entier, les deux premiers acceptent allègrement l’invitation. François Bayrou joue le jeu. Après des propos de circonstance, il se prête volontiers à l’échange avec le public.

Discours de campagne

Peu après, c’est Nicolas Sarkozy qui débarque sur scène. Loin d’ouvrir le dialogue, il assène un véritable discours de campagne, en français - Bayrou avait fait l’effort de traduire une partie de ses propos en anglais - à l’assemblée majoritairement (55%) internationale. Sitôt son temps de parole écoulé, il quitte la salle sous les sifflets d’un public frustré, sans même attendre les questions. Aux antipodes de l’esprit de discussion qui prévaut sur les blogs.

« Propagande à l’ancienne »

La réaction des participants ne se fait pas attendre. « De la propagande à l’ancienne », s’exclame-t-on ici. « La conférence s’est fait pirater par les politiques », s’irrite-t-on là. Dans les heures qui suivent, plusieurs centaines de blogueurs du monde entier expriment leur fureur dans autant de billets relayés sur la toile. « La campagne se jouera sur le web », martèle le leader de l’UMP depuis des mois. Première manche de toute évidence perdue pour le candidat Sarkozy.