Accueil > de l’application des règles
Une fois la nécessité de posséder des règles http://calebirri.unblog.fr/2009/11/... étant établie, il nous faut étudier les moyens de les faire appliquer. Pour commencer il est utile de distinguer la nature de ces règles, qui sont de deux sortes : elles se doivent d’une part de permettre la vie en société dans son fonctionnement quotidien, mais d’une autre aussi de proposer une sorte d’objectif spirituel pour chaque homme et pour la société dans son ensemble, c’est à dire de proposer une vision du bonheur à atteindre.
Ces moyens d’application sont au nombre de trois, et proposent tous une vision à la fois concrète (avec le système de sanction/récompense) et spirituelle (les règles d’accession au bonheur) :
tout d’abord, il faut considérer le capitalisme non comme une sorte de « sous-système » capable d’âtre adapté à un régime politique, mais comme un « supra-système » ayant une existence par delà les régimes mis en place http://calebirri.unblog.fr/2008/04/... . Il possède une sorte de balance jugeant les actions, et une morale propre (ce qui rapporte est bien), avec un objectif spirituel simple : la richesse est synonyme de bonheur.
le deuxième fonctionne sur la peur, qu’elle soit physique ou mentale. Un système tyrannique instaure des règles arbitraires qu’il fait respecter d’abord par la propagande, la philosophie ou la religion, et au besoin par la terreur physique. L’argent n’est pas utile si le système tient bien, et le bonheur se trouve en suivant à la lettre les règles imposées : la récompense est la montée hiérarchique, et la sanction peut aller jusqu’à la mort. Il se peut aussi que, grâce à la propagande, la peur de l’enfer ou l’espoir du paradis suffisent à servir de jugement, ce qui permet ainsi au pouvoir en place de ne pas avoir à promettre de récompense, ni d’avoir trop besoin de recourir à la sanction créatrice de désordre.
Le troisième moyen se trouve être le consentement général, et est sans doute le plus difficile à mettre en place. Il signifie le consentement éclairé de la totalité des êtres humains, avec comme objectif spirituel de rechercher le bonheur pour tous et pour chacun, avec comme seul juge la réussite ou l’échec de cette quête. Les moyens de coercition physique et mentaux ne dépendent que de la bonne volonté de chacun, et les sanctions peuvent se limiter à l’opprobre jeté par la majorité sur l’individu, voire à un ostracisme « formateur ». les récompenses sont le regard des autres et la satisfaction personnelle.
Si on comprend aisément comment fonctionnent les deux premiers moyens d’application, il faut avouer que le troisième est sans doute le meilleur, mais aussi presque impossible à réaliser ; d’autant que les deux premiers se targuent toujours officiellement d’être le fruit de ce consentement général.
Cela est explicable lorsqu’on regarde comment se fabrique ce consensus : par l’éducation, et uniquement par ce biais. Et c’est là tout le danger. Car la différence qui existe entre l’éducation et la propagande est en réalité une différence de point de vue : la propagande est l’apprentissage des comportements qu’il faut tenir pour faire tourner le monde tel que le voient quelques uns, alors que l’éducation est l’ouverture à la compréhension du monde, pour ensuite y adapter les comportements qui conviennent, et ce différemment pour chacun.
Pour comprendre cette différence de point de vue sur le rôle de l’éducation, il suffit de considérer les objectifs (sur lesquels nous reviendrons ailleurs) que se fixent chacun de ces moyens d’action :
Dans le premier cas (capitalisme), c’est l’individu qui prime au détriment de la communauté
Dans le deuxième (autoritarisme), c’est la communauté qui prime sur l’individu
Dans le troisième (consentement général), les deux sont une priorité.
Le capitalisme et l’autoritarisme se servent donc de l’éducation pour diffuser leur propagande, qui finit par provoquer la peur (physique ou mentale) et la soumission. Le consentement général se sert lui aussi de l’éducation, et c’est là toute la difficulté, mais dans un but opposé : celui d’ôter la peur pour la remplacer par la confiance.
L’éducation est donc bien cette fabrique du consentement, et celui (groupe ou individu) qui possède le pouvoir de faire l’éducation détient celui de faire le monde. Alors que le monde se devrait d’être expliqué pour être compris, par l’éducation.