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encore toute une famille victime de la mécanique sans cœur
Publie le lundi 4 février 2008 par Open-PublishingIdriss Daadaa, Grassois sans papiers,
victime de la mécanique sans cœur
Le Réseau Education Sans Frontières 06 s’indigne des conditions inacceptables dans lesquelles est traité le cas d’Idriss Daadaa, en instance d’expulsion. RESF 06 demande au Préfet des Alpes-Maritimes de revenir d’urgence sur son arrêté de reconduite à la frontière,
pour ne pas briser la vie d’un homme et d’une famille qui vivent depuis des années à Grasse.
C’est un cas comme tant d’autres, celui d’un homme qui a cru en ses droits et, en juin 2006, a effectué une demande de régularisation dans le cadre de la circulaire Sarkozy. Comme tant d’autres, il a été débouté sans raison particulière. Un cas symbolique de la machine administrative qui vise à expulser toujours plus, sans tenir compte des êtres humains derrière les chiffres.
Idriss Daadaa, installé à Grasse depuis 2001, risque désormais d’être expulsé en Tunisie ; en attendant, depuis quelques jours, il a surtout parcouru le Sud de la France. Un aller simple de Grasse à Nîmes, jeudi 31 janvier. Puis un aller-retour de Nîmes à Nice, lundi 4 février ; le temps de passer quelques minutes, pour rien, au Tribunal administratif de Nice.
Jeudi 31 décembre, Idriss Daadaa est cueilli chez lui, à l’heure où ses enfants partent en classe. Il est conduit sur-le-champ au centre de rétention de Nîmes. Ce n’est qu’au bout de deux jours que ses proches et ceux qui le soutiennent peuvent prendre connaissance de cette destination.
Son avocat, maître Sylvain Pont, dépose alors un recours devant le Tribunal Administratif de Nice contre l’arrêté d’expulsion rendu 10 jours plus tôt. Ce lundi, il est donc transféré de Nîmes à Nice pour l’audience. Mais celle-ci tourne court : dans la salle, le juge lui apprend que, pour un point de procédure, cet appel ne peut-être examiné qu’à Nîmes. Idriss Daadaa est donc aussitôt reconduit à Nîmes, après ce passage éclair à Nice, sans même avoir le temps de revoir sa femme et ses enfants.
Il a été conduit au Centre de rétention de Nîmes faute de place à Nice et les textes prévoient désormais que les étrangers doivent être jugés dans la ville où ils sont détenus en rétention ce qui les éloigne de tout entourage, occasionne des déplacements couteux d’avocats, maintient la famille dans l’angoisse.
Une situation absurde, inhumaine, « peu compatible avec les droits de la défense, et sans le moindre respect pour les droits de la personne humaine », s’insurge maître Sylvain Pont. « Ce qui ressort de ce dossier, c’est la précipitation préfectorale dans la gestion de cette affaire. Quelle urgence y a-t-il à expulser un père de famille, dont l’épouse est enceinte et souffrante, sans parler de ses deux enfants dont les professeurs saluent les résultats scolaires ? »
Ses enfants, Wajdi,14 ans, et Jihene,11 ans, sont arrivés en 2005 avec leur mère, qui a de la famille ici. Ils sont scolarisés au Collège Saint-Hilaire de Grasse.
Face aux menaces qui pèsent sur eux, les enseignants et les élèves de l’établissement se sont mobilisés début décembre, juste avant que le tribunal administratif se penche sur un premier recours.
Manifestation devant la sous-préfecture de Grasse, pétition de soutien ayant récolté 450 signatures… tous réclamaient que la famille Daadaa ait le droit de vivre légalement en France, et qu’ainsi que Wadji et Jihene puissent étudier dans des conditions normales.
Malgré cet engagement, le tribunal a rendu un arrêté d’expulsion le 21 janvier dernier, conduisant à cet inepte parcours de l’expulsé. Alors que sa femme attend un bébé pour avril, dans des conditions de grossesse difficiles, Idriss Daadaa, lui, doit attendre loin des siens d’être fixé sur son sort.
Déjà, à Nîmes, les membres locaux du Réseau Education Sans Frontières lui apportent leur soutien.
Mais la famille Daadaa ne sortira de cette machine à briser des vies que si l’Etat reconnaît leur droit à continuer à vivre à Grasse, comme depuis des années, mais désormais en tant que citoyens français.
C’est pourquoi, au nom des droits humains les plus élémentaires, le Réseau Education Sans Frontières 06 appelle solennellement le Préfet des Alpes-Maritimes a revenir sur son arrêté de reconduite à la frontière. RESF 06 invite tous les citoyens indignés par cette situation à le manifester en écrivant à Monsieur le Préfet.