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expulsion et maltraitance d’un étudiant tunisien...
Publie le mercredi 28 juin 2006 par Open-Publishingexpulsion et maltraitance d’un étudiant tunisien...
Le Réseau Education Sans Frontières 13 adresse ses plus vives
"félicitations" au préfet des Bouches du Rhône qui a fait procéder le 24
juin 2006 à l’expulsion vers Tunis de Fathi Toualbi.
Etudiant à la faculté d’Aix (Lettres et Sciences humaines) en master 2ème
année de Sciences de l’environnement (météorologie), Fathi, 27 ans, était
arrivé en France en 2003 pour poursuivre ses études supérieures.Parce
qu’il laisse filer le temps, comme nombre d’étudiants, au moment de
préparer ses examens à la rentrée scolaire 2005-06, son titre de séjour ne
lui est pas renouvelé. Aujourd’hui il le paye au prix fort.
Lorsqu’en mars 2006, suite à une arrestation dans la rue, le Juge des
Libertés lui donne un mois pour régulariser sa situation universitaire, la
faculté est totalement bloquée par la lutte contre le CPE.
Mercredi 21 juin, à 7h00 du matin, quatre policiers viennent le chercher
dans sa résidence universitaire. Du jamais vu, ou plutôt des méthodes qui
rappellent un passé peu glorieux...
Par deux fois, par bateau puis par avion, son expulsion échouera notamment
grâce à l’intervention du RESF en direction des passagers aériens à
Marignane. Fathi n’en ressort cependant pas indemne. Les violences
policières lors de son embarquement par avion, jusqu’à l’étranglement pour
le faire taire, lui laissent des marques au visage.
Maintenu en rétention, sa prochaine expulsion lui est annoncée le soir
même pour le lendemain, samedi 24 juin en fin de journée.
Malgré les nombreux courriers de protestation qui arrivent à la
Préfecture, notamment d’élus locaux, d’associations, de syndicats, de
citoyens choqués d’une telle affaire, malgré les actions du RESF qui
témoignent d’un véritable soutien de proximité, malgré l’intervention du
président de l’Université d’Aix... la Préfecture s’entête contre toute
logique à vouloir l’expulser.
De manière délibérée, pour éviter une forte mobilisation qui verrait se
masser sur le port l’ensemble des participants (plusieurs centaines) à
l’opération de parrainage qui a lieu en mairie ce 24 juin, la préfecture
ordonne son transfert dès le matin du centre de rétention, laissant croire
à une expulsion par avion.
Finalement, Fathi est expulsé par bateau à 14h30 sur le Méditerranée (SNCM).
Actuellement, il subit un interrogatoire avec la police tunisienne.
Pourquoi ces méthodes et dans quel intérêt ?
C’est une guerre des nerfs qu’a engagée la préfecture avec RESF13..
L’ampleur que prend jour après jour ce réseau d’aide aux jeunes sans
papiers scolarisés est le reflet de la prise de conscience massive et de
la détermination à ne plus laisser faire cette politique liberticide
orchestrée par Sarkozy.
C’est cela que le Préfet a voulu briser en expulsant Fathi coûte que
coûte. Car cet étudiant ne représentait aucun objectif sensé au regard
d’un tel acharnement. En quoi la possibilité de lui laisser terminer son
année universitaire aurait-elle nui à l’image de la France ?
Cet acte indigne et violent, condamné unanimement, ne doit pas être tu.
L’expulsion de Fathi, et les violences qui vont avec, devrait être
l’occasion d’une leçon d’instruction civique. L’occasion de faire
percevoir à nos élèves et à nos enfants le double langage des autorités de
l’Etat, capables de servir des discours empreints de générosité à
l’Assemblée Nationale et de gestes sordides au service d’une politique de
fermeture, d’intolérance et de répression. La parole et les actes.
Les gens ordinaires, ceux qui s’émeuvent et se mobilisent à chaque fois
qu’un jeune se révèle être sans papiers (ou enfant de sans papiers) dans
une classe, n’ont pas les mêmes valeurs. Il faut que cela se sache, pour
que nous soyons demain encore plus nombreux à opposer notre volonté
d’action et de solidarité à la barbarie ordinaire des ministres
respectables et des fonctionnaires obéissants. La participation massive à
l’opération de parrainage citoyen ce jour à Marseille (plus de 400
parrainages) montre la voie.
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