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infiniment positif, infiniment négatif

Publie le jeudi 29 novembre 2007 par Open-Publishing

"Le zéro, jumeau, de l’infini. Biographie d’une idée dangéreuse". C’est ainsi que s’intitule le livre de Charles Sorge, un mathématicien interessé par la puissance de ce chiffre qui "triomphe des autres chiffres, rend folles les divisions et [qui] est le frère jumeau de l’infini." Il identifie la dangerosité de ce chiffre dans "les débats passionnés et souvent violents autour du zéro ébranlèrent les fondations de la philosophie, de la science, de la religion."
Aujourd’hui, le zéro ébranle les fondaments de notre économie, la cohésion de notre société.
Comment ? Il est le chiffre qui a rendu possible la naissance du capitalisme. Sans zéro, point de capitalisme. Les principes sont connus depuis le 9e siècle, depuis la traduction latine du livre d’Al Khwârizmi et qui porte le titre "Algoritmi de numeris Indorum". Le zéro est introduit en occident par Leonardo Fibonacci pour faciliter le calcul en commerce. Son "liber abaci" devient le manuel scolaire des écoles laïques, c’est là où les chiffres arabes vont remplacer les chiffres romains dans l’enseignement du calcul.
La position du zéro après un quelconque chiffre entre 1 et 9 permet maintenant de calculer des chiffres astronomiques. Mais ce n’est pas tout. Le liber abaci enseigne non seulement l’addition, il enseigne également la substraction, la multiplication et la division. Bref, introduction a rendu possible de dépasser l’univers limité du calcul en chiffres romains, de dépasser l’univers des chiffres positifs, et d’introduire dans le calcul la notion des chiffres négatives. Le dettes sont exprimés comme un crédit négatif, c’est-à-dire, et imaginées comme une somme "en dessous de zéro" (un peu comme la température). Ce computus a été systématisé par un moine italien, Fra Luca Pacioli qui décrit en 1494 le principe de la double comptabilité. La nouvelle méthode a révolutionné le tiers etat, celui des artisans et commerçants, qui est devenu le status oeconomicus.
Lié au calcul de l’argent (qui est devenu l’objet désiré absolut), le zéro a poursuivi sa course vers l’infini (à la fois dans le sens positif et négatif), en levant les uns à des sommets vertigineux et en jettant les autres dans les abîmes les plus noirs.

La question est quand est-ce que nous allons nous rendre compte de ce que nous faisons ? Déjà, le zéro" est devenu notre dieu, le capitalisme sa réligion, et le travail un service liturgique permanent. Il est où, le sens de tout ça ?

angela anaconda