Accueil > jeunes, avec boulot mais sans toit lyon
Ils sont jeunes. Ils travaillent. Et pourtant, ils dorment sous un porche, dans une cave ou une cage d’escalier. Depuis le début de l’année, plusieurs associations comme le Comité local pour le logement autonome des jeunes (Cllaj) ou Médecins du monde ont rencontré une centaine de personnes dans cette situation dans l’agglomération lyonnaise. « C’est le mitard social, une nouvelle manière de survivre, indolore socialement. La vie en porche est synonyme de solitude, de souffrance physique et psychologique », notent-elles dans leur « Tableau de bord du mal-logement invisible » du mois de juin.
Oussin, 20 ans, a fait partie des « invisibles ». « A la suite de différents avec ma famille, j’ai dû dormir sur un banc pendant un mois tout en continuant d’aller en cours le matin. Personne n’était au courant de ma situation », raconte le lycéen salarié.
« Ce phénomène ne touche pas que des jeunes fragilisés, comme les toxicomanes. Les jeunes travailleurs, notamment en intérim, peinent aussi à se loger, constate Eliane Gachet Kubicki, du Cllaj. Même trouver un squat est devenu impossible pour eux depuis la réhabilitation massive du centre-ville. » Alors que le prix de l’immobilier a explosé ces dernières années à Lyon, leurs revenus sont souvent insuffisants pour louer un petit appartement. « Même avec un salaire correct, les propriétaires demeurent réticents quand on n’a pas de garant... », raconte Houda. Cette étudiante, qui prépare un BTS en alternance, vit dans un foyer pour jeune travailleur (FJT), où d’après des statistiques de 2004, 22 % des résidents gagnent pourtant plus de 766 e par mois. Même là, les places sont chères. L’Observatoire de l’habitat transitoire du Rhône constate une réelle saturation de ces structures d’hébergement provisoire, contraintes de refuser 45 % des demandes. La crise du logement n’arrange rien en encourageant l’allongement des séjours.
« Si les jeunes travailleurs sont à la rue, c’est dû au manque de foyer énorme. Et beaucoup sont vétustes. Les rénovations ont pris du retard », estime-t-on à la mairie. Trois FJT vont être construits. « Cela représente cent soixante-dix nouveaux logements », indique Jean-Pierre Fayard, directeur de l’Union régionale des foyers de jeunes travailleurs. Mais ils ne seront pas livrés avant deux ans.