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juste pour rire ... article du blog de moscovici sur l’abstention socialiste au plan de sarkozy

Publie le mercredi 15 octobre 2008 par Open-Publishing
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ABSTENTION

Deux points rapides aujourd’hui.

Le premier, pour revenir sur la journée d’hier, et notamment sur l’abstention des socialistes sur le projet de loi de finances rectificatives sur le financement de l’économie. Il s’agissait de se prononcer sur les dispositions prises par Nicolas Sarkozy et le gouvernement pour garantir les prêts interbancaires et recapitaliser les banques défaillantes, en application des recommandations du Conseil des ministres de la zone euro de Dimanche. Nous avons eu, le matin, une discussion à la fois sereine et vigoureuse au groupe socialiste de l’Assemblée nationale. D’emblée, notre choix était circonscrit entre le vote « pour » et l’abstention, le vote « contre » étant exclu, car il n’était pas possible de refuser des dispositions nécessaires à la survie du système bancaire. Premier intervenant dans ce débat, car pressenti pour intervenir en séance l’après-midi sur le Conseil européen qui commence aujourd’hui, je me suis prononcé pour un vote favorable. Il ne s’agissait pas, selon moi, de donner un blanc seing à Nicolas Sarkozy pour sa politique économique – imprévoyante, injuste, inefficace – ou de cautionner sa réponse à la crise – qui a été brouillonne, peu européenne, déclamatoire – mais de marquer, à un moment difficile, notre approbation à la démarche d’une Union européenne agissant enfin de façon coordonnée. Je suggérais de garder notre opposition la plus résolue pour le débat sur le projet de loi de finances, le budget, qui commence la semaine prochaine. Relayée par d’autres députés, comme Jérôme Cahuzac, Michel Vauzelle, Marisol Touraine, Manuel Valls, comprise par beaucoup d’autres, cette position n’a finalement pas été retenue. Plusieurs camarades, comme Laurent Fabius – plaidant pour une opposition frontale comme à son habitude – Jean-Marie Le Guen ou Jean Glavany, ont pesé fortement pour l’abstention, suivis par le Premier secrétaire François Hollande. Je n’en ai pas fait un fromage. Les deux positions, en effet, se défendaient, avec la même argumentation : il fallait sauver le système financier, mais pour autant la réponse du gouvernement était partielle et tardive. C’est pourquoi je n’ai pas suivi Manuel Valls dans son vote public, ou dans son indignation. Car ce n’est pas une affaire d’État ou un cas de conscience, il y avait des arguments dans les deux sens. Et parce que je crois à la discipline de parti, de groupe, qui ne doit être transgressée que dans des cas exceptionnels.

Il y a toutefois une vraie réflexion à mener sur l’abstention. Jean Glavany la théorise, depuis longtemps, comme le vote intelligent, qui permet de rassembler le parti, sans le placer dans l’irresponsabilité. Je comprends ce raisonnement, mais ne le partage pas, du moins je n’en fais pas une règle. Il arrive souvent, dans les collectivités locales, que l’opposition, de droite ou de gauche, vote des propositions de la majorité, parce qu’elles sont d’intérêt général ou techniquement fondées, sans qu’on l’accuse systématiquement de compromission. Cette logique technicienne est moins forte au plan national, elle ne doit pourtant pas être absente. Il me semble que le PS renforcerait son image, accroîtrait sa crédibilité, en montrant à l’occasion, sans renoncer à ses critiques, qu’il sait approuver une mesure d’intérêt national, et dans le cas d’espèce européen. C’est la distinction que j’ai faite depuis le début de la crise entre l’unité nationale – qui n’a pas de sens avec cette droite violente et sectaire – et la responsabilité nationale – tournée vers les Français. Hier, nous avons peut-être raté une occasion.

Rien dans tout cela ne justifiait de ma part de la distance à l’encontre de mon parti ou de la complaisance à l’égard de l’UMP. Intervenant l’après-midi à la tribune, j’ai constaté la vulgarité de la majorité, qui n’a cessé de m’interrompre et m’interpeller, le laxisme assez lamentable du Président Accoyer, qui l’a constamment laissé faire : après tout, tant mieux, ça prouve que je les dérange. Et j’ai répondu vertement à Jean-François Copé qui, avec morgue, nous a qualifiés de « consternants ». Car nous n’avons pas de leçon à recevoir d’eux, de cette droite brutale, arrogante, qui trompe le pays. Raison de plus pour nous opposer à cela avec force et intelligence.

Un mot plus rapide sur vos échanges sur ce blog. Pour le dire franchement, ils ne me rassurent pas, ils me donnent moins envie d’y écrire, et presque de faire une pause jusqu’au Congrès. Il y a, dans ce que je lis, trop d’agressivité, des polémiques déplacées, des mots malheureux. Je souhaite que les passions retombent, et que les débats redeviennent sereins : à défaut, j’en tirerai des conséquences. Sans doute la tenue du Congrès aiguise-t-elle les dissensions. Elle provoque aussi bien des approximations. Ainsi ai-je été assez stupéfait de découvrir ici la vidéo sur le passage de Vincent Peillon à Montbéliard. Vincent est, à titre personnel, un ami très cher, et je le considère comme un des meilleurs esprits de ce parti. Raison de plus pour ne pas déraper. Ségolène Royal m’a bien proposé d’être Premier signataire de sa motion, et candidat de celle-ci au Premier secrétariat, je n’en tire aucun orgueil, je l’affirme, tout simplement parce que c’est vrai. Pourquoi, pour stigmatiser mon prétendu individualisme, prétendre le contraire ? Peut-être pour justifier une ambition plus dissimulée, qui sait ? Ça me dépasse. Internet, ton univers est décidément impitoyable…

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