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l’inflation c’est le vol

Publie le vendredi 2 juillet 2010 par Open-Publishing
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On a toujours du mal à imaginez le monde sans soi.

C’est donc normal que la sphère financière ait du mal à imaginer un monde sans elle.

Ainsi, les marchés n’imaginent pas un monde sans crédit et dès qu’on parle de retirer un peu de liquidité, ils paniquent.

Ils paniquent quand la Banque centrale européenne retire les béquilles de banques aux membres gangrénées.

Ils paniquent lorsque la Chine restreint ses octrois de crédit.

Ils paniquent lorsque l’Allemagne se met à l’austérité.

Ils paniquent lorsque l’idée de vivre sans eux nous effleure.

Imaginez un monde sans crédit
“Achetez maintenant et payez plus tard sans frais”.

Nous sommes tellement accoutumés à l’économie de la dette qu’il nous est très difficile d’imaginer vivre sans elle.

Imaginez que ce ne soit plus possible.

“Achetez maintenant” disparaît.

Que vont devenir les producteurs d’automobile, d’électroménager, de bricolage, de multimédia, de meubles… ?

Ma liste n’est pas exhaustive, passez en revue tout ce à quoi vous aimeriez succomber. Rajoutez-y une encyclopédie, un vélo d’appartement et un aquarium, je n’y vois aucun inconvénient.

Des dégâts aussi à prévoir pour les distributeurs, parce que les clients qui paient comptant sont une espèce rare. Le taux de surendettement pour cause de consommation compulsive augmente aussi en France.

“Payez plus tard sans frais” disparaît aussi.

De quoi vont vivre les banques et organismes de crédit à la consommation et les émetteurs de cartes diverses. Car elles vivaient justement du “sans frais” qui leur rapportait gros.

Peut-être vivront-elles du crédit aux entreprises ? Non, fausse route. Certes, quand l’économie de la dette arrivait à assurer de la pseudo croissance, pas une entreprise ne se créait sans dette. Par la suite, elles finançaient leurs investissements et leur croissance externe par la dette. Mais dans une économie en berne, elles auront du mal à trouver de courageux prêteurs.

Finis les fastes de la dette publique
Dans un monde sans dette, regardez routes, transports en commun, réseaux – électricité, gaz, télécom – d’un autre oeil. Pas comme quelque chose qui vous est dû. Mais comme un luxe que vous ne pouviez pas vraiment vous permettre de payer (avec vos impôts) et qui donc a été financé à crédit par votre député, maire ou ministre qui vous a promis que vous alliez voir ce que vous alliez voir si le TGV allait arriver jusqu’à votre porte, à Trifouilly-les–Oies-Farcies.

Et vous avez vu ? Les prix de l’immobilier ont explosé car ces crétins de Parisiens ont subitement découvert que votre joli village de Trifouilly-les–Oies-Farcies n’était qu’à 3h12 de train de la capitale. A 178 euros le billet en “période rouge” (= RTT), mais quand on aime on ne compte pas. Et d’ailleurs le vrai prix – sans les subventions de l’Etat ou de la région – est bien plus cher. Un seul wagon suffirait pour transporter ceux qui auraient les moyens de payer le vrai prix.

Il s’est créé 18,5 agences immobilières à Trifouilly-les–Oies-Farcies. Le 0,5 c’est votre neveu, un ex-trader viré de Londres au moment de la mort de Lehman Brothers qui l’a créée en empruntant pour les murs. En plus, il a obtenu une subvention pour création d’entreprise.

Les artisans de Trifouilly-les–Oies-Farcies ont embauché à tour de bras pour rénover les fermes – longères – bastides – chaumières vendues aux crétins de Parisiens (qui les ont achetées à crédit). Les artisans ont obtenu des subventions pour création d’emploi.

Trifouilly-les–Oies-Farcies devenait chaque jour de plus en plus riche – enfin vous semblait-il – et vous aussi. La preuve : vous avez eu un jour la joie de payer l’ISF, l’impôt sur la fortune, car le prix de la ferme héritée de votre grand-mère a sextuplé en 10 ans.

Votre grand-mère, qui n’a pas eu le bonheur de connaître l’économie de crédit, en pleure de joie au Paradis.

Imaginez un monde sans dette publique
Imaginez que l’Etat, votre région, votre commune ne s’endette plus.

Vous aurez des égouts engorgés, des coupures d’électricité comme en Afrique, des squares revenus à l’état de jungle ou de décharge, des trains à l’anglaise des années 80…

L’herbe repoussera entre les rails du TGV.

L’immobilier de Trifouilly-les–Oies-Farcies s’effondrera. Ses restaurants, ses agences immobilières fermeront.

Ses artisans déposeront le bilan.

Votre grand-mère ricanera au Paradis. De son temps, un crédit c’était le déshonneur, le chemin vers la pauvreté et la damnation, l’aliénation de sa liberté.

Mais c’était votre grand-mère. Et cette fois, c’est différent. Sauf que finalement, nous avons consommé tous nos droits à crédit. Voilà donc ce qui nous attend dans un monde sans dette. Voilà pourquoi les marchés dépriment lorsque des plans d’austérité sont annoncés.

Le paradoxe des plans d’austérité c’est qu’ils sont indispensables pour continuer à emprunter dans de bonnes conditions, mais qu’ils sont destructeurs pour l’activité de crédit.

Si tout le monde épargne, personne n’emprunte. L’économie financière se meurt. L’économie réelle survivra cependant, votre grand-mère vous en parlera.

L’inflation plutôt qu’un monde sans dette !
Bien entendu, une autre voie possible – plus facile que l’austérité – existe. C’est l’inflation qui allège la dette publique, l’équivalent de l’organisation de l’insolvabilité pour les particuliers et les entreprises.

Cette voie nous paraît de plus en plus probable car ce sera la plus supportable (sauf pour les retraités et les rentiers).

http://www.moneyweek.fr/20100735262/conseils/economies/inflation-dette-credit-epargne/

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