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la lettre de ma fille qui m’a fait pleurer...
Publie le lundi 5 octobre 2009 par Open-Publishing3 commentaires
Aujourd’hui je me suis levée tôt le soleil dans le coeur et les pieds légers. Le ciel était bleu, les oiseaux chantaient, mes baskets foulaient le trottoir en évitant les crottes de chiens avec une aisance de danseuse.
Bref, tout était là pour passer un mercredi sympathique. J’avais sous le bras toute une liasse de documents afin de réussir au mieux mon inscription au nouveau pôle emploi auquel je dois m’affiler.
Trop optimiste, je suis devant l’entrée du bâtiment à 8 heure, il n’ouvre qu’a 8 hre 30 !
Je patiente, lis, chantonne jusqu’à l’ouverture des portes et m’engouffre avec une vingtaine d’autres élus dans l’antre de l’emploi.
- bonjour !
- Oui bonjour, je viens pour m’inscrire car voyez vous, je...
- vous avez votre convocation ?
- euh ! non, mais...
- allez vers cet ordinateur, quelqu’un va s’occuper de vous.
- Oui, merci
je me positionne prête à la rencontre et à l’échange avec mon sourire aménagé pour l’administration. Un sourire pas trop enjoué, ni trop forcé, quelquechose entre le neutre et l’ouverture.
Monsieur arrive :
- Votre convocation s’il vous plait ?
- Ah ben non je n’en ai pas, à vrai dire c’est ma première venue mais j’étais sur internet, j’ai rempli tout les documents, coché toutes les cases.
- d’accord donc maintenant, vous attendez votre convaction et vous reviendrez à ce moment
- Ah mais je....
et la s’ensuit une discussion, pour lui expliquer que je suis en résidence artistique tout le mois prochain et que je n’ai qu’une semaine, et que ce serais bien de faire l’inscription cette semaine afin de pouvoir être efficace dès mon retour. Et lui de me parler avec tout le mépris du monde, en me faisant comprendre qu’un rendez vous ça ne s’arrange pas comme ça et quand on est au chômage on a du temps pour ça et que toute façon quand on est intermittent ou presque, on est au chômage donc disponible. Et que si je ne viens pas à ma convocation ça ne tient qu’à moi, il y a 500 personnes derrière moi qui attendent, donc il ne va pas se prendre la tête avec ce caprice de jeune fille on est pas chez mémé ici, et ici on vient pas pour des réductions de bus ( je suis dans le processus RMI, et pour disposer de mes droits de pauvre je suis obligé de donner mon numéro de carte de chômeur...donc si vous avez bien suivi, actuellemment je n’ai droit à rien. ) .Ici, c’est un lieu pour les gens sérieux qui cherchent du travail, mademoiselle !
Un lieu pour les gens sérieux qui cherchent du travail. Un lieu pour les gens sérieux qui cherchent du travail.
Moi je cherche un lieu sérieux pour un travail qui cherchent des gens.
Je resors donc, avec deux parpaings dans chaques baskets, le ciel est gris, la rue est morose, les crottes de chiens me poursuivent...maman viens me chercher !
Mon coeur est trop lourd, je ne veux pas gâcher cette journée. Alors, je fais demi-tour, j’entre dans le pôle emploi tout neuf tout brillant et je pousse un immense cri, je crie très fort, très très fort. Je n’ai pas le temps de voir la tête des gens mais je voudrais qu’ils se mettent à crier avec moi, d’ailleurs je ne crie pas, je hurle jusqu’à n’avoir plus de respiration et je repars en leur laissant mes deux parpaings et un peu de mon coeur trop lourd.
Le reste je l’ai laissé dans ce mail.
Je peux enfin commencer une belle journée même si peut-être d’ici midi je boite un peu.
Suis je folle ? Au moins autant que le monde dans lequel on nous fait grandir....ou rapetisser.
Merci de m’avoir lu, il est dix heures et demi du matin et il est temps que je profite de cette journée.
bises à tous
ioana
Messages
1. la lettre de ma fille qui m’a fait pleurer........, 5 octobre 2009, 18:36
T’es jeune, belle et plein d’espoir et tu t’inscris au pole emploi ? c’est comme d’aller à l’école pour devenir intelligente...
1. la lettre de ma fille qui m’a fait pleurer........, 6 octobre 2009, 12:31, par mariama idrissa
ce vraimen decourageant
2. la lettre de ma fille qui m’a fait pleurer........, 6 octobre 2009, 09:58
T’en fais pas t’es pas la seule dans ce cas, au moins t’as pas baissé la tête, tu l’as pas laissé te rabaisser comme ça. On a toujours raison de rester digne, de se révolter. T’en fais pas un jour tu pourras te venger. Et ce petit batard du pole emploi, peut être que mordre la poussière le rendra plus philosophe, peut être pas, mais à coup sur quand il sera crevé d’avoir méprisé tant de gens, il ne vaudra plus grand chose pour sa hierarchie et se fera jeter comme une merde. Et ça sera bien fait pour sa gueule, naturellement, mais toi tu seras quand même solidaire, et c’est ça qui est beau. Parce que mépriser les gens comme le font tous ces petits bureaucrates de merde, hé ba ça les grandit pas, non, ça les avilie, ils ne sont plus des humains, mais des robots normopathes. Au fond je les plains, mais je les détestes tellement quand ils "font leur boulot", et les compatie quand ils en crèvent.