Accueil > la musique est populaire, féministe et cosmopolite ! (mouarf !!)
la musique est populaire, féministe et cosmopolite ! (mouarf !!)
Publie le dimanche 25 mai 2008 par Open-PublishingUne enquête récente a été effectué par de nombreuses revues de toute l’europe spécialisées dans la musique classique (dont le magazine "le monde de la musique" qui en est l’initiateur ). Cette enquête visait à donner un classement des 10 meilleurs orchestres symphoniques d’europe.
Différents journalistes de toutes ces revues devaient donc voter pour le meilleur orchestre parmi 25 orchestres de 11 pays différents.
En 1er avec 86 points on trouve l’orchestre Philharmonique de Vienne.
En deuxième, 85 points, le Concertgebouw d’Amsterdam.
Et en troisième avec 79 points le Philharmonique de Berlin... (résultats complets sur http://www.huliq.com/144/vienna-phi...
Outre le fait que ce "classement" effectué par des journalistes bourgeois pour les milieux bourgeois et aristocratiques européens n’ait aucun intêret (chaque orchestre à sa propre manière musicale d’interpréter chaque oeuvre et chaque compositeur, on aime ou on aime pas, c’est subjectif), outre le fait qu’il exacerbe encore plus l’éliltisme déjà trop présent dans le milieu classique, et outre le fait qu’il donne une image sportive et compétitive de la musique, cette enquête fait également et surtout l’impasse sur le sexisme le racisme voir le néo-nazisme dont font preuve ces "grands et prestigieux" orchestres...
Voici donc ci-dessous deux articles interessants sur le "meilleur" orchestre au monde qui montrent qu’ il faut encore se battre pour l’égalité des droits dans certains domaines et que si la musique classique est parfois tant discrédité par une certaine classe populaire ce n’est évidemment pas parceque cette dernière rejette cette musique en tant que telle mais bien parceque certaines personnalités de la musique classique (dont les journalistes spécialisés) font tout pour ne pas mélanger "leur" élite avec tout le monde...
On dit que l’art et la façon dont il est exprimé reflète le niveau socio-culturel d’un pays...Comme quoi, l’europe social d’aujourd’hui n’est pas si différente que celle du XIXème siècle...(en tout cas elle s’en rapproche)
Sexisme et racisme
Bien que l’orchestre philharmonique de Vienne soit largement reconnu comme l’un des meilleurs au monde, depuis les années 1990, il fait l’objet de critiques de la part de groupes féministes parce que, jusqu’en 1997, il n’admettait pas de femmes dans ses rangs en qualité de membre à part entière. Seules quelques femmes avaient pu jouer en supplémentaires.
En 1997, une première femme, Anna Lelkes, harpiste, devient membre après avoir joué avec l’orchestre hors statut pendant quelques vingt ans. Après le départ à la retraite de Mlle Lelke, une autre harpiste Charlotte Balzereit devient à son tour la seule femme membre de l’orchestre.
Aucune femme n’avait non plus jamais dirigé l’orchestre. En janvier 2005, la chef d’orchestre australienne Simone Young devient la première femme de l’histoire à diriger le philharmonique de Vienne[2],[3].
Par ailleurs, historiquement, l’orchestre n’acceptait pas non plus de membres d’ethnies visiblement différentes. Un violoniste demi asiatique n’en devient membre qu’en 2001. Des responsables de l’orchestre font l’objet de critiques pour avoir soutenu que le maintien de son uniformité ethnique, blanche, européenne, était nécessaire pour préserver la haute qualité d’exécution.
En 1970, Otto Strasser, ancien président de la Philharmonie de Vienne, écrit dans ses mémoires :
« Je tiens pour incorrect qu’aujourd’hui les candidats jouent derrière paravent, un arrangement apporté après la seconde guerre mondiale pour assurer des jugements objectifs. J’ai continuellement combattu cette mesure, en particulier à partir de ma nomination à la fonction de président du Philharmonique, parce que je suis convaincu que l’artiste fait aussi partie de la personne, que l’on doit non seulement entendre mais également voir, afin de juger sa personnalité entière. [ … ] Une situation grotesque que même mon départ n’a pas été en mesure de faire changer. Après qu’un candidat se fut qualifié comme étant le meilleur, lorsque le paravent fut retiré, se tenait là un Japonais, devant le jury médusé. Il ne fut par conséquent pas engagé, sa physionomie n’étant pas adaptée à la "Pizzicato Polka" du concert du Nouvel An. »[4]
La première flûte du Philharmonique de Vienne déclarait lors d’une interview pour une station de radio en 1996 :
« Depuis le début nous avons parlé des qualités viennoises particulières, de la manière dont la musique se fait ici. La façon dont nous faisons de la musique ici n’est pas liée seulement à une capacité technique, mais aussi avec quelque chose qui a beaucoup à voir avec l’âme. L’âme ne se sépare pas des racines culturelles que nous avons ici en Europe centrale. Elle n’admet pas non plus d’être séparée du genre. Ainsi, si l’on pense que le monde devrait fonctionner avec des quotas, il est naturel d’être irrité par le fait que nous soyons un groupe de musiciens mâles blancs, qui joue exclusivement de la musique de compositeurs mâles blancs. C’est une irritation d’ordre raciste et sexiste. Je crois que cela peut se poser ainsi. Si l’on établit un égalitarisme superficiel, on perdra quelque chose d’essentiel. Toutefois, je suis convaincu que cela vaut la peine d’accepter cette irritation raciste et sexiste, parce que quelque chose produit par une compréhension superficielle des droits de l’homme ne pourrait avoir les mêmes standards. »
En 2003, un membre de l’orchestre déclarait dans une interview pour un magazine :
« Trois femmes c’est déjà trop. Lorsque nous en aurons vingt pour cent, l’orchestre sera ruiné. Nous avons fait une grosse erreur, et nous le regretterons amèrement. »
En 2007, l’orchestre compte dans ses rangs quatre femmes, soit deux pour cent de l’effectif : une harpiste, une violoniste, une altiste et une violoncelliste. Un conflit subsiste concernant la non titularisation d’une violoniste.
Source : Article sur Simone Young et le Philharmonique - Sydney morning herald 9 novembre 2005 (http://www.huliq.com/144/vienna-phi...
En Autriche, le machisme donne le “la”
Très peu nombreuses à jouer dans les grandes formations classiques mondiales, les femmes commencent cependant tout doucement à s’imposer dans un milieu traditionnellement masculin.
“Il y avait quelque chose d’inhabituel dans l’ Orchestre philharmonique de Vienne qui jouait la 5e symphonie de Bruckner devant un parterre de mélomanes exigeants”, rapporte le journaliste du New York Times qui assistait au concert donné fin mai à Vienne. “Parmi les seconds violons il y avait une femme”, ajoute le journal. En effet, la célèbre formation n’accepte les femmes que depuis 1997 et leur présence sur scène, à l’exception notable des harpistes, a encore un côté exotique.
Au conservatoire de Vienne, les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes. Et pourtant elles ne se présentent pas aux auditions de recrutement qui se font en aveugle. “Elles sont timides”, remarque Peter Schmidl, un des clarinettistes de l’orchestre. “Il y a une vieille croyance qui prétend que des orchestres entièrement masculins n’ont pas le même son”, explique William Osborne, célèbre musicologue autrichien. Elles savent aussi qu’elles ont très peu de chances d’être admises. En effet, les futures recrues qui ne sont pas passées par une audition sont formées et nommées par les membres actuels de l’orchestre. Ceux-ci par tradition favorisent les hommes.
Vienne n’a rien d’une exception. “Les femmes sont très minoritaires dans tous les orchestres philharmoniques. Elles représentent 2 % des membres de l’orchestre à Vienne et 11 % à Berlin. Elles sont 8 dans l’Orchestre philharmonique de la République tchèque. Seul l’Orchestre philharmonique de New York se distingue, avec 40 % de femmes”, indique le NYT, qui a mené l’enquête.
“J’aimerais que l’admission des femmes se fasse un peu plus vite, mais c’est aussi inimaginable que d’avoir un jour un pape féminin”, déplore Elena Ostleitner, professeur de musicologie au conservatoire de Vienne. “La direction de l’orchestre a demandé à ses membres de ne pas parler aux journalistes, et aucune femme de la formation n’a pu être jointe”, regrette le NYT, qui ne saura pas ce qu’en pensent les principales intéressées.
Anne Collet
A noter que, à l’orchestre Philharmonique de Berlin, il n’y eut depuis sa création en 1882 aucune femme jusqu’en 1982, date à laquelle le chef principal de l’orchestre, Herbert von Karajan, nomme Sabine Meyer en clarinette solo contre l’avis de la majorité des musiciens de l’orchestre, s’en suit un conflit sans précédent entre Karajan et ses musiciens qui aura raison de ces derniers, les musiciens votant l’exclusion de Sabine Meyer...
Aujourd’hui l’orchestre compte 17 femmes sur 128 musiciens...
– Après des années de résistance farouche ou plus sournoise à leur entrée dans l’orchestre, les femmes représentent aujourd’hui un tiers des instrumentistes des 29 orchestres symphoniques permanents français.
– Aujourd’hui pour rentrer dans un orchestre permanent français, les candidats doivent souvent executer un morceau derrière paravent (pour, sur le papier, assurer les "jugements objectifs" ), on conseil néanmoins aux femmes qui veulent se présenter à ces concours de ne pas y aller avec des chaussures à talons et parfois même d’apprendre la démarche d’un homme, les jurys entendant l’arrivée du concurrent jusqu’au paravent...
Et pourtant, on peut se demander ce qu’aurait été le monde du violoncelle sans Jacqueline du Pré, le monde du violon sans Ginette Neveu, le monde du piano sans Martha Argerich, le monde du chant sans Barbara Hendricks, fille de l’idéologie de Martin Luther King....
Un monde encore plus barbare qu’il ne l’est aujourd’hui, sans aucun doute...
Tcho
Sach@