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la suite revue de presse étrangère pour pallier le vide de la presse francaise
Publie le vendredi 30 novembre 2007 par Open-Publishingle temps (quot suisse)
Sarkozy veut doper le pouvoir d’achat en donnant un nouveau coup aux 35 heures
FRANCE. Bousculé par une conjoncture morose, le président annonce une kyrielle de mesures destinées à augmenter les salaires.
Sylvain Besson, Paris
Vendredi 30 novembre 2007
Mettre plus d’argent dans les poches des Français, et vite. Depuis quelques jours, c’est devenu l’obsession de Nicolas Sarkozy, confronté à l’effritement de sa cote de popularité et à l’impatience d’une opinion publique qui n’a pas oublié sa promesse d’être le « président du pouvoir d’achat ».
C’est dire si l’intervention télévisée de jeudi soir était attendue. Interrogé sur TF1 et France 2, Nicolas Sarkozy a promis une « véritable révolution » qui effacerait les 35 heures, durée légale du travail, de pans entiers de l’économie : « En cas d’accord majoritaire, je propose que les entreprises puissent s’exonérer des 35 heures hebdomadaires en échange d’augmentations de salaire. » En d’autres termes, si les syndicats sont d’accord, « on échangera une augmentation de travail contre une augmentation de salaire ».
Cette proposition ne manquera pas de faire réagir la gauche, qui dénonce déjà les coups portés au « modèle social français » depuis six mois. Mais Nicolas Sarkozy veut aussi montrer qu’il ne craint pas de fâcher le patronat. « Là où il n’y a pas d’augmentation salariale, a-t-il expliqué, je remettrai en cause les allégements de charges » concédés aux entreprises, notamment pour compenser les 35 heures, et qui se montent en dizaines de milliards d’euros.
Dans son style habituel - celui d’un politicien dont la besace est remplie de « concret » - le président a aussi proposé de faciliter le travail le dimanche (à condition qu’il soit « payé le double »), de transformer les montagnes d’heures supplémentaires accumulées dans certains secteurs en argent comptant et de limiter la hausse des loyers en modifiant le système d’indexation. Il a balayé les critiques concernant les allégements fiscaux votés l’été dernier : selon lui, ils profiteront « aux salariés les plus modestes ».
C’est dans l’urgence, face à la hausse des prix alimentaires et à la crise des prêts immobiliers aux Etats-Unis, que ce nouveau train de mesures a été élaboré. « D’après les statistiques, le pouvoir d’achat moyen a augmenté en France, mais les gens croient qu’il a baissé », relève l’économiste Charles Wyplosz, de l’Institut de hautes études internationales à Genève. « Ils voient que le prix du pain et de l’essence a augmenté, et ils en achètent tous les jours. Ces dépenses ne pèsent pas énormément dans leur budget, mais elles sont très visibles. »
Même si elle relève de l’illusion d’optique, la prétendue baisse du pouvoir d’achat a des effets réels. En octobre, les dépenses des ménages en produits manufacturés ont fléchi de 1,1%, soit la plus importante baisse depuis un an. En novembre, le moral des ménages a chuté de cinq points, et la plupart des économistes prévoient un ralentissement de la croissance l’an prochain.
Pour tenter d’enrayer la hausse des prix de l’alimentation - un sujet de plainte récurrent en France - Nicolas Sarkozy a promis « d’aller très loin » en entamant « une grande discussion avec la grande distribution ». Le flou du propos est compréhensible : à droite, les supporters du président sont divisés entre partisans d’une libéralisation totale du secteur et ceux qui songent d’abord à protéger le petit commerce.
Depuis six mois, Nicolas Sarkozy et son équipe ont engagé de nombreux chantiers : assouplissement du contrat de travail, examen général des dépenses de l’Etat, refonte annoncée de la fiscalité. Mais concrétiser ces bonnes intentions prendra du temps. Or la population ne semble guère disposée à attendre et demande des résultats rapides. Il n’est pas certain que les annonces faites hier la convainquent de prendre son mal en patience.