Accueil > le roi dollar est nu (revue de presse)
Déclin du dollar : le symbole de l’hégémonie US devient la devise à fuir
Après des mois de désordres sur le marché monétaires, le manque de confiance dans la devise mondiale fétiche est désormais si répandu qu’un nombre croissant de traders internationnaux convertissent leurs avoirs en monnaies plus fortes, comme l’euro.
« Un entrepreneur américain à qui on donnerait la possibilité de choisir prendrait n’importe quoi sauf du dollar, » déclare David Bulk, de Cantor Index. « Il voudrait être payé en yen, et sinon en euro ou en sterling. »
Le vice président de la Banque Centrale chinoise,Xu Jian a déclaré que le dollar « perdait son statut de devise mondiale. »
Même la Banque d’Irak a rejoint le mouvement en annonçant qu’elle allait diversifier ses réserves et ne plus compter uniquement sur le dollar.
La Banque Centrale coréenne a enjoint les chantiers navals à facturer en devise locale, et à prendre des précautions contre l’affaiblissement du dollar.
Trois exportateurs majeurs de pétrole, la Russie, le Venezuela et l’Iran demandent des paiements en euros à la place du dollar.
Lorsque Warren Buffet, l’homme considéré comme le plus riche au monde, a été invité par CNBC à donner son avis sur la meilleure devise à détenir, il a répondu « pas le dollar. »
Le Wall Street Journal a effectué un sondage demandant quelle était la devise dans laquelle les sondés désiraient être payé. L’euro est arrivé en tête, suivi par la sterling, précédant largement les autres monnaies, comme le yen, le dollar canadien, le franc suisse.
L’Arabie Saoudite : risque d’effondrement du dollar
Durant la dernière réunion de l’OPEP, le ministre des affaires étrangères saoudien a averti que le dollar pourrait s’effondrer si les les pays producteurs choisissaient d’adopter un prix du pétrole en euro.
Lors d’une réunion à huis clos où la question de la monnaie utilisée pour définir le prix du pétrole était soulevée par l’Iran et le Venezuela, le micro du prince Saoud Al Faisal est resté ouvert à son insu, et les journalistes l’ont entendu déclarer « mon sentiment, c’est que la moindre mention du fait que les pays de l’OPEP étudient le problème du dollar aura un impact dommageable pour leurs intérêts, » avant d’ajouter « Il y aura des journalistes qui s’empareront de cela et nous ne voulons pas que le dollar s’effondre. »
Les pays de l’OPEP sont préoccupés par la diminution de leurs revenus provoquée par la baisse du dollar.
La TV d’état conseille aux chinois de vendre leurs dollars
La télévision d’état a diffusé un programme conseillant aux habitants de la Chine continentale de convertir leurs avoirs en dollar vers le yuan ou des devises étrangères comme l’euro et la livre.
Les chinois détiennent à titre privé 162 milliards d’actifs en dollar, une somme modeste par rapport aux 1 400 milliards de dollars des réserves de la banque centrale.
Les chinois perdent de l’argent en conservant des dollars car la dépréciation de la monnaie américaine excède la rémunération de leurs comptes d’épargne en devises.
La Banque d’Angleterre met en garde contre la surévaluation des marchés boursiers mondiaux
Mervin King, le Gouverneur de la banque centrale britannique, juge que le cours des actions pourrait connaître une correction à la baisse avec l’aggravation de la crise du crédit.
« Il est frappant de voir que malgré les évènements auquels nous avons assisté ces trois derniers mois, malgré les tensions et les désordres du sectaire bancaire, le cours des actions est plus élevé aujourd’hui qu’en août. »
« Les marchés boursiers des pays émergents ont gagné 20%. Il pourrait y avoir là un risque de retournement. »
« Nous en tenons compte dans nos projections. C’est un risque plus important pour l’économie mondiale que celui cantoné au secteur bancaire. »
M. King a également qualifié de « préoccupation majeure » les tensions monétaires internationales.
La Banque d’Angleterre a indiqué qu’elle comptait baisser ses taux d’intérêt à trois reprise dans les deux ans qui viennent pour combattre le ralentissement d’activité entrainé par la crise du crédit.
Pic de l’or
Gregory Wilkins, directeur de Barrick Gold :
« La production mondiale minière va décroître à un taux plus rapide que ce que l’on imagine généralement. De nombreuses exploitations minières sur lesquelles on compte ne seront jamais mises en production. Il y a une grande disproportion entre les dépenses pour l’exploration et les succès [dans les prospections]. »
L’Afrique du Sud est à son plus bas de niveau de production depuis 1932. Selon M. Wilkins, les firmes minières sont réticentes à entreprendre de nouveaux investissements dans de nombreux pays car elles redoutent les nationalisations et les expropriations.
Selon l’Académie des Sciences US, un quart des ressources totales de cuivre a déja été utilisé et perdu, ainsi qu’un cinquième du zinc.
Kevin McActur, de Goldcorps, prévoit que l’once d’or atteindra bientôt un prix à quatre chiffre en dollars. Compte tenu de l’inflation, il faudrait que l’or avoisine 2500 dollars l’once pour retrouver le niveau de ses records des années 1980.
Le salaire ouvrier moyen aux USA vient au 15ème rang de l’OCDE
Lors de la dernière publication de son Economic Outlook, l’OCDE a révisé ses méthodes de calcul.
Pour sa comparaison du revenu des salariés dans les pays de l’OCDE, elle n’utilise plus le salaire moyen d’un ouvrier à temps complet du secteur industriel, dont la part relative a considérablement baissé, mais celui du salarié moyen, qui prend en compte les emplois de services.
Résultat ? Les USA sont au quinzième rang de l’OCDE.
Le nouveau modèle économique né dans les années 1980 a produit un appauvrissement relatif pour le plus grand nombre.
Lors du choc de la désindustrialisation de la fin des années 1970 et du début des années 1980, qui a marqué le début de la période de chômage de masse et de précarité, le discours dominant consistait à promettre que les emplois disparus seraient remplacés par d’autres, plus qualifiés.
Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait d’une illusion, pour ne pas dire un mensonge.
Par nature, les emplois à forte compétence technique et valeur ajoutée ne seront jamais aussi nombreux que ceux d’exécution.
Le secteur industriel a quasiment disparu, et avec lui ses gros bataillons de main d’oeuvre d’ouvriers qualifiés, syndiqués, qui pouvaient espérer un salaire décent, mais ces emplois n’ont pas été remplacés par d’autres de même niveau.
La nouvelle structure du mille feuilles social, c’est une minorité de salariés dans les secteurs de pointe, la conception, le management, le marketing, et pour la grande masse des emplois dans les services, mal payés, mal traités et soumis à la précarité, qui ne peuvent espérer voir leurs revenus monter tant sont fortes l’armée de réserve du chômage et les menaces de délocalisation qui tirent les salaires vers le bas.
Les statistiques continuent d’afficher une progression des revenus, mais ne reflètent pas l’inégalité croissante de leur répartition.
Le niveau global monte, certes, mais lorsque 300 000 américains - 1% - disposent d’autant de revenus que 150 millions de leurs concitoyens - 50% - , point n’est besoin d’être un grand économiste pour comprendre à quel point inégalité signifie appauvrissement.
Immigration et salaires
OCDE, Etat de l’économie du Royaume Uni, 2007
« La forte croissance écomomique de la décennie a permis de réduire le taux de chômage de 8% en 1996 à 4% en 2004. Dans la mesure où c’est la même année où le Royaume Uni a ouvert son marché de l’emploi aux travailleurs des nouveaux pays membres de l’UE, l’arrivée des migrants a permis d’occuper les postes vacants et de refroidir les pressions inflationnistes sur le marché du travail » (nous soulignons).
En clair, la fusion des marchés du travail entre vieille et nouvelle Europe a permis de maintenir les salaires bas en Angleterre.
Lors du referendum de 2005, le débat sur la nécessité du protectionnisme et la directive Bolkenstein, illustré par le cas du trop fameux « plombier polonais, » donnait lieu à une stigmatisation des partisans du non, accusés de xénophobie.
L’OCDE n’a pas de ces précautions. Elle constate que la dérégulation fait baisser les salaires, point à la ligne.
L’ignorer au nom d’une vision abstraitement généreuse mais indifférente aux conséquences pratiques conduit à accepter toujours plus cette logique de mise en concurrence du moins disant, qui nous entraîne dans une spirale descendante.
Priver les salariés de la possibilité de réclamer une meilleure part de la richesse nationale entraîne un appauvrissement généralisé.
L’argent dont ils ne disposent pas ne sera pas dépensé, ne générera pas de demande, d’activité bénéfique à tous.
Plus encore, la part croissante des richesses drainée par une petite minorité, en cherchant à se placer avec un taux de rémunération à deux chiffres, exerce une pression renforcée sur l’économie réelle en prélevant ce qu’il faut bien appeler une dime supplémentaire sur la production.
La part prépondérante prise par la sphère financière la dote d’une force de frappe, d’une capacité de nuisance considérable à laquelle les entreprises ne peuvent pas résister. Si elles veulent rassurer les marchés, elles doivent faire baisser et baisser encore les coûts, les salaires, licencier, ce qui est une promesse de profit immédiatement saluée par les vivats et la montée du cours de l’action.
Voilà le match auquel les partisans du marché libre nous convient à assister : d’un côté du ring des salariés fragilisés, de l’autre une finance dopée à l’international. Que le meilleur gagne.
Dans la dynamique des sociétés, faite d’échanges généralisés organisés en relations systémiques, personne ne peut se réjouir de la faiblesse structurelle de l’un des composants. A terme, c’est l’ensemble qui s’effrite et perd sa substance.
Et sur un Titanic, même les premières classes finissent par avoir les pieds dans l’eau.
C’est d’ailleurs de façon paradoxale ce qui se met en place avec la crise du crédit. L’afflux considérable de liquidités en quête de placements spéculatifs a alimenté le piège des subprimes, aidé en cela par l’avidité et l’immoralité sans bornes des banques et des intermédiaires.
Les salariés américains manquant de ressources, contraints à emprunter au delà de leurs capacités de financement, sont en train d’entraîner dans leur chute le système qui les avait réduit à la portion congrue.
Sans doute une ruse de la raison, dirait Hegel.
Le Monde découvre Al Husseini
Le Monde a interrogé M. Al Husseini, l’ancien n°2 de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco, qui juge que la production mondiale a atteint un plateau qui ne sera pas dépassé.
Nous avions proposé à nos lecteurs une interview de M. Al Husseini le 6 novembre :
Pétrole : nous avons atteint un plateau qui durera 10 ou 15 ans
Interview que Le Monde a du lire, car la photo illustrant l’article provient de celle que nous avions créé à cette occasion en recadrant une image du NYT