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lettre d’avril à Obama

Publie le samedi 2 avril 2011 par Open-Publishing
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Monsieur le Président Obama

The White House

1600 Pennsylvania Avenue N.W.

Washington DC 20500

Monsieur le Président,

La petite ville où je vis avec ma famille est située au pied des Pyrénées, en Béarn.

De nombreux Béarnais, comme leurs voisins Basques ont émigré, surtout à la fin du dix-neuvième siècle vers l’Argentine, l’Uruguay, Cuba et les Etats-Unis (en particulier à Miami).

Les liens, jamais rompus avec nos “cousins d’Amérique”, expliquent notre conscience aigüe de l’ingérence des Etats-Unis dans les pays latino-américains.

L’histoire des cinq cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González, prisonniers aux Etats-Unis depuis plus de douze ans est une illustration flagrante, un cas d’école de cette ingérence !

Pendant plus de douze ans, lobbies, fondations, groupes de pressions politiques ont financé, organisé, manipulé l’information concernant l’affaire des Cinq aux Etats-Unis et dans le monde.

Elle est liée au terrorisme exercé par les Etats-Unis à l’encontre Cuba, sujet tabou, passé sous silence depuis plus cinquante ans. Ce terrorisme a été organisé au plus haut niveau, dès la création, en janvier 1960 par Allen Dulles, directeur de la CIA, de « la force spéciale » chargée d’actions de subversion contre Cuba.

Quinze jours après la mort du jeune touriste italien Fabio Di Celmo en 1997 dans un attentat à la bombe à La Havane, son frère Livio Di Celmo a reçu des appels de médias du monde entier. Pourtant, ni CNN, ni ABC, ni The Herald, ni The London Telegraph ni tant d’autres n’ont publié d’article expliquant la connexion entre l’administration Nord Américaine et les terroristes de Miami. Les journalistes italiens du Corriere, ou de la Repúbblica n’ont pas informé leurs lecteurs sur la mort d’un de leur concitoyen, victime du terrorisme « made in USA », pas plus qu’ils ne donnent aujourd’hui d’information sur les Cinq. Les grandes agences de presse (AP, UPI, Reuters, AFP) jouent bien leur rôle dans le domaine de la désinformation.

Que des journalistes de Floride aient été payés pour écrire des articles haineux afin de créer un climat délétère lors du procès des Cinq nous choque certes, mais ne nous surprend pas, c’était dans la logique du gouvernement des Etats-Unis de l’époque. Là où nous sommes très déçus, Monsieur le Président, c’est de voir que vous appliquez la même politique que vos prédécesseurs à l’égard de Cuba. Lors de votre élection, nous aspirions vraiment à de nouvelles relations entre vos deux pays.

Il y a trois semaines à peine, nous avons appris un nouvel acte de blocus envers Cuba : la saisie des 4 207 000 de dollars, qui lui étaient destinés par le Fond Mondial de Lutte contre le Sida et la Tuberculose. Pourtant un blocus ne devrait pas toucher le domaine de la santé d’après les conventions internationales.

Par contre, votre administration a proposé d’allouer 20 millions de dollars dans son budget 2012 aux programmes destinés à ramener ce que vous appelez « la démocratie » à Cuba. C’est un véritable acte de guerre. L’obsession des gouvernements successifs des U.S.A. est en fait la mise à mort de la révolution cubaine. Cuba est un pays souverain, le choix de gouvernement de Cuba, Monsieur le Président, ne regarde que les seuls Cubains !

Avec votre accession à la présidence des Etats-Unis, rien ne va donc changer ? Est-il pensable que le rapport qu’écrivait le sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires interaméricaines Lester D.Mallory à son secrétaire d’Etat Roy R. Rubottom, le 6 avril 1960 dans un mémorandum, soit encore d’actualité ? Il préconisait :

« La majorité des Cubains soutient Castro, il n’y a pas d’opposition politique efficace… Tous les moyens doivent être entrepris rapidement pour affaiblir la vie économique de Cuba… Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du gouvernement ».

Dans un tel contexte, Jusqu’où va aller l’acharnement de votre pays envers les cinq Cubains ? Quelle justice peuvent attendre ces cinq patriotes emprisonnés pour avoir défendu leur pays, alors même que celui qui les a fait arrêter est le protecteur des pires terroristes de Floride ? Cet homme, Hector Pesquera, est l’instigateur de la destruction du dossier de Posada Carriles, dont le procès est en cours à El Paso. Ce criminel va-t-il sortir du procès en héros, blanc comme neige ?

Au nom des nombreux amis des Cinq dans le monde, je vous demande une fois de plus, Monsieur le Président, d’être digne de votre prix Nobel, de signer la clémence exécutive qui leur rendra enfin la liberté dont ils sont privés depuis plus de douze ans.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

PS : Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès de l’avocat Leonard Weinglass infatigable défenseur de la cause des Cinq. Soyez assuré, Monsieur le Président, que nous continuerons son combat pour la Justice.

Jacqueline Roussie
64360 Monein (France)

Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Janet Napolitano Messieurs Harry Reid, Eric Holder, Pete Rouse, Donald Werrilli, John F. Kerry et M. l’Ambassadeur des USA en France

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