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ll faut nettoyer les cages d’escalier des cités, acte II

Publie le samedi 1er décembre 2007 par Open-Publishing
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l faut nettoyer les cages d’escalier des cités, acte II
Par Pierre Haski (Rue89) 12H32 01/12/2007

Au balcon d’un immeuble de la banlieue parisienne (Pascal Aimar/Tendance floue).

Les citoyens ont la mémoire courte, certes, mais de là à répéter les mêmes choses à vingt ans d’intervalle et à les présenter comme de l’innovation politique, il y a un pas que ... Fadéla Amara n’a pas hésité à franchir.

Souvenez-vous, c’était dans les années 80, celles des "potes" de SOS Racisme, et de Harlem Désir, qui avait conceptualisé l’idée qu’"il faut repeindre les cages d’escalier et réparer les boîtes aux lettres" si on veut intégrer les immigrés et leurs familles. Or voilà que plus de vingt ans après, la secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la Ville proclame à son tour qu’elle veut "qu’on nettoie ces cages d’escalier"...

Interrogée vendredi sur Canal+ sur le Plan banlieues qu’elle doit présenter le 22 janvier, Fadéla Amara a affirmé : "la politique de la ville, ce n’est pas qu’une question de fric. Quand vous êtes dans une cité et que vous avez les boîtes aux lettres pétées, que ça pue dans les espaces communs, que vous avez les carreaux cassés... C’est indigne de laisser vivre des gens dans des conditions aussi terribles".

Une question : que s’est-il passé en vingt ans pour que ces cages d’escalier aussi emblématiques de l’exclusion des immigrés dans la République n’aient pas été réparées ? Et quelles garanties Fadéla Amara, qui a surtout été jusqu’ici Secrétaire d’Etat à la parole, peut-elle apporter que, cette fois, ce sera la bonne ? Même si Nicolas Sarkozy a déclaré que les émeutes de Villiers-le-Bel n’avaient rien à voir avec la condition sociale des quartiers, on peut quand même poser la question, non ?

Le parallèle entre ces deux phrases, prononcées à deux décennies d’intervalle par deux personnalités un temps emblématiques -Harlem Désir et SOS racisme avant de devenir eurodéputé PS et se couler dans le moule de l’apparatchik socialiste, et Fadéla Amara et ses "ni putes ni soumises" avant de se "pacser" au ministère de la Ville et du Logement avec Christine Boutin-, en dit long sur l’échec des politiques successives de la ville, de droite comme de gauche. Et explique que la crédibilité des politiques soit à ce point entamée. Les habitants des "cages d’escalier" en question ont appris à se méfier des belles envolées lyriques.

Par Pierre Haski (Rue89)

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