Accueil > lyon violences policiére passées sous silence

lyon violences policiére passées sous silence

Publie le mardi 2 novembre 2004 par Open-Publishing

TEMOIGNAGE D’UNE ARRESTATION AVEC VIOLENCE A LYON, RUE MONCEY

Témoignage d’une arrestation avec violences a lyon rue moncey

survenue le mardi 7 septembre 2004

« Je sors du métro place Gabriel Péri (plus communément appelée Place du
Pont) et entre dans la rue Moncey. Devant le coiffeur, je vois deux
jeunes dans la rue dont l’un des deux était en train de se rouler une
cigarette ou un joint. Je les dépasse : ils sont tout à fait tranquilles,
sages, ils ont un comportement normal. Une fois dans les étages,
toujours rue Moncey, je me dirige à la fenêtre, attiré par des bruits
soudains ; la tranquillité de la rue avait lourdement changé.

Une voiture grise avec deux portes ouvertes est arrêtée au milieu de la
rue. Deux hommes, après avoir littéralement ceinturé l’un des deux
jeunes , le plaquent au sol. Ils sont sans brassards ni autres signes
distinctifs de le police. La violence de ces supposés forces de l’ordre
est terrible. En effet, une fois le jeune couché à terre, un homme jeune
presque rasé, assez costaud, que nous appellerons BAC1 appuie avec force
sur la joue du jeune avec sa grosse chaussure, l’autre joue étant sur le
sol. Puis BAC1, en se laissant tomber de sa demi-hauteur, dirige son
genou à la gorge du jeune qui se tord de douleur au sol. Le deuxième
homme, plus vieux, les cheveux grisonnants, que nous appellerons BAC2,
est sur le bas du dos du jeune, pour lui mettre les menottes. Le jeune
continue de se tordre de douleur. BAC1 et BAC2 s’acharnent sur lui
pendant de longues minutes et le brutalisent longuement.

A ce moment-là, je ne sais toujours pas si ce sont des policiers ou pas.
Et la réaction de solidarité qu’impose le fait qu’une personne soit en
danger se fait attendre. Seules deux bouteilles d’eau en plastique,
l’une à moitié remplie et l’autre presque vide, lancées sans conviction,
touchent uniquement le mur et tombent au sol. Un petit verre à thé,
lancé dans les mêmes conditions, se casse au contact du même mur. Les
seuls petits fragments qu’engendre la casse de ce verre ne touche
personne, BAC1 et BAC2 étant derrière la voiture. C’est tout.

Maintenant le jeune saigne sur le sol. Et successivement deux personnes
viennent regarder ce qui se passe derrière la voiture. A la vue de cette
scène cruelle, ils font un signe demandant l’apaisement vis à vis de
BAC1 et de BAC2. C’est alors que BAC2, très excité, sort d’un coup une
grenade lacrymogène et la place juste devant les yeux du passant, à à
peine trente centimètres, en l’insultant. Le deuxième passant subira le
même sort.

Le jeune est toujours par terre mais maintenant il est menotté. BAC2
ferme alors sa porte et ouvre celle de derrière. A ce moment-là, je sens
que BAC1 perd à son tour son sang froid. Il se précipite dans la voiture
et prenant une sorte de téléphone crie à plusieurs reprises dans le
combiné : « priorité, priorité, priorité ». Un autre témoin a vu à cet
instant que l’un d’eux a donné un coup de poing au jeune qui était
toujours maintenu avec férocité au sol.

Puis BAC1 essaie de relever le jeune. Il y met tant de force que
lorsqu’il se relève, il trébuche, ce qui a pour effet de faire mal en
plus au jeune. Il se récupère sur la portière de la voiture, puis, aidé
de son collègue, il jette violemment le jeune derrière dans la voiture.

Une minute trente s’est écoulée après l’appel radio et une véritable
armada policière prend d’assaut le quartier en envahissant la rue
Moncey, de la rue Turenne jusqu’au delà de la rue de l’Epée, composée de

 3 camionnettes, dont une en sens interdit

- 2 motards

 2 voitures de police, dont une à contre-sens

 1 laguna banalisée, à contre-sens dans cette rue à sens unique,
dont l’un des occupants avait la matraque en l’air prêt à
frapper les badauds.

D’autres policiers armés de leur matraque, un peu perdus,
marchent dans tous les sens. Suite à un hochement de tête de
l’un des BAC (à ce moment-là seulement je sais que ce sont des
policiers) à son collègue armé, ce dernier, aidé de 3 ou 4
collègues, commence à menacer le petit groupe de passants
composé principalement de vieillards et de familles. Vu leur
nombre et la cohue qu’ils sont en train de faire, les policiers
s’en retournent, avec lenteur, car plusieurs véhicules sont à
l’envers et les policiers sont occupés à faire peur aux
passants.

Une demi-heure plus tard une brigade canine occupe la place Gabriel
Péri. Elle est composée d’une dizaine de policiers avec deux ou trois
chiens. Puis, une petite dizaine de policiers ont occupé principalement
la place Bahadourian jusqu’en début de soirée. »

Dans l’opération de police, deux autres jeunes ont été arrêtés. Ils sont
passés en comparution immédiate. Le jeune violenté par les deux
policiers de la BAC a été condamné à 18 mois de prison ferme pour
rébellion et incitation à la rébellion et les deux autres jeunes à trois
mois de prison ferme pour violences aggravées. On s’aperçoit que toutes
ces condamnations ne proviennent que du fait de la présence policière,
même si elle n’est pas réellement visible. De plus, d’après ce
témoignage, l’atmosphère était relativement calme et aucune pierres ou
casque de moto n’ont été lancées, contrairement à ce qu’en disent les
policiers, d’après l’article du Progrès ci-dessous, qui stigmatise un
quartier. Il est intéressant de voir comment est retraduite dans la
presse locale uniquement la version policière, qui parait totalement
mensongère si on s’en tient à ce témoignage. Cela est grave car ces
jeunes se retrouvent en prison et que l’un d’eux a été sérieusement
blessé.

LE PROGRES

Vendredi 10 septembre 2004

Justice / Interpellation d’un dealer

18 MOIS DE PRISON POUR VIOLENCES SUR POLICIER

L’incident a eu lieu mardi, place du Pont, à Lyon

Mardi soir, à Lyon, des incidents ont éclaté place du Pont après que
l’interpellation d’un petit dealer eut dégénéré entre policiers et
jeunes du quartier. Un quartier, on le sait, réputé être le temple local
du marché parallèle et de la revente de drogue. Forcément, cette
réputation exacerbe les moindres faits et gestes, lesquels prennent
alors des proportions extravagantes.

Donc, l’incident en question n’a pas failli à la règle. Hier, au moment
de juger en comparution immédiate les trois prévenus impliqués dans
l’affaire, le tribunal était quasiment en ébullition. Avec d’un côté les
amis et les proches venus en nombre dans la salle d’audience et, de
l’autre, une escouade de CRS. Ambiance... Au premier rang : les deux
policiers blessés dans la bagarre. L’un s’est vu prescrire 15 jours
d’ITT et l’autre 4 jours. Tous deux identifient formellement les
prévenus comme étant les agresseurs. Parmi ceux-ci, celui qui revendait
une barrette de haschich lorsqu’il a été contrôlé.

Outre l’entorse cervicale infligé au fonctionnaire qui tentait de
l’interpeller, le garçon, connu pour des délits mineurs, est poursuivi
pour rébellion et appel à la rébellion. Aux juges, il assure avoir
simplement appelé à l’aide. Les deux autres doivent répondre, eux, de
violence aggravée. Des pierres ont volé, un casque de moto aussi. Une
centaine de personnes avait alors afflué sur les lieux. Mais ces deux-là
nient. Ils assurent qu’ils se trouvaient chez eux. Le procureur, dans
son réquisitoire, ne l’a pas entendu ainsi : « Ces trois garçons
voudraient inverser les rôles en se présentant comme les victimes de
violences policières. Il faut remettre les choses à l’endroit. »

Seront requis 18 mois de prison contre le protagoniste principal, 6 mois
et 8 mois contre les autres. Pour la défense du premier, Me Lévy a
pointé les incohérences du dossier. Quant à Me Stéphanie Rebe et Mohamed
Chebbah, ils ont plaidé la relaxe en l’absence de preuves. Les peines,
18 mois de prison et 3 mois ferme, sont tombées dans les cris et la
colère des proches.

Yves Alègre

sources réseau résistons ensemble

http://resistons.lautre.net